Sicario: La guerre des cartels

Une réalité atroce, un film passionnant
De
Stefano Sollima
Avec
Benicio del Toro, Josh Brolin, Isabela Moner
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

 Pour enrayer les trafics de drogues en tous genres effectués par les cartels mexicains à la frontière entre le Mexique et les Etats Unis, Washington commande à l’agent Matt Graver (Josh Brolin), de provoquer une guerre fratricide entre les gangs. Ce dernier va alors demander à un mercenaire,  Alejandro Gulick (Benicio de Toro), d’enlever la fille du chef d’un des plus gros cartels, la jeune Isabela Reyes (Isabela Moner), en essayant de faire porter le chapeau de ce kidnapping à une bande concurrente. Evidemment, la situation va dégénérer et la jeune fille devenir un risque potentiel dont il faut se débarrasser. Matt Graver et Alejandro Gulick vont de nouveau s’affronter sur la conception de leur morale et de leur façon d’exercer leur métier.

Points forts

- Si le titre  Sicario : la guerre des cartels vous dit quelque chose, c’est normal : il est une sorte de suite à l’excellent Sicario qui avait fait sensation à Cannes en 2015. Mêmes héros principaux, Matt Graver et Alejandro Gulick, même décor (la frontière américano-mexicaine) et même univers  (les  mafias de la drogue). Si la question est : « Cela valait-il le coup de donner une suite à ce film excellent ? La réponse est oui. D’abord parce que, comme le n°1, ce nouvel épisode, tout en étant très différent, s’inspire de la sanglante réalité des trafics de drogues transfrontaliers et qu’au delà de sa dimension fictionnelle, il a donc une valeur documentaire. Ensuite parce qu’à l’instar du précédent, son scénario, à la fois béton et labyrinthique, tient le spectateur en haleine jusqu’au bout. Enfin parce que ce formidable thriller est sous-tendu par deux denrées rares dans ce genre de film : la compassion et l’humanisme.

- On dit parfois qu’il ne faut pas changer une équipe qui gagne. Mais ici, si le scénariste est le même  que celui qui avait écrit le premier épisode, à savoir le multi-récompensé Taylor Sheridan, en revanche, côté réalisation, Denis Villeneuve a cédé sa place à Stefano Sollima. D’aucuns regretteront peut-être la patte du Canadien, mais on se doit de dire que le créateur italien de la célébrissime  série Gomorra connaît  son métier. Sa réalisation est à la fois solide et efficace.

- Et puis comment résister aux deux acteurs qui portent le film ? D’un côté Josh Brolin, aussi beau que masculin et charismatique, d’une puissance de jeu qui lui vaut d’être l’un des poids lourds du cinéma hollywoodien. Et de l’autre, Benicio del Toro, dont  la stature de colosse, le magnétisme, la subtilité d’interprétation, et le regard à fois las, sombre et perçant, font ici plus que sensation. Dans leur face à face, ces deux comédiens là font la paire, qui rivalisent d’un charme inquiétant.

Quelques réserves

Est-ce le scénario ? Le montage ? Le tournage en lui même? Par moments, on s’embrouille un peu dans cette histoire.

Encore un mot...

Le Sicario de Denis Villeneuve avait révélé le monde sans pitié des cartels mexicains ? Celui de Steffano Sollima déchire encore un peu plus le voile sur sa sanglante réalité. Si, en ce qui concerne l’intensité et l’interprétation, ces deux « épisodes » sont à peu près ex æquo, en revanche, le second a gagné en profondeur (apparition de la notion de morale) et en complexité . Et tant pis s’il a perdu en lisibilité… Depuis John Le Carré, on sait qu’il peut être parfois délicieux de se perdre dans les méandres d’un scénario ou d’une intrigue. 

 Conclusion : si, donc vous êtes  amateur de thrillers haute tension, ce Sicario :la guerre des cartels, ne devrait pas vous décevoir. En plus, sur le plan de l’interprétation, il est bluffant !

Une phrase

« Benicio sublime tous les films dans lesquels il joue. Sa présence illumine chacune de ses scènes  parce qu’il est capable d’exprimer toute la gamme des émotions sans avoir besoin de prononcer un seul mot. Son regard est si expressif qu’il peut porter la scène à lui tout seul » (Thad Luckinbill, producteur).

L'auteur

Né le 4 mai 1966 à Rome, fils du réalisateur  Sergio Sollima, Stefano Sollima a bâti sa carrière en tournant  indifféremment, pour les petits et grands écrans, des films ou des séries  sur les relations, parfois si complexes, entre la police, la justice et le monde criminel.

Après s’être essayé au court métrage, le jeune cinéaste italien travaille  d’abord comme cadreur pour différentes chaînes de télévision américaines, puis se lance dans le documentaire. C’est en dirigeant des épisodes du soap opera Un posto al sole qu’il entre dans le monde de la fiction. Cela lui vaut, en 2006, de diriger, pour Canale 5, Ho sposato un calciatore, une mini série  télévisée.

