Elle était une fois…

Avec tout notre respect, Madame, et notre estime
De
Frédérique Hébrard
Editions Flammarion - 384 pages
Notre recommandation
3/5

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Thème

A bientôt quatre-vingt-dix ans, Frédérique Hébrard revient sur son passé et publie un recueil de souvenirs.

Points forts

1) Elle n’aura pas eu une enfance banale, Frédérique Hébrard. Si elle apprend très prosaïquement à lire grâce aux pâtes à potage en forme de lettres, elle se découvre très jeune un goût pour la littérature grâce à deux œuvres fondamentales que lui offre son père, l’écrivain André Chamson (il sera élu à l’Académie française en 1956) : La Bible et Les Mille et Une Nuits.

Conservateur de musée, Chamson est en poste au château de Versailles et Frédérique Hébrard vit une partie de son enfance chez le Roi, dans une chambre qui fut le bureau de Colbert. Pendant la guerre, ses parents (sa mère était bibliothécaire du musée du Louvre) sont mutés sur « le Front des Arts », entendez par là qu’ils participent activement à l’évacuation des archives et des œuvres nationales. Ainsi Frédérique Hébrard raconte une nuit passée avec La Joconde dans sa chambre, tableau que son père sauve avec d’autres trésors pour que les Allemands ne les volent pas.

2) Très jeune elle rêve de devenir danseuse, mais troque vite chaussons et tutu contre les grands textes du théâtre classique. Elle fait ses débuts comme comédienne, formée au prestigieux Conservatoire National dans la classe de Béatrix Dussane.

La naissance de sa vocation est un récit marquant. A Montauban, par la fenêtre de la cuisine de ses parents qui donne sur les loges du théâtre municipal, elle aperçoit une jeune comédienne des Femmes savantes de Molière qui semble très mal en point. Souffrante en coulisses, cette dernière va quand même tenir son rôle d’Henriette brillamment sur la scène (Frédérique Hébrard assiste à la représentation) grâce à son courage et à la bienveillance de ses camarades. Un souvenir fondateur.

3) Devenue finalement écrivaine à succès, auteure de romans et de feuilletons télévisés, Frédérique Hébrard a fait de nombreuses rencontres. Au fil de ces pages, elle évoque Colette, Marcel Pagnol, Grace Kelly, Jeanne Bourin, Marthe Keller, Jacqueline de Romilly, son amitié avec l’actrice Nicole Maurey qui fit une partie de sa carrière à Hollywood…

Mais son portrait le plus détaillé est consacré à Maurice Chevalier qu’elle a bien connu et bien aimé. « Un monument », dit-elle de lui. « Vous m’enchantez », lui avait-il écrit.

4) Reste que le bonheur n’est pas à toutes les pages. Victime d’une odieuse agression par un gangster en cavale ou atteinte d’un « gentil petit » cancer, comme le qualifie son médecin, chaque fois elle fait front, elle lutte avec dignité, elle ne baisse pas les bras. Deux grandes leçons de courage.

Quelques réserves

D’où vient pourtant la déception que l’on ressent à la lecture de ces souvenirs ? Frédérique Hébrard a parfois favorisé des petites anecdotes charmantes qui lui tiennent certes à cœur mais qui ne sont pas toujours très passionnantes pour le lecteur (son passage dans une maternité notamment), au profit de sujets plus captivants.

Finalement elle parle peu de Louis Velle, son mari et partenaire en écriture, avec lequel elle forme un couple à la longévité exceptionnelle dans leur milieu (ils vont sur leur 70ème  anniversaire de mariage), elle passe vite sur les grandes heures de sa carrière, ses livres, ses romans, ses feuilletons à succès, La Demoiselle d’Avignon, Le Château des oliviers, Le Mari de l’ambassadeur…

Peut-être a-t-elle eu le sentiment de s’être déjà racontée ailleurs, dans d’autres ouvrages, et a-t-elle craint de se répéter. Ou peut-être s’est-elle un peu enfermée dans l’angle choisi pour se raconter : l’ouvrage se veut plutôt consacré aux femmes de sa vie, même si les hommes n’en sont pas absents.

Encore un mot...

Frédérique Hébrard est une personnalité séduisante, une auteure à succès qui a enchanté des milliers de lecteurs et des millions de téléspectateurs en écrivant avec son époux Louis Velle des feuilletons populaires, qui comptent parmi les grandes heures de la télévision. Conteuse née, ses souvenirs ont du charme, mais sont assez inégaux et manquent parfois d’un véritable intérêt.

Une phrase

A propos du courage dont doivent faire preuve les comédiens de théâtre : « Quoi qu’il vous soit arrivé, il faut savoir tout oublier devant sa table de maquillage, avant d’entrer en scène. Tout oublier sauf le fond de teint, la poudre, le rouge, le mascara. Tout oublier, sauf le public. »

L'auteur

Née le 7 juin 1927, Frédérique Hébrard commence sa carrière comme comédienne. Fille de l’académicien André Chamson, elle devient auteure à succès. Certains de ses livres ont été adaptés à la télévision ou au cinéma comme « La Demoiselle d’Avignon », « Le Château des oliviers », « Le Grand Batre », « Un mari c’est un mari »… Mère de trois enfants, elle écrit souvent en collaboration avec le comédien Louis Velle, son époux depuis 1949.

Commentaires

cofrasine@gmail.com
lun 17/09/2018 - 20:35

Je découvre un écrivain très attachant qui me donne l'envie de visiter les Cévennes!
La Demoiselle d'Avignon nous a charmés!Ma fille appelait sa poupée Koba!
Dommage que ce genre de feuilleton tout en douceur,romantisme,optimisme ne se rencontre plus guère!

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