Le Douanier Rousseau

Le plus étrange, le plus audacieux, le plus charmant des peintres de l'exotisme
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Musée d'Orsay
1, rue de la Légion-d ‘Honneur
75007
Paris
01 40 49 49 96
Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 9h30 à 18h. Nocturne le jeudi, jusqu’à 21h45.

Thème

Le musée d’Orsay, après Venise,  accueille donc  ce peintre «inclassable» qu'est Henri Rousseau, mais dont l’œuvre est bien inscrite dans son temps. A la charnière entre deux siècles, Le Douanier, comme l’a surnommé Alfred Jarry,  a su tisser des liens très riches avec des artistes connus ou pas. 

Autodidacte, il commence à peindre, vers 1884, des paysages «immobiles», alors qu’il est employé à l’octroi de Paris. Très conscient de l’originalité de son art, il jouit d’une bonne confiance en soi: «nous sommes les deux plus grands peintres de l’époque, toi (Picasso) dans le genre égyptien, moi, dans le genre moderne».

Sédentaire, il ne quittera jamais Paris. Pourtant, il donne corps à un véritable monde exotique. Il trouve son inspiration dans la fréquentation assidue du jardin des Plantes, du muséum national d’histoire naturelle et de la lecture de récits de voyages.

Points forts

* Le parti pris de l’exposition de faire dialoguer les œuvres du Douanier avec celles du passé et de l’avant-garde tant parisienne qu’internationale. L’artiste a été influencé par les maîtres anciens italiens -il a été copiste au Louvre- dans la  réalisation de ses «portrait-paysage», même s’il affirme en être l’inventeur. Mais,  à son tour, il a été source d’inspiration pour des peintres comme Picasso, Delaunay, Kandinsky et pour des poètes comme Jarry et  Apollinaire.  

* La mise en scène théâtrale, les compositions florales, les motifs rythmiques aboutissent à des images à forte valeur décorative. Le regard de Rousseau face à la nature nous plonge dans une vision idyllique, à travers des œuvres oniriques du monde à l’état sauvage.

* Les paysages immobiles  peuplés d’avions, de dirigeables et de cheminées d’usine montrent bien l’inscription du Douanier dans les temps modernes. 

* Des chefs d’œuvre fascinants, telle "La Charmeuse de serpents" (1907), incontournable, jouant sur la gamme des verts, soit 27 nuances de camaïeu ; "Le Rêve" (1910) offre une vision paradisiaque, qui a inspiré beaucoup d’artistes, notamment les Surréalistes. La forêt luxuriante entourée d’animaux exotiques est réinterprétée de manière magistrale.    

* Le parcours thématique et chronologique, à la fois fluide et très agréable, avec un final en apothéose : les Jungles. Le paradis perdu, à la nature intacte, va se transformer en une jungle sauvage qui nous envoûte.

* Des œuvres différentes, imprégnées d’atmosphères particulières, ouvrent le champ de la création: les portraits d’enfants et d’adultes, les nature morte, les portrait paysage et les jungles.

Quelques réserves

* Les portraits d’enfants sont souvent froids et sans expression.

* La maîtrise du dessin, incertaine, ainsi que les proportions, fantaisistes: Rousseau prenait des mesures du visage, parfois même les photographiait, sans pour autant parvenir à bien les représenter. Quelques erreurs anatomiques : des personnages sans cou ou sans pied.

Encore un mot...

Au-delà du dessin inégal et des préjugés donnant à Rousseau l'image d'un artiste mineur,  l’exposition vous fera vivre un pur moment de plaisir. Tout s’entremêle, innocence et audace, archaïsme et innovation, pour nous enchanter. Le Douanier ne ressemble  aucun autre.

Une phrase

«Rousseau est sans doute le plus étrange, le plus audacieux et le plus charmant des peintres de l’exotisme». Apollinaire, 1914.

L'auteur

Né à Laval en 1844, Henri Rousseau occupera un emploi à l’octroi de Paris, de 1871 à 1893. Dès qu’il prend sa retraite, il se consacre à son art et donne des cours de peinture. 

Il laisse une œuvre à part et distanciée de tous les drames qu’il a connus: deux de ses enfants seulement, sur les sept, ont survécu et ses deux épouses sont  mortes prématurément…

Lui-même meurt de la gangrène, en 1910. Enterré dans une fosse commune, il bénéficiera d’une épitaphe d’Apollinaire, gravée par Brancusi.

Commentaires

Jacqueline Le Bris
sam 16/07/2016 - 13:04

Grâce à cette exposition j ai su qu Appolinaire était très séduit par le travail de Rousseau. Je suis intéressée à y voir de la poésie au delà de la représentation appliquée notamment d la noce ou de la carriole . Les enfants sont représentés c est vrai de manière sèche et malhabile sans le génie de Picasso c est certain mais la peinture c est la technique, la sensibilité , l œil . Les Botero sans cou et compact sont attachants ce qui n'est pas le cas ici. Bravo pour la chronique

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