La renommée lui tombe dessus, deux ans plus tard, lorsqu’il réalise et produit, toujours pour la télé, les 22 épisodes de Romanzo Criminale, une série qui se penche sur la puissante organisation criminelle Banda della Magliana. En plus de rencontrer le succès, le jeune cinéaste italien vient de trouver sa voie.

En 2012,  il se lance dans son premier long métrage pour le cinéma. A.C.A.B. : All Cops are Bastards, sur la vie et le travail des policiers spécialisés dans la gestion des émeutes et de la guérilla urbaine va asseoir sa réputation de réalisateur efficace et carré. Depuis, il n’a cessé d’enchaîner : en 2014, il signe Gomorra, une série tirée du livre de Roberto Saviano, Gomorra : Dans l’empire de la Camorra; En 2015, il réalise Suburra, un thriller sur la mafia, et en 2017, ce Sicario : la guerre des cartels.

Actuellement, Stephano Sollima  tourne ZeroZeroZero, une série sur l’univers du trafic de drogue, avec notamment en tête d’affiche Gabriel Byrne.

Et aussi

- « Budapest » de Xavier Gens - Avec Manu Payet, Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe, Alice Belaidi...

Vincent (Manu Payet, également co-auteur du scénario) et Arnaud (Jonathan Cohen) ont beau avoir fait l’école de commerce française la plus prestigieuse, ils s’ennuient ferme dans leur boulot. Un jour, à l’occasion d’une fête de l’un  de leurs copains, ils  rencontrent une strip-teaseuse qui leur parle de Budapest. Bingo ! Ils vont créer une boite qui va organiser des enterrements de vie de garçons dans cette ville sulfureuse où l’alcool coule à flots et où les boîtes de nuit pullulent... Vol, accidents, scandales… Le pire va arriver… Et avec lui, le rire…

Est-ce parce qu’il était fatigué des films d’horreur ? En tous cas Xavier Gens a tourné casaque pour se plonger dans la comédie. Et ça lui réussit ! Sur ce scénario inspiré d’une histoire vraie, il a troussé un film aussi hilarant que déjanté. Trop ? Les uns diront oui peut-être effarés par les cabrioles du film dans le mauvais goût… Les autres applaudiront à cette pochade potache, qui en rajoute dans tout, le rythme (d’enfer), les effets visuels (complètement dingues) et le jeu des acteurs (tonitruant). Trash, délirant, décapant.

RECOMMANDATION: EXCELLENT.

 

- « Love, Simon » de Greg Berlanti_ Avec Nick Robinson, Jennifer Garner, Katherine Langford…

A dix-sept ans, Simon aurait tout pour être heureux, une famille formidable, des copains fidèles et une scolarité plutôt sans  histoire. Sauf que voilà ! Il a un secret : il est gay. Un jour s’apercevant que son secret pourrait être révélé au grand jour, il va être amené à faire son coming out…

Adapté d’un roman de Becky Albertalli,  Love, Simon aurait pu n’être qu’un enième teen movie, sauf, sauf qu’en l’occurrence, ce n’est pas le cas. C’est même, mine de rien, car son ton est léger, un film à marquer d’une pierre blanche : il est en effet  le premier long métrage financé par une grande compagnie américaine, qui prend comme personnage central un adolescent homosexuel. Vu de ce côté-ci de l’Atlantique, cela paraît peut-être anodin. Mais dans l’Amérique de Trump, cela a fait l’effet d’une petite bombe.  Preuve que là-bas, les réacs puritains ne font pas encore la loi, au box office, Love, Simon fait un joli carton. Ce succès non seulement fait plaisir, mais il est mérité. En plus d’être transgressif, Love, Simon est une comédie romantique à la fois intelligente, charmante, drôle et enlevée. Elle révèle en outre un jeune acteur, Nick Robinson, étonnant de finesse et de sincérité.

RECOMMANDATION: EXCELLENT

 

- « Tully » de Jason Reitman - Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingstone…

 Marlo, la petite quarantaine fatiguée (Charlize Theron) vient d’avoir son troisième enfant. Entre les nuits sans sommeil, les repas à préparer, les deux ainés qui ne lui laissent aucun répit, et… les absences de son mari, elle est au bout du rouleau. Un jour, son frère propose de lui offrir une nounou de nuit. L’arrivée de celle-ci, prénommée Tully ( MacKenzie Davis), va lui sauver la vie…

Ecrit par la très talentueuse Diablo Cody qui, étant elle une jeune mère de trois enfants, savait exactement de quoi elle parlait, Tully, réalisé par le créateur de Juno, raconte, avec une sincérité désarmante, la maternité : ses joies, mais surtout son poids. Chic,  cette « dramédie » (comme on appelle  maintenant les drames suscitant le rire) est à la fois édifiante, drôle et caustique. Grossie de quinze kilos pour les besoins de son rôle de mère épuisée, Charlize Théron est à son meilleur. Ce qui équivaut à dire, qu’elle est exceptionnelle. Face à elle, la jeune étoile montante du cinéma américain, Mackenzie Davis, n’est pas mal non plus !

RECOMMANDATION: EXCELLENT

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