Les Maîtres de la Sculpture de Côte d’Ivoire

Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Musée du Quai Branly
37 quai Branly
75007
Paris
Jusqu’au 26 juillet 2015. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 19h, nocturne le jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21h.
Vu
par Culture-Tops

Thème

Un voyage artistique qui défie les préjugés : voici comment l’on pourrait décrire la dernière exposition qu’accueille le Musée du Quai Branly. En effet, souvent perçue à travers le prisme artisanal et religieux, la production artistique africaine est pourtant riche de plusieurs décennies de créateurs aux styles et aux techniques en constante évolution, jouant un rôle majeur dans l’héritage culturel du continent. La Côte d’Ivoire, notamment, fait preuve, depuis près de 200 ans, d’une densité et d’une diversité artistique remarquable, que le Musée célèbre au cours d’une exposition initiatique et majestueuse.

Points forts

• La richesse de l’exposition ne laisse d’abord aucun doute sur le foisonnement artistique que connaît la Côte d’Ivoire depuis le XIXème siècle : la mise en scène, sobre et monumentale, laisse s’exprimer la force symbolique des statues et des masques, conçus pour des cérémonies spirituelles ou religieuses mais aussi bien souvent pour des commanditaires privés. En effet, si chaque artiste voit sa production influencée par son appartenance tribale – telle que les Lobi, Sénoufo, Dan ou Gouro – et les techniques qui lui sont associées, leur vision et leur sensibilité personnelle leur permettent de se distinguer significativement de leurs pairs et de marquer de leur style l’héritage culturel du pays. Il est ainsi difficile de définir des courants artistiques et transversaux précis : au contraire, le visiteur sera surpris du traitement si différent de la matière et des sujets sur une même période, très variable selon les ethnies, qui justifie la structure majoritairement géographique de l’exposition. • Difficile de désigner un favori parmi les centaines de pièces présentées, fruit d’un travail de recherche et de conservation remarquable, tant celles-ci sont différentes d’un artiste à l’autre. S’il ne fallait en retenir qu’une, mon choix se porterait sur les figures aux couleurs étonnamment vibrantes de Sabou di Boti, issu du peuple Gouro, dont la physionomie détonante évoque, par certains aspects, la statuaire sud-asiatique. • Par ailleurs, animé d’un véritable soucis de pédagogie, le Musée parvient à apporter une lisibilité salutaire à cet art complexe et panaché, puisqu’il s’attache à clarifier, dans les moindres détails, chacune des techniques utilisées – dorure, fonte, tissage… pour ne citer qu’elles – ainsi que les spécificités de chaque région, tribu ou sculpteur. La statuaire ivoirienne n’apparaît alors plus comme une simple mosaïque d’artisans locaux ; elle agrège au contraire deux concepts essentiels, que l’on rapproche peu mais qui partagent pourtant une même racine latine : l’art et l’artisanat, la combinaison harmonieuse de la technique et de l’esthétique, que le Quai Branly s’attache à réhabiliter depuis son ouverture en 2006.

Quelques réserves

• C’est précisément de cette volonté de trop en faire que finit par souffrir l’exposition : les cimaises chargées d’explications et de commentaires tendent à détourner l’attention du visiteur de la richesse de cette collection, ou simplement de la beauté des pièces, et à le laisser quelque peu exténué face à ce trop-plein de détails. • Enfin, le visiteur pourra regretter que la dernière salle, consacrée aux artistes contemporains, ne soit pas plus exploitée, tant la diversité et la magnificence des quatre œuvres présentées élargit considérablement les perspectives de cet itinéraire artistique

Encore un mot...

Un très beau périple à travers deux siècles de statuaire ivoirienne, bien que probablement trop dense pour les visiteurs inaccoutumés aux Arts Premiers.

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Une exposition initiatique et majestueuse.

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