Mon Ket

François Damiens à la hauteur de son culot.
De
François Damiens
Avec
François Damiens, Matteo Salamone, Tatiana Rojo, Christian Brahy,
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Si on devait raconter Mon Ket (mon gamin, en bruxellois) à la façon Coluche, on pourrait dire que c’est l’histoire d’un mec prénommé Dany (François Damiens), qui a un fils de 15 ans, Sullivan  (Mattéo Salamone), qui ne supporte plus de le savoir en prison, et  qui va donc décider de se faire la malle, bien avant d’avoir purgé sa peine. Cette évasion pour lui permettre, une fois libre, de  s’occuper  à plein temps de son rejeton chéri  et de  lui enseigner, à sa manière, les « choses de la vie »…

Evidemment, entre cavale, magouilles et cours de philo  et psycho à deux balles, le pire et le meilleur, en tous cas toujours le plus rocambolesque, vont forcément arriver…

Points forts

- François Damiens a beau dire que la caméra cachée, c’est son ADN, de là à oser se lancer dans un long métrage avec ce système, il fallait qu’il croit en sa bonne étoile et qu’il ait un culot fou ! Parce qu’entre un sketch et un film de cinéma, le fossé est grand, qu’il faut franchir avec d’abord un scénario, puis des autorisations de tournage, des repérages d’une précision de dingue, des acrobaties techniques pour planquer le matériel, puis des participants dont on pense qu’ils vont « faire l’affaire » alors qu’eux, ne savent pas qu’ils tournent dans une fiction. Il fallait aussi se préparer à gérer des aléas de toutes sortes, comme des changements inattendus de lumière, des entrées intempestives dans le champ de la caméra, des bruits inopinés etc…

- Malgré tous les risques, le comédien réalisateur s’est donc embarqué dans cette aventure, avec, au scénario, son complice de toujours, Benoit Mariage, et, dans le personnage de son fils, un jeune acteur qui se révèle ici un champion  de l’impro, Matteo Salamone. Formidable de naturel, ce débutant, mis dans la confidence du film, parvient à garder un sérieux papal, même dans les situations les plus ubuesques.

- Ces situations là, loufoques, surréalistes même, et qui font rire aux éclats, le film en est truffé, ce qui est la preuve de l’imagination sans limite de son réalisateur.

- Autre bonne surprise : ce film, au départ improbable, dont le tournage a demandé huit mois de préparation et douze de tournage, tient debout et raconte une histoire.

- Quant à son acteur principal, François Damiens en personne, il compose un malfrat irrésistible, tantôt inquiétant, tantôt balourd, tantôt paternaliste, tantôt ridicule, mais, d’un bout à l’autre du film, physiquement méconnaissable. Il faut dire que la pose de ses multiples prothèses (faux bedon, fausses dents, perruque, « décolleur » d’oreilles, etc..) lui prenait chaque jour, quatre heures de son temps !

Quelques réserves

A cause de la forme même de l’exercice de la caméra cachée, certaines séquences sont un peu moins fortes et moins loufoques que les autres. Mais ces infimes baisses de régime perturbent à peine la tonicité et la drôlerie du film.

Encore un mot...

Comment ne pas craquer devant ce film à la fois stupéfiant, délirant, décapant, qui enchaîne des situations totalement absurdes et se permet en plus, mine de rien, d’aborder un sujet sérieux, celui des rapports père-fils. La gentillesse et la patience des gens sollicités à « l’insu de leur plein gré» dans les situations  « abracabrantesques » de ce film sans précédent sont aussi pour beaucoup dans la jubilation que ce dernier procure. Il faut dire que, fidèle à son éthique, François Damiens s’est attaché à ce que ses « partenaires » involontaires ne soient jamais les dindons de sa farce. Cerise sur le gâteau : Mon Ket est bourré de scènes appelées à devenir culte, comme, notamment, celle où Dany incite son fils à fumer devant des témoins estomaqués. Hilarant, on vous dit !

Une phrase

- « J’adore le principe de jouer la comédie avec des gens qui eux ne sont au courant de rien. Ça donne souvent de très grands moments, partant du principe qu’on ne peut pas être plus juste, plus réel que ce qu’on est dans la vie. » (François Damiens).

- « J’avais depuis longtemps en tête l’idée d’écrire un film qui parlerait de la filiation, de la paternité. C’est un thème qui me touche beaucoup  celui …des pères qui essaient de faire du mieux possible pour élever leur enfant, mais qui, au final, font tout le contraire » (François Damiens).

L'auteur

Né le 17 janvier 1973 à Uccle, François Damiens est  un acteur et  un humoriste belge. Bien que passionné par les canulars et les sketches depuis son enfance, il commence d’abord par faire l’Ecole pratique de hautes études commerciales. Mais  le hasard fait qu’un jour, une maison de productions télé lui propose de mettre en scène des caméras cachées. Adieu  pour lui, la carrière commerciale. Il créée le personnage de François l’Embrouille, qu’il utilise dans le cadre  de ses canulars télévisés.

