La Fille Inconnue

Un grand film, une grande actrice
De
Jean-Pierre et Luc Dardenne
Avec
Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Olivier Gourmet
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Jenny Davin (Adèle Haenel) est médecin en banlieue de Seraing, dans la Province de Liège, pays natal des frères cinéastes où, de plus, ils ont tourné tous leurs films. Un soir, quelqu’un sonne au cabinet mais comme il est fermé depuis une heure, le docteur ne répond pas. Le lendemain, la police lui apprend que la jeune fille qui a sonné est morte à quelques mètres; ils l'ont vu devant sa porte sur les caméras de surveillance. Mais on ne sait rien d’elle. Bourrelée de remords, Jenny n’aura de cesse de mettre un nom sur cette jeune personne.

Points forts

« La fille inconnue » a toutes les caractéristiques d’un policier mais ce n’est pas un policier. On voit peu la police dans ce film. Mais on voit en permanence Jenny Davin, médecin le jour, enquêtrice le soir. Et l’enquête progresse à vive allure. Elle dérange du monde, principalement une famille ordinaire dont l’ado pourrait être impliqué et des personnages louches qui menacent le médecin trop curieux. A travers la quête du docteur, doublée de ses visites aux malades, les cinéastes dessinent la sociologie d'un lieu fouillé par la caméra.
 
De même qu’ils avaient choisi Cécile de France pour « Le gamin au vélo », Marion Cotillard pour « Deux jours, une nuit », les frères cinéastes ont dirigé Adèle Haenel, la révoltée des « Combattants », César 2014 de la meilleure actrice, la fille perdue de « Suzanne », César 2013 de la meilleure actrice dans un second rôle, l’ado de « Naissance des pieuvres », la prostituée de « L’Apollonide », l’amoureuse de « Alyah ». Elle remplit ces rôles d’une extraordinaire présence. Et c’est le cas de « La fille inconnue » où elle ne quitte jamais l’écran, pour le bonheur du spectateur.
 
Détail qu'on ne remarque pas tout de suite, il n’y a pas de musique dans ce film. Cette absence laisse le spectateur se concentrer sur les comportements, les dialogues et l’intrigue qui avance avec une rigueur sans faiblesse. Certains cinéastes qui cultivent la redondance du son pourraient en prendre de la graine...

Quelques réserves

C’est un film plus que parfait. On cherche encore les points faibles.

Encore un mot...

Jenny Davin est tenue par le secret professionnel. Cela lui permet d’obtenir plus facilement la confession des protagonistes de l’histoire qui, du coup, restent protégés de la police, au moins le temps que le ou les vrais coupables soient dévoilés. Ce n'est pas un polar mais cela y ressemble…  
 
La mort de l'inconnue est l'occasion pour Jenny de faire un vrai choix de vie. Elle devait quitter son modeste cabinet banlieusard pour un poste plus lucratif dans un centre médical. Elle décide de rester. Les Dardenne continuent donc à faire du cinéma social. C’est leur ADN. Ce sont les Ken Loach belges...

Une phrase

- « Les personnages somatisent beaucoup. Le corps réagit toujours en premier : c’est lui qui parle et qui dit les choses lorsque la parole n’y arrive pas ». Jean-Pierre et Luc Dardenne.
 
- «  Ma plus grande fierté n’est pas personnelle. Je suis fière avant tout du film. Si « La fille inconnue » n’avait pas été sélectionné à Cannes, je n’en serais pas moins fière ». Adèle Haenel.

L'auteur

Les frères Dardenne, Jean-Pierre, 65 ans, Luc, 62 ans, ont été couverts de prix à Cannes, qui a fortement contribué à leur notoriété : deux palmes d’or pour « Rosetta » (1999) et « L’enfant » (2005), prix du scénario pour « Le silence de Lorna » (2008), Grand prix pour « Le gamin à vélo » (2011). Ils reviennent en super forme avec « La fille inconnue », l’un des plus beaux films de ce 69e festival.

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