Enquête sur un chemin de terre

Vivre à la mesure de nos rêves. A condition de s'accrocher...
De
Alejandro Jodorowsky, traduit de l’espagnol par Gérard de Cortanze
Editions Albin Michel - 247 pages
Notre recommandation
3/5

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Thème

Ce livre est la réédition  de “Trois hommes sur un chemin de terre” publié en 1988. Roman, mais publié dans la collection “espaces libres”, ce texte inclassable ne renie pas son appartenance à la littérature sud-américaine de Garcia Marquez ou Borgès. 

Plus qu’un récit construit, c’est une rêverie mélancolique sur l’identité personnelle d’un homme qui a toujours préféré dissimuler sa personnalité réelle sous un flot tempétueux d’histoires étranges. Jodorowsky invite le lecteur sur son chemin de terre mais brouille les pistes d’une déroutante odyssée.

Points forts

1.  L’oeuvre littéraire d’Alejandro Jodorowsky est à l’image de sa création artistique qui est elle-même le reflet d’une personnalité totalement extravertie et haute en couleur. Son chemin oscille entre parcours initiatique, récit fantastique, tour de magie et compose une ronde endiablée qui nous emporte.

2. Si la littérature est pour vous synonyme d’évasion, d’envie de se perdre dans des univers parallèles, d’aimer être surpris au détour d’une phrase, d’être éprouvé par vos propres émotions, alors vous cheminerez au cœur de cet univers fantastique comme Alice au Pays des Merveilles.

3. Le texte de Jodorowsky est une allégorie déraisonnable dont vous découvrirez au fil des pages un peu du sens caché. Tour à tour fossoyeur, curé, amoureuse, guérillero, prisonnier ou Général, c’est le Chili de Pinochet qui transpire dans ce récit, publié l’année ou le dictateur perd le pouvoir.

Quelques réserves

Moins accessible que les univers de ses contemporains Bryce Etchenique ou Sepulveda, l’univers d’Alejandro Jodorowsky peut se révéler hermétique, tant sa démarche artistique est frontale, totale et sans concession. On est parfois dépassé par ces histoires foisonnantes dans lesquelles on ne sait pas toujours comment se glisser.

Encore un mot...

A l’opposé des récits réalistes qui glorifient l’ordinaire, Jodorowsky marche au superlatif. Il emprunte des chemins clandestins, démesurés, corrosifs et iconoclastes pour déstructurer nos habitudes et rebâtir un monde immaculé. On peut adorer, ou ne pas aimer du tout.

Une phrase

“Il est temps que l’homme, quel qu’il soit, cesse de nous importuner. Une seule chose compte : ce que nous désirons et pouvons faire de l’homme … La question n’est pas de savoir si Dieu est vivant ou mort mais plutôt de comprendre qu’il est temps de nous prendre en charge et de nous réaliser sans que nous ayons besoin de faire appel à l’aide divine. Qu’il existe aujourd’hui un au-delà, cela ne compte guère. Ce qu’il faut, c’est vivre à la mesure de nos rêves”. (page 208)

L'auteur

Si l’univers d’Alejandro Jodorowsky est aussi luxuriant que les jardins suspendus de Babylone, son art a pris les formes les plus diverses pour exprimer une créativité débordante : metteur en scène de théâtre, réalisateur (Jodorowsky’s Dune, le making of d’un film qui ne s’est jamais tourné est un chef d’œuvre d’inventivité et d’absurdité), écrivain, poète, scénariste de BD, sa création est une galaxie de planètes à découvrir, certaines cultes, d’autres plus ésotériques. Mais toutes font partie d’un système baroque où l’imaginaire n’a pas de limite. Un univers relié par une nuée de chemins de terre qui nous invitent à le découvrir.

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