En 2004, parce qu’il ne peut plus y jouer sans être reconnu,  il  se voit contraint d’arrêter ses tournages en Belgique. Il vient alors en France et en Suisse poursuivre ses activités. 

C’est en 2006 qu’il fait ses premiers pas au cinéma, en jouant un espion belge dans OSS 117 : le Caire, nid d’espions.  Il n’arrêtera plus et enchaînera des seconds rôles  jusqu’en 2010, où son personnage  de technicien dans l’Arnacoeur le révèle au grand public. Il devient alors tête d’affiche, notamment dans La Délicatesse de Stéphane et David Foenkinos et Une pure affaire d’Alexandre Coffre. Suivront, entre autres Tip Top, de Serge Bozon, et dans un registre plus dramatique, le très remarqué Suzanne de Katell Quillévéré et surtout  La Famille Bélier d’Eric Lartigau. On le retrouve en 2017 dans l‘adaptation de la bande dessinée éponyme, Le Petit Spirou.

Mon Ket est son premier long métrage en tant que réalisateur. On le retrouvera le 24 août comme comédien dans Le Monde est à toi, du réalisateur Français Romain Gavras.

Et aussi

- L’extraordinaire voyage du fakir de Ken Scott. Avec Danush, Bérénice Béjo et Gérard Jugnot.

A la mort de sa mère, le jeune et malicieux Aja, vrai arnaqueur mais faux fakir, décide de réaliser le rêve de celle-ci : venir à Paris  et voir la tour Eiffel… C’est le début d’un film picaresque qui va nous entraÏner dans toute l’Europe, en compagnie de l’intrépide et naïf Aja, dans des aventures drôlatiques. Car, comment voyage-t-on quand on n’a pas le sou ?

Dans ce film joyeusement décalé,  les réponses sont multiples, qui vont de la  montgolfière à l’armoire ikéa. Evidemment, les destinations provoquent de grosses surprises, quelques tristes  déconvenues, mais aussi de grands bonheurs …

Après son succès planétaire avec Starbuck, le québécois Ken Scott a adapté avec l’humour et la fantaisie qu’on lui connaît, le best-seller de Romain Puértolas, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa. Le résultat  est ce film en forme de fable, délicieux, coloré, très « chromo », ce qui ne l’empêche pas de traiter du problème des migrants. Mais, à sa façon, légère et drôlatique. Chic, une comédie tous publics, à voir en famille !

RECOMMANDATION: EXCELLENT

 

- Opération Beyrouth de Brad Anderson. Avec Jon Hamm, Rosamund Pike et Sea Whigham.

Tout démarre à Beyrouth, en 1972. Mason Skiles, diplomate américain (Jon Hamm) organise une réception en présence de sa femme et de Karim, un jeune orphelin libanais que le couple espère adopter. Mais  la fête est troublée par l’arrivée d’un agent de la CIA (Mark Pellegrino) qui apporte des nouvelles inquiétantes concernant  Karim. Quelques minutes plus tard, des terroristes ouvrent le feu sur les invités de Mason, et aussi sur sa femme, qui meurt… 

Dix ans après, ravagé par la mort de sa femme, devenu alcoolique, complètement retiré des affaires, Mason va devoir retourner à Beyrouth. Il  va tenter d’obtenir la libération d’un agent de la CIA, contre la libération d’un terroriste djihadiste, qui se révèlera être le frère du jeune Karim, probablement commanditaire du meurtre de sa femme…

Voilà un bon polar d’espionnage  avec complots, négociations, tractations et courses poursuites, qui déménage sur fond de vérité historique, sans les outrances du manichéisme…Il offre en outre à la star de la série Mad Men  un vrai rôle de cinéma. Que du bonheur pour les fans du comédien et les amateurs de film à suspense ! Bonus : Beyrouth est magnifiquement filmé.

RECOMMANDATION: EXCELLENT

 

- Une année polaire de Samuel Collardey. Avec Anders Hvidegaard, Asser Boassen et Thomasine Jonathansen.

Pour couper les ponts avec la ferme familiale, Anders, un jeune instituteur danois, décide de partir enseigner à Tiniteqilaaq, au Groeland. Dans ce village inuit de 80 habitants, qui est isolé du reste du monde et  où on accueille les étrangers avec méfiance et voire même avec hostilité,  la vie va se révéler plus difficile que ce qu’Anders imaginait. Pour s’intégrer, le jeune homme va devoir s’habituer aux rudesses du climat et surtout apprendre à connaître cette communauté, à gagner sa confiance.

On ne change pas une formule qui gagne ! Pour cette Année polaire, le réalisateur Samuel Collardey a repris celle des  films hybrides, entre docu et fiction,  qui lui avait si bien réussi pour l’Apprenti. Le résultat est  bluffant. Son film se « dévore » comme un  passionnant roman d’apprentissage. Deux cultures s’entrechoquent, puis s’apprivoisent, puis s’acceptent et échangent. Cette chronique, qui a été filmée sur un an, nous embarque aussi dans la splendeur des paysages polaires.Visuellement, il est magnifique.

RECOMMANDATION: EXCELLENT

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