Une Vie

Texte, interprétation: à voir pour quelques passages exceptionnels
De
Pascal Rambert
Mise en scène
Pascal Rambert
Avec
Cécile Brune, Denis Podalydès, Alexandre Pavloff, Hervé Pierre, Pierre Louis-Calixte, Jennifer Decker et Anas Adibar, Nathan Aznar, Ambre Godin, Jeanne Louis-Calixte
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Vieux Colombier,
21 rue du Vieux Colombier
75006
Paris
01 44 58 15 15
Jusqu'au 2 juillet: Mercredi au samedi: 20h30. Dimanche: 15h. Mardi: 19h.

Thème

Dans un studio de radio, un peintre figuratif que l’on devine célèbre (Denis Podalydès), est interviewé par un critique d’art (Hervé Pierre) qui cherche à comprendre son œuvre et à sonder sa personnalité complexe et brillante, mais également froide et cynique. Durant l’interview, les personnages de sa vie apparaissent tour à tour dans des scènes oniriques, dont les dialogues révèlent les turpitudes et les obsessions d’un artiste narcissique, parfois cruel et désinvolte.

Points forts

- Le naturel des dialogues, les joutes verbales et l’intelligence des propos emmènent le spectateur dès le début de la pièce. Au fil des scènes, le spectateur est captivé par les fulgurances et la force du texte.

- Denis Podalydès incarne son personnage avec une évidence totale. Cécile Brune (la mère) et Alexandre Pavloff (le frère) jouent également avec talent des personnages « extrêmes ». Enfin, Jennifer Decker dans le rôle d’Iris, muse et amante vampirisée et dévastée, porte une scène d’une intensité exceptionnelle.

- L’auteur crée dans cette pièce de véritables moments de grâce et d’émotion. Lorsque le peintre, qui aime dire les noms des végétaux qu’il peint en forme de litanie, est rejoint par l’interviewer dans un duo époustouflant. La scène du frère, humilié et ignoré, restitue dans un monologue d’une grande justesse la dureté d’une enfance vécue dans l’ombre du fils préféré. Iris, la muse sacrifiée dans l’ombre de l’épouse officielle, se livre à un constat violent et lucide du cynisme de l’artiste dans une scène remarquable.

Quelques réserves

- Des personnages trop caricaturaux, comme celui de la mère abusive et incestueuse, qui emprunte trop à Freud ou aux excès de Georges Bataille. Le personnage du Diable (son ami d’enfance) est surfait et manque de  crédibilité.

- Des clichés et des artifices qui affaiblissent l’originalité du texte. On a parfois l’impression que l’auteur et ses personnages en font trop. Les moments de grâce disparaissent derrière un texte trop appuyé, qui en rajoute inutilement.

Encore un mot...

Une pièce qui séduit par son univers particulier, dans lequel on plonge immédiatement. Dans un décor épuré, la mise en scène en tableaux successifs sert parfaitement les personnages et dessine le portrait d’un artiste contemporain et caractéristique de notre époque. En creux se révèlent aussi des personnages ambigus dans leur relation avec l’artiste. Victimes consentantes, amères, hypocrites ou envieuses…la pièce n’épargne pas les travers humains face au succès.

Une phrase

- « C’est toujours la forme qui est révolutionnaire. Pas le sujet. […] Peindre un tableau qui dit que la guerre c’est mal – c’est bien, mais après?

Je préfère en faire cent qui ne disent rien d’autre que ce qu’ils sont : "Bosquet près d’un lac". "Pivoines au jardin". […] Et que chacun soit gorgé de vie. »

- « Les artistes ne se voient jamais tels qu’ils sont. C’est sans doute pas plus mal ».  

L'auteur

Après un passage à l’École de Chaillot avec Antoine Vitez, Pascal Rambert alterne l’écriture et la mise en scène, puis devient metteur en scène de ses propres pièces. Il est également acteur, réalisateur et chorégraphe. 

De 2007 à fin 2016, il a dirigé le T2G-théâtre de Gennevilliers qu'il a transformé en centre dramatique national de création contemporaine. 

Ses créations connaissent un succès international (Europe, Russie, Moyen-Orient, Asie, Amérique du Nord, Amérique centrale et Amérique du Sud). Il est notamment l'auteur de Clôture de l’amour qui a obtenu le Grand prix de littérature dramatique 2012 et de la meilleure création de pièce en langue française pour la saison 2011-2012. Il a reçu le Prix du Théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre dramatique en 2016.

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