Les confessions de l'Ange Noir

C'était déjà, dans son genre, un grand écrivain
De
Frédéric Dard
Editions Fleuve Noir
Notre recommandation
4/5

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Thème

L'Ange Noir est un gangster américain, habile, cruel, cynique, macho. Il est la terreur de la police, des braves gens et des mafieux. Ce tueur sans état d'âme est à l'affut de tous les bons coups. De Chicago à Paris, en passant par New York et Londres, il braque, assassine, ruse, s'échappe, profite de la présence opportune de donzelles qui ne peuvent résister à son charme ! 

En 4 Romans rassemblés en un seul volume, l'Ange Noir se raconte à la première personne, sans pudeur, sans modestie, sans réserve. 

Du roman noir à l'état pur.

Points forts

1- Une écriture pleine d'humour qui assaisonne l'argot dans des formules plus drôles les unes que les autres, sans rien retirer à la tension de l'action et aux ambiances de ces 4 romans ;

2- Des personnages très hauts en couleurs, servis par un récit à la première personne, absolument pas politiquement correct ;

3- Un voyage dans un argot savoureux, incroyablement inventif, pour caricaturer tout ce que l'être humain, dans sa diversité, porte de qualités et de défauts ;

4- Une belle occasion de découvrir l'univers littéraire de Frédéric Dard, qui vous rend complice des turpitudes du héros, et vous entraîne dans ses folies criminelles en abolissant très efficacement (et provisoirement !) toute réserve morale. Car il faut le dire, l'Ange noir est une vraie crapule.

Quelques réserves

1- L'Ange noir, comme disent les enfants, "il est vraiment très fort" - trop fort. Rien ne lui résiste (surtout pas les femmes), il tue sans état d'âme, il s'en sort toujours.

2- Si l'argot vous met mal à l'aise, que vous ne supportez pas qu'un noir se fasse appeler Banania, une fille une gerce, que vous n'avez pas envie de savoir ce que veut dire partir en loucédé ou s'emmouscailler, ou les badigoinces, ce livre n'est pas pour vous... Mais soyons juste, pas besoin d'être un Champollion pour comprendre le sens de ce langage très imagé- vous avez 588 pages pour vous apascliner - pardon, vous acclimater !

Encore un mot...

Ce gros livre rassemble 4 romans qui se suivent, pour constituer une aventure complète, décalée, où le héros est le méchant, la pire des crapules, à qui reste un très vague fond de morale, quand il s'agit de dézinguer plus crapule que lui ! Mené tambour battant, pour qui aime le roman noir autant qu'il déteste la langue de bois et le politiquement correct, ce récit absolument égocentrique est un véritable régal. 

Bien sûr, tout le monde vous dira que l'Ange Noir préfigure autant San Antonio que la personnalité d'un des auteurs les plus prolixes et populaires de sa génération. Si les confessions de l'Ange Noir forment un récit sans pudeur et sans pitié, elles composent une belle initiation à la littérature policière des années 50/60 dont le Fleuve Noir (devenu Fleuve éditions) a été l'un des nourriciers.   

Une phrase

Accrochez-vous :

- "En trois bonds, je suis à ses cotés derrière le tas de pneus. Alors elle met en route son moulin à prières. Ah ! je vous jure, ça vaut de plus en plus le coup d'œil ! La Thomson tressaute dans ses mains et crache épais. A travers l'acre fumée, j'aperçois le père Valzing qui s'écroule après s'être ployé en deux comme s'il était monté sur charnière. Puis c'est au tour de son greffier à jouer le tube de vaseline qui se ride." P 61

- "Soudain il se tait. Un flic sait lire dans le regard d'un gangster comme un gangster sait lire dans les yeux d'un flic. Il voit que ça va chauffer et il fait un pas en arrière. Il peut grimper au plafond s'il veut, ça ne l'empêchera pas d'écoper. Lorsque l'Ange noir est en transe, le béton armé prend des allures de caramel mou". P323

- "Ca fait des générations que je n'ai pas fait pareil jeu à une grognasse, et qui m'aurait dit que j'abattrais toutes mes brèmes pour une vieille endoffée salingue, je l'aurais traité de menteur. La femme de l'armateur, elle a droit à la brouette chinoise, au caméléon en spirale, au grand huit, le tout émaillé de bricoles.

Quand l'aube se lève, elle est aussi pantelante qu'un drapeau un jour de défilé pluvieux… Elle a les chasses révulsées, les lèvres enflées et les doigts de pied en bouquet de violettes…" P 545

Et pour être bon joueur : En loucédé : en douce ; une gerce : une garce ; s'emmouscailler : se compliquer la vie, s'em….er, s'ennuyer; les badigoinces : les lèvres.

L'auteur

Pour décrire un homme qui a écrit 288 romans, 20 pièces de théâtre et 16 adaptations pour le cinéma, la sobriété s'impose. Frédéric Dard est sans doute l'un des auteurs de romans policiers le plus populaire de l'après guerre, le plus prolixe (250 millions de romans vendus !!!). Il est le père du commissaire San Antonio, mais aussi de romans d'épouvante, d'aventure, écrits sous une 50aine de pseudonymes - dont San-Antonio ! Né avec un bras atrophié, on dit que son imagination absolument débordante a été la riposte à son handicap. Il est décédé en 2000.

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