Mon Lou

Ca peut être très beau l'amour, même aveugle...
De
Guillaume Apollinaire
Mise en scène
Christian Pageault
Avec
Moana Ferré
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
0145445734
Jusqu'au 23 juin: du mardi au samedi à 19h

Thème

En 1914, à Nice, Guillaume Apollinaire tombe amoureux d’une jeune femme étrange et fascinante, Louise de Coligny-Châtillon. Elle se montre tour à tour amoureuse et froide. Se pensant repoussé, le poète s’engage dans les troupes françaises à Nîmes en décembre 2014. Ils se rejoignent pour la permission de fin d'année, et les lettres envoyées à celle qu’il appelle Lou sont pleines de passion. Mais peu à peu, elle s’éloigne, tandis que le poète, qui a demandé à aller sur le front dans les tranchées, l’idéalise: il est à la fois malheureux et exalté.

La pièce, c’est la lecture des lettres d’amour d’Apollinaire par Lou, puis le poète alterne la lecture du texte avec Lou et enfin, c’est le poète lui-même, toujours joué par la même actrice, qui lit ses propres textes.

Points forts

1) L’adaptation est remarquable: en 1h10 sont condensées 222 lettres écrites du 28 septembre 1914 au 18 janvier 1916, depuis la naissance de la passion jusqu’à une relation presque froide.

2) L’actrice est extraordinaire: elle transmet sa passion, elle varie le rythme pour éviter l’ennui  que peut provoquer la présence d' un seul personnage sur scène, et elle joue les deux rôles, de Lou et d’Apollinaire, avec un égal bonheur.

3) La mise en scène est à la fois simple et ingénieuse: Lou allongée ou assise sur un banc, dans une longue robe blanche aérienne, lisant les lettres, Lou en alternance avec la voix d’Apollinaire, Lou habillée en homme avec un genre de costume militaire, qui symbolise Apollinaire.

4) La peinture réalisée par Lou représente à la fois la forêt près des tranchées, le sang, et peut-être une forme de poésie.

5) Le texte s’inscrit vers la fin sur une sorte de tableau lumineux, en prenant la forme des « Calligrammes ».
Le spectateur pénètre ainsi dans un univers, onirique et amoureux, et il y croit.

Quelques réserves

La seule réserve que j’aurais tient à une petite difficulté, pour le spectateur qui n’a pas lu « Lettres à Lou », de s’y retrouver dans les lectures: qui parle? Lou ou Apollinaire? Et ce malgré tous les efforts de la mise en scène, et en particulier des costumes, robe aérienne ou vêtement militaire.

Encore un mot...

C’est un enchantement, un hymne à l’amour. C’est aussi le contraste entre une femme libre, qui aime ou cesse d’aimer, et un poète passionné, qui aime d’un amour aveugle, auquel il veut croire malgré des signes qui devraient lui apporter le doute. C'est aussi une belle peinture de la vie dans les tranchées.

Une phrase

Ou plutôt deux:

- « Je t’aime, tu m’aimes, que me faut-il de plus? A bientôt donc, mon cher chéri, je t’embrasse et te respire partout, ma tubéreuse de Nice, mon jasmin de Grasse, ma baie de laurier de Nîmes. » (lettre 16)

- « Au lac de tes yeux très profond
Mon pauvre coeur se noie et fond
Là le défont
Dans l’eau d’amour et de folie
Souvenir et mélancolie » (lettre 17)

L'auteur

Guillaume Apollinaire, grand poète du début du XXème siècle, est né à Rome en 1880 d’une mère polonaise. Il est « mort pour la France » le 9 novembre 1918, des suites d’une grave blessure à la tête. 

Il est l’auteur de plusieurs recueils célèbres, tels « Alcools" et « Calligrammes ». Il est aussi l’auteur de deux  correspondances avec Lou puis avec Madeleine Pages, publiées tardivement.

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