Nature morte dans un fossé

Un kaléidoscope novateur, ludique, percutant, en osmose avec le public
De
Fausto Paravidino
Mise en scène
Céline Lambert
Avec
Gwanaëlle Hérault, Medhi Harad, Romain Pirosa, Melchior Carrelet, Isabelle Couloigner, Raphaël Beauville (et Clémence Boisnard dans le rôle d’Elisa)
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Manufacture des Abbesses
7 rue Veron
75018
Paris
0142334203
Jusqu'au 11 juin: le jeudi, vendredi, samedi à 21h

Thème

Dans une petite ville d’Italie du nord, sur une route nationale, Boy, un jeune homme très éméché,  percute un arbre et découvre, dans le fossé, le cadavre nu et couvert de sang d’une jeune fille battue à mort. L’enquête démarre et l’on apprend très vite que, derrière l’image de petite fille sage d’Elisa Orlando, coexistait une jeune fille décomplexée aimant le sexe et la drogue, qui côtoyait les pires « toxicos » de la ville.

Points forts

1 – La force de la pièce réside dans son aspect novateur. On assiste à des monologues successifs, dans des situations où le personnage le plus important joue tous les rôles de ceux qui l’entourent. Et pourtant c’est du théâtre. Nous entrons immédiatement dans leur jeu et participons à l’enquête.

2 – L’auteur est aussi cinéaste. Céline Lambert, metteur en scène a disposé un écran, en fond de scène, qui diffuse des images nous mettant en immersion totale avec la situation. Nous découvrons ainsi ce qu’était la vie de la jeune victime et l’aspect double de sa personnalité. A chaque séquence, nous sommes plongés dans l’ambiance et la couleur très significative d’un moment.

3 – La qualité de la mise en scène, fluide, rythmée, jouant sur un dispositif très léger, qui métamorphose le plateau au gré des séquences de ce polar théâtral. C’est la magie du théâtre ludique, où un rien devient « un signifiant » très accessible au public qui adhère aussitôt.

4 – La violence du sujet est compensée par un humour percutant, voire brutal, allant jusqu’à la drôlerie, grâce à ces jeunes « paumés », dans une aventure qui les dépasse. Chacun joue sur ses propres peurs, ses angoisses, sa détresse, dans une cadence souvent débridée où le mime prend une part active.

5 – J’ai aimé les comédiens qui entrent parfaitement dans ce jeu perpétuellement double, voire multiple : Raphaël Beauville (Cop), très juste dans son rôle de flic désabusé, qui ne dispose que de quelques heures pour résoudre l’affaire ; Gwanaêlle Hérault (Mother), toute de dignité dans son deuil, qu’elle incarne avec pudeur, tout en interprétant son mari et ses silences ; Isabelle Couloigner  remarquable dans ce personnage tendre et poignant de Bitch (jeune fille étrangère rêvant de musique mais condamnée au trottoir) ; Mehdi Harad (Pusher), guère sobre, en dealer, mais d’une drôlerie irrésistible. Tous sont crédibles et participent  à la réussite de la soirée.

Quelques réserves

Je n’en ai pas trouvé.

Encore un mot...

Ce spectacle novateur dans sa forme et dans son écriture, se montre  plus révélateur des problèmes inhérents à une société en mal être, que beaucoup de démonstrations plus intellectualisées vues ailleurs. Ce Kaléidoscope de personnages colorés, évolue dans un rythme fou, avec une efficacité redoutable et drôle, en dépit de la tragédie du propos. A voir résolument.

Une phrase

Un mot de l’auteur : «  Je souhaite raconter le contemporain comme s’il était classique. Je demande aux acteurs de se servir de leur art non pas pour montrer à quel point ils sont différents de nous, mais pour montrer combien leurs personnages nous ressemblent… »

L'auteur

Né à Gênes en juin 1976, Fausto Paravidino est acteur, à la scène et à l’écran, metteur en scène, scénariste, mais s’exprime le plus souvent par le théâtre, à la recherche de nouvelles formes dramatiques. Il a écrit douze pièces et est aujourd’hui l’un des plus brillants représentants de la dramaturgie européenne. Auteur à suivre, donc

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