Sigma

Des promesses non tenues
De
Julia Deck
Editions de Minuit - 240 pages
Notre recommandation
2/5

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Thème

SIGMA, Organisation secrète financée par de grandes entreprises et ayant pour mission de contenir l’influence des œuvres d’art subversives, est en alerte. Une galerie suisse annonce qu’une mystérieuse toile du peintre Konrad Kessler va bientôt être dévoilée au public. Entre Genève, Berne et Davos, banquiers, galeristes et espions se prennent  tous en filature pour la retrouver. La recherche de ce tableau, présumé dangereux, génère un jeu de piste construit à la fois comme un vaudeville et un roman d’espionnage.

Points forts

- Les personnages sont fouillés. Leurs failles sont décrites avec cynisme et on suit leur parcours avec tout l’intérêt que suscite l’ambiguïté de la nature  humaine. Par exemple, Zante, le banquier d’affaires, collectionneur d’art, est un être dépressif qui préfère se focaliser sur sa toile au point de laisser son job prendre l’eau.

- Un sentiment de solitude des personnages peut nous émouvoir . Ils sont pourtant  tous liés et imbriqués dans la même quête de l’œuvre absente.

- Un ton décalé et froid nous décrit toute l’énergie qui peut être déployée par une organisation pour arriver à ses fins et contrôler un programme de maintien de l’ordre et d’harmonisation de la pensée.

Quelques réserves

- Un imbroglio souvent épars avec des cibles et des agents à foison. On s’y perd.

- La trame narrative se prêterait plus à une pièce de théâtre qu’à un roman.

- Un air de déjà vu sur les milieux décrits : les grandes fortunes, une actrice de cinéma déphasée, un galeriste d’art, tous en proie à des problèmes de vacuité de l’existence  dans leur milieu helvétique pourtant privilégié.

- On reste en attente de la découverte de cette fameuse œuvre d’art, en s’interrogeant sur son énigmatique pouvoir sans le découvrir véritablement.

Encore un mot...

L’intrigue, plus ou moins policière, est bâtie sur l’envoi de rapports très précis des agents à la société secrète qui pilote le programme.

Le postulat de base, alléchant, puisqu’il s’agirait de savoir si l’Art a le pouvoir d’influencer les esprits, retombe malheureusement comme un soufflé.

On pense évidemment à ce que certaines dictatures ont mis en place pour éradiquer l’Art et on s’attend à des révélations fracassantes sur l’émotion artistique agissant sur la pensée ou sur le risque potentiel que l’œuvre pourrait générer.

Malheureusement, on reste sur sa faim, la réflexion est à peine effleurée et on comprend juste que selon SIGMA, finalement, il faut coller une œuvre d’art dans un musée pour la neutraliser. 

Le roman, malgré un ton ironique assez plaisant, ne nous laisse, en définitive, qu’un goût de théorie vaguement complotiste. Une déception…

Une phrase

«  Le tableau de Kessler doit retourner à la nuit. Mais la nuit, ce peut être aussi le grand jour. Lorsque la toile sera exposée au sein d’une institution reconnue, personne ne sera plus tenté d’y voir un instrument de pensée ou d’action » 

L'auteur

Après des études de Lettres à la Sorbonne, Julia Deck a travaillé dans la communication puis l’édition.

Elle a publié en 2012  un premier roman remarqué, aux Editions de minuit, « Viviane Elisabeth Fauville »; suivi de « Triangle d’hiver », en 2014. 

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