La Maison de Bernarda Alba

De
Federico García Lorca
Mani Müller
Mise en scène
Carole Lorang
Avec
Rita Bento Dos Reis, Camille Grandville, Sylvie Jobert, Nina Krasnikova, Bach-Lan Lê-Bà Thi, Véronique Nosbaum, Renelde Pierlot et Jérôme Varanfrain

Musiciens Florian Appel et Franz Leander Klee

Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis boulevard de la Chapelle
75018
Paris
01 46 07 34 50
ATTENTION: FIN DES REPRESENTATIONS LE 15 FEVRIER

Thème

Après la mort du père, une veuve, Bernarda Alba, enferme dans la maison pour un deuil de 8 ans, sa mère, ses 4 filles et ses domestiques. Elle même, esclave de la tradition et des règles sociales, règne sur toutes ces femmes, les assujettissant à ses moindres volontés. De ce huit-clos mortifère naissent des haines, des frustrations, des révoltes et le besoin de liberté et d'amour qui va mener au drame.  

Points forts

1 Un texte magnifique écrit en pensant à l'Espagne rigide et sclérosée basculant dans le franquisme. A l'image du pays, la maison murée stigmatise un univers dans lequel les personnages féminins, prisonniers volontaires ou non, sont en quête de leur autonomie. C'est un homme vivant à extérieur, pour lequel les sœurs se déchireront, qui sera le détonateur du drame final. Une lutte pour la vie qui se terminera dans le sang et le "silence" des conventions !

2 Bravo aux 4 sœurs qui mettent bien en lumière leurs tempéraments respectifs et la progression dramatique de l'œuvre. Chacune souffre à sa manière, leurs cris résonnent comme des musiques barbares.
Martirio (Rita Reís) est particulièrement impressionnante en furie jalouse et amère. 
Angustias (Jérôme Varanfrain), personnage masculin-féminin de la pièce, jouant la sœur aînée, apporte au personnage une ambiguïté qui dérange et finalement apporte beaucoup à la lecture. 

3 Les domestiques de la maisonnée sont très présentes dans le texte: 
 - La Poncía (Anne Lévy) est à elle seule un monument de présence. Elle règne magistralement sur le début de la pièce, imposant sa stature et sa voix. Elle éructe sa haine pour Bernarda auprès de laquelle elle a pourtant choisi de rester vivre, dans un beau moment de scène. Tout au long de la pièce, elle conserve son impressionnante  autorité. 
 - Olga (Nina Ros) joue bien juste, son rôle de jeune employée de maison, également confidente. 

4 Le personnage de la grand-mère María Josefa (Véronique Nosbaum) est captivant. 
Elle oscille entre lucidité et rêves éveillés. Sous la vieille femme folle, enfermée dans la solitude de sa chambre, affleure une jeune fille qui elle aussi rêve de liberté pour aller " se marier au bord de la mer" et serrer sur sa poitrine une "buche-brebis-enfant". J'ai adoré ce personnage décalé et poétique qui hante la maison.

5 Beau décor austère, tout de bois, immenses volets à lattes vertes sur un parquet simplement posé sur la terre et des feuilles. La poésie s'infiltre malgré tout dans la maison-prison, également par la lumière qui devient actrice du drame. Autour, tout est noir. Seule l'espace-scène est éclairé, mettant en mouvement les robes des femmes, noires ou vivement colorées, accusant l'impression de vie emmurée.  
Musique de la maison qui grince, chante et bruisse. Parle aussi. Étrange et inquiétante sensation. 

Quelques réserves

Bernarda (Sylvie Jobert), la mère tyrannique, qui ne m'a pas touchée ni convaincue. Elle m'a semblée en dehors de son personnage. Moins habitée que les autres acteurs. Dommage car elle est le point focal de la pièce.

Encore un mot...

L'intemporalité de cette belle pièce sur la femme est saisissante et captivante. 
Elle ne laissera personne insensible ni indemne. Le cadre magnifique du théâtre des Bouffes du Nord lui offre un écrin à sa dimension.

L'auteur

"La Maison de Bernarda Alba" est la dernière oeuvre de Federico Garcia Lorca. Il l'a écrite en 1936, au tout début de la guerre civile espagnole, dans la prison où l'avaient jeté les Franquistes, deux mois avant son exécution.

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