Moïse et Aaron

De
Arnold Schönberg
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Opéra Bastille
Place de la Bastille
75011
Paris
0892899090
ATTENTION: dernière représentation, le 9 novembre
Vu
par Culture-Tops

Thème

L’épisode de la Bible qui inspire l’oeuvre est connu : après avoir fui l’Egypte et l’esclavage imposé par Pharaon , le peuple hébreux erre dans le désert à la recherche de la terre promise, lorsque Dieu s’adresse à MoÎse par le buisson ardent. Commence alors une importante dialectique entre Moïse, ne parvenant pas à concrétiser par des mots sa foi et ce que cela implique pour le salut de son peuple, et son frère, Aaron, qui lui manie le verbe mais n’arrive pas à contrôler les dérapages des siens, livrés à l’idolâtrie du veau d’or et aux plaisirs terrestres et charnels.

"O verbe, verbe qui manque" sont les dernières paroles de Moïse et de l’oeuvre. Celle-ci avait été conçue comme une cantate puis élargie à l’oratorio et finalement au format de l’opéra. L’affrontement entre les deux frères est rythmé par le choeur, formidable incarnation du peuple et de ses interrogations.

Points forts

 - La musique , neuve , originale, et pourtant si familière et fascinante, est hypnotique.Elle est portée par l’orchestre de l’Opéra de Paris, sous la baguette de Philippe Jordan, et par des choeurs comme on les a rarement entendus, explosant de force et de précision.

- Les deux frères ont des rôles écrasants : Thomas Johannes Mayer prête à Moïse sa voix de bronze pour un rôle quasiment parlé ( le sprechgesang). John Graham-Hall peine un peu avec la tessiture du role d’Aaron mais sa présence physique fait autorité.

- La mise en scène comporte des images inoubliables: le brouillard blanc du premier acte, flou dans lequel le peuple hébreux se trouve et dont seules se détachent les silhouettes des deux frères; l’incarnation du veau d’or par un boeuf charolais, d’une tonne et demie; les montagnes d’où vient Moïse, qui s’effondrent en conclusion du deuxième acte pour laisser place à de la roche nue qu’éclaire un ciel brillant d’étoiles

Quelques réserves

« Si c’est de l’art, ce n’est pas pour tout le monde. Si c’est pour tout le monde, ce n’est pas de l’art », disait Schönberg. La mise en scène de Roméo Castellucci est oeuvre d’art et c’est là son défaut pour une oeuvre comme celle-ci, qui n’est pas du quotidien du public de la Bastille. Les images frappent, interpellent, séduisent ou provoquent le rejet (les seaux d’encre noire dont le peuple élu s’asperge, le baptême inversé qui les faits ressortir souillés alors qu’ils exhalaient la pureté); mais l’ensemble ne facilite jamais l’accès à l’oeuvre de Schönberg , il vit pour soi.L’accumulation des mots projetés pendant le chant d’Aaron perturbe et détourne du texte de Schônberg.

Encore un mot...

Une oeuvre passionnante par son sujet, qui voit s’affronter Moïse et la pensée, et Aaron, chargé d’exprimer cette pensée.Une interprétation fascinante de l’orchestre et des choeurs. Une mise en scène esthétisante qui existe par elle-même et qui, hélas, oublie que sa fonction première est de rendre l’oeuvre lisible et plus accessible au plus grand nombre...

L'auteur

Arnold Schönberg est né à Vienne en 1874. Autodidacte, deux siècles après Bach et Rameau qui avaient posé les fondements de la musique tonale, il invente le dodécaphonisme, conscient que cela mettrait la musique allemande au premier rang pour le siècle à venir.

Juif, il se convertit au protestantisme en 1898 pour mieux s’intégrer. La montée de l’antisémitisme, qu’il subit cependant de plein fouet puisqu’il est démis de ses fonctions de professeur, le conduit à se reconvertir au judaïsme en 1933 à Paris, peu après la création de Moïse et Aaron (1930-1932) dont il écrira le texte du 3eme acte sans en avoir achevé la musique lorsqu'il s’éteint à Los Angeles en 1951.

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