Premier Amour

Pour la performance de Christophe Collin
De
Tomas Beckett
Lumières: Dominique Breemersch
Mise en scène
Jacques Fontaine
Avec
Christophe Collin
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre des Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001
Paris
0142360050
Jusqu'au 5 juillet

Thème

Un homme seul, qui a l'air d'un vagabond, se rappelle son histoire, assis ou allongé sur un banc: il plonge dans le passé devant la tombe de son père, puis il évoque Lulu-Anne, son premier amour. Il l'a rencontrée sur un banc, elle l'a amené chez elle, elle est devenue sa maîtresse, sans que de vrais sentiments semblent apparaître. 

La personnalité de la femme se dévoile peu à peu: prostituée, dévouée au héros, puis enceinte. L'homme semble assez indifférent, et redoute cette grossesse, il est pris de panique en entendant les cris de l'accouchement, et il se sauve pour retomber dans sa solitude et le silence. 

C'était son premier amour, qui l'a fait sortir un moment de ses automatismes et de ses obsessions.

Points forts

1) C'est une extraordinaire performance d'acteur: seul en scène pendant plus d'une heure, Christophe Collin varie suffisamment le ton et les mimiques pour éviter une excès de monotonie. Son élocution est saccadée, sa manière de se mouvoir sur la scène aussi: de cette façon, il fait comprendre le caractère automatique et obsessionnel de son personnage.

2) Il fait apparaître un contraste chez ce héros, presque demeuré et en même temps sarcastique, qui porte un regard décalé sur lui-même.

3) Il fait vivre l'autre personnage, Lulu-Anne, par les mots: on ne la voit pas, mais son profil se dessine peu à peu par les remarques décousues du héros.

4) Les différents moments sont rythmés par la lumière: un gros compteur électrique fait apparaître la scène dans la clarté ou dans un semi-obscurité.

5) Une conception de la vie, de la mort et de l'amour transparaît au travers du texte.

Quelques réserves

1) A l'origine," Premier amour" est une nouvelle, écrite en 1945 et publiée en 1970. Elle a été jouée par Michael Lonsdale et Samy Frey. La qualité de l'acteur n'est pas en cause, mais on retombe dans l'écueil des textes qui ne sont pas faits à l'origine pour le théâtre: monotonie, caractère statique...

2) Le message de l'auteur a parfois du mal à apparaître à travers le texte: que veut-il montrer? La réponse n'est pas toujours évidente.

3) Ce n'est ni un point faible ni un point fort, mais une question que je me suis posée: Christophe Collin fait rire ou sourire sur la scène, beaucoup plus qu'on ne le penserait à la lecture du texte. Est-ce une transformation pour rendre la pièce moins difficile à écouter, ou est-ce une interprétation fidèle du texte, qui fait ressortir un rire grinçant moins évident à la lecture? 

Encore un mot...

Une remarquable performance d'acteur sur un texte difficile à adapter au théâtre.

Une phrase

- "J'eus à le défendre contre un sentiment qui s'arrogeait peu à peu, dans mon esprit glacé, l'affreux nom de l'amour."

- "Ce qu'on appelle l'amour, c'est l'exil, avec de temps en temps une carte postale du pays, voilà mon sentiment ce soir."

L'auteur

Thomas Beckett est né en Irlande en 1906. Il a fait ses études de philosophie et de langues romanes à Trinity College. Et fut lecteur à l'ENS Ulm en 1928. 

En 1939, il vient en France et s'engage dans la Résistance. Il écrit en anglais jusqu'en 1944, puis en français.

Après plusieurs romans et nouvelles, il écrit des pièces qui deviendront célèbres, telles que: "En attendant Godot", en 1948; et "Oh les beaux jours", en 1961. 

Il meurt en 1989.

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