King Kong Theorie

Un choc théâtral: le meilleur et le presque pire
De
Virginie Despentes
Adaptation de Valérie de Dietrich et Vanessa Larré
Avec
Anne Azoulay, Marie Denarnaud et Valérie de Dietrich
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre de l'Atelier
1 Place Charles Dullin
75018
Paris
+33146064924
Jusqu'au 7 juillet 2018: À 21h, du mardi au samedi

Thème

Paru en 2006, King Kong Theorie est un essai autobiographique de l’écrivain punk Virginie Despentes, dans lequel cette dernière dynamite l’idée de féminité telle qu’elle est couramment entendue dans notre société, tributaire selon elle d’une vision bourgeoise et normée de la sexualité. 

Le spectacle de Vanessa Larré suit la construction du texte, qui a pour point de départ l’expérience aussi traumatisante que fondatrice du viol que Virginie Despentes a subi dans l’adolescence. Du récit de cet épisode naît l’exploration d’autres expériences de l’auteur qui façonnent sa vision de la sexualité et sa réflexion sur le sort réservé aux femmes. Prostitution, pornographie sont autant de thèmes dont l’exploration culmine dans la référence au personnage de King Kong, cette bête androgyne, métaphore d’une sexualité libérée du carcan du genre, mais qui finit par être capturée...

Points forts

1/ Une expérience de théâtre comme on en voit trop rarement. La force du texte est admirablement assumée par les trois comédiennes qui le colorent chacune d’une manière particulière, à mesure qu’elles prennent la parole. 

2/ Un spectacle intense qui ne souffre aucun baisse de régime : une prouesse qui doit beaucoup au rythme soutenu de l’ensemble, sur un plateau sobre. Quelques costumes, accessoires, perruques soutiennent les changements de situation, mais c’est avant tout la mise en scène du texte, tantôt dialogue qui rejoue la violence des rapports humains, tantôt monologue puissant, qui force à la réflexion. 

3/ Une scénographie réglée au millimètre, assez spectaculaire, grâce notamment à l’utilisation d’une caméra sur la scène. Les actrices se filment à tour de rôle, démultipliant les personnages en scène et les situations.

Quelques réserves

1/ Le parti pris étonnant de prendre en otage le public par l’utilisation de ladite caméra contre lui… Difficile d’interpréter autrement, en effet, ces moments où les visages composant la salle se retrouvent projetés sur le mur de fond, offrant à tous le secret des réactions personnelles lisibles sur les physionomies… 

2/ Parfois, la limite entre provocation et vulgarité est franchie de manière assez gratuite... et force à la distance critique.

Encore un mot...

Une adaptation impressionnante qui s’autorise tous les excès.

Une phrase

« Parce que l'idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l'esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d'école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu'un homme, cette femme blanche heureuse qu'on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l'effort de ressembler, à part qu'elle a l'air de beaucoup s'emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l'ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu'elle n'existe pas. »

L'auteur

Née en 1969, Virginie Despentes est l’auteur, notamment, de Baise-moi (1993), Les jolies choses (1998), Teen Spirit (2002), Bye bye Blondie (2004, qu’elle a adapté au cinéma), et de King Kong Théorie (2006), manifeste subversif qui retrace son itinéraire et théorise ses idées. Elle a encore écrit Apocalypse bébé (2010, prix Renaudot) ainsi que la trilogie romanesque Vernon Subutex (2015-2017). 

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