Les Fourberies de Scapin

Un spectacle jubilatoire
De
Molière
Mise en scène
Emmanuel Besnault
Avec
Benoit Gruel, Schemci Lauth, Denys Turkmen, Manuel Le Velly et Emmauel Besnault.
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
0145445734
Jusqu'au au 6 janvier: Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 17h

Thème

Les Fourberies de Scapin, c’est peut-être la farce la plus célèbre de Molière, écrite en 1671, deux ans avant sa mort, après la plupart de ses grandes pièces. Elle se passe à Naples.

Il met en scène deux jeunes gens, Octave et Léandre, qui tombent amoureux pendant l’absence de leur père, Argante et Géronte. Octave s’est marié avec Hyacinthe, Léandre veut payer une rançon pour obtenir Zerbinette.

Les pères reviennent plus tôt que prévu, et les jeunes gens, affolés, font appel à leur valet-confident pour trouver une solution à leurs problèmes.

L’imagination débridée de Scapin permet de sauver les amoureux tout en punissant les pères de leur avarice. L'action suit un rythme endiablé, et Géronte, le père le plus ridicule, après sa fameuse phrase répétée tant de fois « Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère? », se retrouve dans un sac, roué de coups de bâtons par Scapin. La fin est heureuse, grâce aux reconnaissances chères à Molière dans ses dénouements.

C’est du grand art, qui met en défaut le jugement sévère de Boileau:

«Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, 
Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope. »

Points forts

1) Le texte de la pièce de Molière est remarquablement respecté, articulé, ce qui n’est pas évident dans une présentation moderne de 1h15.

2) Le jeu des acteurs est surprenant, mais rend bien l’atmosphère joyeuse de la farce: Emmanuel Blesnault est admirable de ruse et de drôlerie en Scapin, et la transformation d’Octave en Géronte et de Léandre en Argante grâce à des sortes de draps enroulés est saisissante. De plus, ces acteurs doubles entrent parfaitement dans la peau  de deux personnages d’âges et de caractères fort différents.

3) La mise en scène est originale, déroutante au premier abord car elle paraît nous entrainer loin du XVIIème siècle. Elle respire le mouvement, l’action endiablée, et elle fait ressortir un  éloge de la jeunesse, qui triomphe du grand âge, de ses préjugés et de l’avarice. Le sac, sorte de tente qui s’abat sur les spectateurs, est vraiment une trouvaille originale.

4) Les costumes, surprenants, vont dans le même sens: on se croirait à une fête de jeunes l’été, et on se retrouve dans une pièce de Molière.

5) La musique accentue ce côté festif et accélère la perception de l’action.

Quelques réserves

Je vois bien peu de points faibles dans cette mise en scène originale. Elle déroute au premier abord, aussi bien par la musique que les chants et les costumes, mais ensuite, le spectateur comprend que c’est dans l’esprit de Molière. 

D’ailleurs, le soir où j'ai assisté au spectacle, les spectateurs de tous âges étaient enthousiastes!

Encore un mot...

C’est un enchantement, une fête des yeux, des oreilles et de l’esprit. Bien dans l’esprit de Molière.

Une phrase

Une phrase, la plus célèbre:

« Mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ? »
Une phrase qui, au-delà du simple comique de répétition, marque l’obsession de Géronte, qui n’écoute pas. 
C’est à rapprocher de deux autres formules célèbres: « Ma cassette » et « Et Tartuffe? Le pauvre homme! ».

L'auteur

C’est Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673), qu’on n'a pas besoin de présenter.  Rappelons simplement qu'il commença par jouer des tragédies avec sa troupe L'Illustre Théâtre, mais aussi des farces de sa composition. Puis il alterna les grandes pièces, comme Les Femmes savantes, l’Avare, Le Misanthrope, Tartuffe, dans lesquelles il se moque des travers de son époque mais aussi des défauts éternels de la nature humaine, avec les farces comme Les Fourberies de Scapin, écrite deux ans avant sa mort sur la scène du Malade Imaginaire.

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