L’Heureux Stratagème

Marivaux, l'auteur classique le plus actuel avec Molière ?
De
Marivaux
Mise en scène
Emmanuel Daumas
Avec
Eric Génovèse, Jérôme Poujouly, Julie Sicard, Loïc Corbery, Nicolas Lormeau, Jennifer Decker, Laurent Lafitte, Claire de la Rüe du Can
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Vieux-Colombier
21 rue du Vieux-Colombier
75006
Paris
0144398700
Jusqu' au 4 novembre

Thème

La jeune comtesse est éprise de Dorante jusqu’au moment où elle considère comme hypocrite de se refuser d’aimer le Chevalier Damis, puisqu’elle en a l’envie. Lisette, sa suivante, est promise de son côté à Arlequin, le valet de Dorante, qu’elle aime. Mais les atermoiements de sa maîtresse vont faire basculer son cœur. De l’autre côté, la  marquise, qui est sincèrement éprise de Damis, propose à Dorante, éperdu de voir la comtesse ne plus l’aimer, de feindre d’être amoureux d’elle et de vouloir l’épouser afin de les rendre tous deux jaloux. Souvent chez Marivaux les amoureux se jouent ainsi des tours, qu’ils soient maîtres ou valets...

Points forts

1 J’avoue que je ne connaissais pas la pièce. J’ai eu plaisir à l’entendre ainsi,  dans le dynamisme d’un spectacle très convainquant. Je reconnais que la modernité qui est ici utilisée démontre bien le pouvoir d’une œuvre d’un autre temps à être ainsi  transposée dans un décor épuré, élégant et moderne.

2 Tous les acteurs sont remarquablement dirigés par Emmanuel Dumas qui a conçu une mise en scène aérée, virevoltante, rythmée selon les humeurs amoureuses des uns et des autres. La fragilité des personnages met plus encore en évidence ce que nous connaissons, a posteriori, de ce que sera le devenir de la société ici dépeinte. Les valets semblent n’être là que pour suivre les parcours du cœur de leurs maîtres. La marquise et la comtesse démontrent bien leur force, inhérente à leur grande liberté sociale et financière, même si tous les cœurs battent la chamade.

3  La troupe est de qualité, comme souvent ici, mais j’ai particulièrement apprécié Jennifer Decker, sa vivacité, la manière si particulière dont on la fait se déplacer, ainsi que Julie Sicard, dans ce rôle de capricieuse émotive prise à son propre piège. Avec la finesse manipulatrice de la Marquise (Claire de la Rüe du Can), les femmes tirent largement leur épingle du jeu. Mais, n’est-ce pas  la volonté de Marivaux ?

Quelques réserves

Certains, parmi les costumes, m’ont un peu gênée; peut-être trop anecdotiques, comme le short que porte l’irrésistible Nicolas Lormeau au début du spectacle, et qui laisse à penser que l’on va plutôt assister à « Camping Paradis » qu’à une pièce de Marivaux...

Encore un mot...

Hormis cette petite réserve, on passe une soirée joyeuse à entendre ce grand auteur servi par des comédiens d’une très grande qualité.

Une phrase

La Comtesse : … « Les hommes, quand ils ont envie de nous quitter, y font-ils tant de façons ? N'avons-nous pas tous les jours de belles preuves de leur constance ? Ont-ils là-dessus des privilèges que nous n'ayons pas ? Tu te moques de moi; le Chevalier m'aime, il ne me déplaît pas: je ne ferai pas la moindre violence à mon penchant. »

Lisette : « Allons, allons, Madame, à présent que je suis instruite, les amants délaissés n'ont qu'à chercher qui les plaigne; me voilà bien guérie de la compassion que j'avais pour eux."

L'auteur

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763) naît à Paris dans la petite noblesse. Il délaisse rapidement ses études de droit pour les salons célèbres de l’époque, où il puisera son inspiration. Journaliste, il écrit aussi des romans, mais c’est avec son théâtre qu’il va rencontrer le succès. Il préfèrera les comédiens italiens, plus vifs que les comédiens français, pour interpréter ses pièces qui portent le plus souvent sur des intrigues amoureuses, subtilement philosophiques, voire sociales. : «  J’ai guetté dans le cœur humain toutes les niches différentes où peut se cacher l’amour lorsqu’il craint de se montrer; et chacune de mes comédies a pour objet de le faire sortir d’une de ces niches. »

Commentaires

Sylvie P
mar 16/10/2018 - 07:53

Pardon Monsieur Marivaux !

D'une soirée au Vieux Colombier je suis sortie assourdie après être allée voir votre pièce "L'Heureux Stratagème"
Je pensais retrouver l'ambiance feutrée et suave des salons littéraires mais n'ai vu qu'une bande de personnages vociférants , guère mieux habillés que des SDF , le tout dans un décor que je qualifierais plutôt d'inexistant que de dépouillé .
Peut-être ne suis-je plus au courant des critères esthétiques et intellectuels de notre époque ?

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