La Peur

L'auto-destruction d'un couple: vérité, souffrance et suspense exceptionnel
De
Stefan Zweig
Mise en scène
Elodie Menant
Avec
Hélène Degy, Aliocha Itovich et Ophélie Marsaud
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Michel
38 rue des Mathurins
75008
Paris
01 42 65 35 02
Jusqu'au 31 décembre: Du jeudi au dimanche à 19h

Thème

Irène, l'héroïne, est une classique mère au foyer, mariée à un avocat pénal, Fritz; ils ont deux enfants. Par ennui, elle prend un amant, son professeur de piano, mais un jour, en sortant de chez lui, elle se heurte à une femme menaçante qui prétend être la compagne du musicien; et qui va la faire chanter, en réclamant des sommes de plus en plus élevées. Irène vit alors dans la terreur premanente que son mari apprenne sa liaison. Faute d'argent, elle finit par être obligée de donner sa bague de fiançailles; et se trouvant dans une impasse totale, elle décide de se suicider. Mais son mari arrête son geste, et le coup de théâtre surgit: c'est lui qui a payé une actrice pour qu'elle joue le rôle du maître-chanteur et ramène ainsi Irène à son mari et ses enfants.
 
"La Peur" est une nouvelle, adaptée en pièce de théâtre, ce qui amène de nombreuses modifications; certaines sont indispensables, puisqu'il s'agit de montrer les relations à l'intérieur du couple, les tourments, la peur dévastatrice, à travers des dialogues reconstitués. C'est le même type de démarche qu'on peut voir dans "Un Amour de Swan", adapté au cinéma. Mais d'autres transformations sont plus surprenantes: certaines ne changent rien au fond, comme l'anecdote de la bonne qui a cassé des assiettes, les cache et en rachète d 'autres pour dissimuler sa maladresse; cette version remplace la bêtise de la petite fille qui a cassé le cheval de bois de son frère par jalousie et le dissimule dans la cheminée plutôt que d'avouer. D'autres changent le sens: la maître-chanteur, impitoyable dans la nouvelle, donne  dans la pièce quelques conseils judicieux sur la nécessité de l'aveu; et surtout, la
réconciliation entre le mari et la femme, qui semble totale dans la nouvelle, est plus incertaine dans la pièce.

Points forts

1) C'est une pièce passionnante, pleine de suspense jusqu'au bout, qui nous fait partager les tourments croissants de l'héroïne.

2) Les acteurs jouent remarquablement; ils sont crédibles. Nous souffrons avec la femme et nous avons peur de la maître-chanteuse, "sorcière" sans nom.

3) Le travail d'adaptation est remarquable, pour transformer en dialogues des analyses de sentiments.

4) Les notions de faute, de culpabilité, d'aveu, de punition, sont magnifiquement creusées.

5) La mise en scène, avec ces portes et ces panneaux qui tournent, reflète l'enfermement de cette femme, Irène, qui tourne en rond et se heurte aux vitres comme un insecte prisonnnier.

Quelques réserves

Certains modes de l'adaptation me semblent non seulement inutiles, mais modifient un peu le sens de l'oeuvre. En particulier, le manque de communication à l'intérieur du couple, qui devrait être effacé par l'aveu du mari pour son stratagème, et l'aveu de la femme pour sa liaison, ne l'est pas totalement dans la pièce.

Encore un mot...

C'est un extraordinaire suspense qui nous fait souffrir avec ce couple qui se détruit sous nos yeux.

Une phrase

"Le malheur, elle le sentait maintenant, avec une netteté effroyable, était inévitable, la délivrance impossible."

L'auteur

Stefan Zweig est né à Vienne en 1881 et est mort au Brésil en 1942. Il a été influencé par le milieu viennois et le freudisme.Il s'est toujours intéressé en profondeur à la psychologie de ses personnages, toujours tourmentés. 

Il est l'auteur de nombreux récits et nouvelles, dont "Amok", "La Confusion des sentiments" et "La Peur".

C'est l'un des grands auteurs étrangers préférés des français.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche