MICHEL-ANGE

Michel-Ange est confronté à la fièvre et à la folie de sa force créatrice… magistral !
De
Andreï Konchalovsky
Vidéo DVD et Blu-ray – Editions UFO -
Bonus vidéo : présentation du film et du réalisateur par Joël Chapron, historien du cinéma russe (20’), documentaire sur le tournage (25’), dossier iconographique vidéo.
Avec
Alberto Testone, Jakob Diehl, Francesco Gaudiello…
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Selon le réalisateur, Michel-Ange est un film qui a été conçu comme une « vision », genre littéraire très populaire au Moyen Âge, qui invitait à un voyage guidé dans l’au-delà. Il n’est donc pas à proprement parler une biographie de l’artiste mais plutôt l’évocation de son parcours et de ses tourments dans les méandres de la création. 

Le film débute par une séquence sur le peintre-sculpteur. Il est de dos, en haillons crasseux et chemine sur une route qui mène à Florence. Venant d’achever le monumental plafond de la Chapelle Sixtine, il s’interroge à haute voix : comment pourra-t-il finir la sépulture aux quarante statues de marbre que lui a commandée le pape Jules II avant sa mort ? Déjà, cette première scène donne à comprendre les tiraillements d’un artiste écartelé entre des contingences bassement matérielles - dont il se ficherait si elles ne l’empêchaient de travailler - et sa quête obsessionnelle et si mystique, de la beauté… Le marcheur halluciné entre ensuite dans une auberge et se retrouve à une table en compagnie de son père et de son frère pour parler d’argent. Jusqu’à sa fin, le film, qui va nous emmener de Florence à Carrare en passant par Rome, va garder ce parti-pris de ne donner à voir que des scènes de la vie quotidienne (superbement éclairées) pour atteindre ce seul objectif : faire ressentir la fièvre de la création chez un homme égocentrique et dur, inspiré et torturé, qui vécut toute sa vie dans la boue et la pauvreté, mais n’aspira qu’à la beauté. On est sur Terre, mais on a l’impression de tutoyer les dieux.

Points forts

Rendre hommage à l’un des artistes les plus immenses de l’histoire de l’humanité, sans jamais le voir au travail… le parti pris de ce film laisse bouche bée. C’était un pari fou. Konchalovsky le gagne parce que d’un bout à l’autre, son Michel-Ange donne l’impression d’être porté par cette force tellurique et mystérieuse, qui fait, de certains hommes, des artistes.

La beauté est partout, dans les cadrages, dans la composition de chaque plan, dans la photo (clairs-obscurs sublimes), dans les dialogues aussi, aiguisés et imagés comme rarement. On est fasciné par le culot du cinéaste à faire se côtoyer des éléments antinomiques : fracas et silence, raffinement et trivialité, vie et mort, espoir et désespérance, blancheur éclatante du marbre et noirceur de la glaise d’où l’on s’échine à extraire le minéral brut. Dans ce film qui nous confronte à l’art et à ses mystères, aucune considération théorique, mais des propos constamment concrets, pour nous rappeler que le temps de la création est celui du labeur, pas celui de l’analyse. Cela n’amoindrit pas l’ambition de l’œuvre, mais la met à la portée de tous, la rend compréhensible par tous. 

Les séquences d’extraction des blocs de marbre à Carrare sont spécialement saisissantes et spectaculaires. On imagine comme il a été compliqué, pour le réalisateur et son équipe de décorateurs, de les reproduire telles qu’elles avaient dû se passer au XVI° siècle. 

Et puis, il y a la distribution, irréprochable, portée par un acteur d’exception, Alberto Testone. Dans le rôle-titre, le comédien, qui joua jadis chez Pasolini, livre une composition d’une justesse hallucinante.

Quelques réserves

Je n’en vois aucun.

Encore un mot...

Les films qui donnent accès aux coulisses de la création, sans en rajouter dans l’esthétisme, la sophistication, les effets spéciaux et les commentaires fumeux, sont très rares. Il faut donc saluer ce Michel-Ange éblouissant de puissance, d’intelligence et de simplicité et qui, de surcroît, a le mérite de faire revivre la Renaissance dans tout son foisonnement et son charivari. Sorti le 21 octobre dernier sur les écrans, soit dix jours avant le confinement, ce film, encensé (presque unanimement) par la critique n’avait pas pu avoir la carrière qu’il mérite. Sa sortie en DVD, Blu-ray cette semaine lui offre une seconde chance.

Une phrase

« Je voulais montrer non seulement l’essence de Michel-Ange, mais également les couleurs, les odeurs et les saveurs de son époque, sanglante et cruelle, mais belle et inspirée. La poésie du film vient de l’entrelacement de la barbarie, omniprésente à l’époque et de la capacité de l’œil humain à capturer l’éternelle beauté du monde et de l’humanité, qui devrait être transmise aux générations à venir ». (Andreï Konchalovsky, réalisateur).

L'auteur

Né à Moscou en 1937 dans une famille d’intellectuels et d’artistes, Andreï Konchalovsky (de 

son vrai nom, Mikhalkov) commence par étudier le piano pendant dix ans. Une rencontre avec Andreï Tarkovski l’oriente vers le cinéma. D’abord scénariste, il écrit une trentaine de scénarios. En 1965, il réalise son premier long métrage, Le premier maître. Si les autorités soviétiques accueillent favorablement ce premier opus, elles rejettent, l’année suivante, Le bonheur d’Assia, parce qu’il donne une image trop réaliste de la misère paysanne (interdit de salle pendant 20 ans, ce film sera considéré comme un chef d’œuvre quand on aura enfin le droit de le visionner, en 1988).  Le cinéaste « censuré » se tourne alors  vers l’adaptation de classiques russes, Tourgueniev et Tchekhov, avant de réaliser, en 1979, Sibériade. Conçue en quatre parties, cette fresque gigantesque sur la vie en Sibérie au XX° siècle lui vaut le Grand Prix du Festival de Cannes 1979. Elle lui permet aussi de s’exiler aux Etats-Unis en 1980. Après quelques films à Hollywood, dont Maria’s Lover en 1984 et Runaway train en 1985, le réalisateur revient dans son pays, où il continue de tourner – notamment, Le Cercle des intimes, en 1991, Les nuits blanches du facteur ( Lion d’argent à Venise en 2014), et Paradis ( également Lion d’argent à Venise en 2016) – tout en mettant en scène, parallèlement, à travers le monde, de nombreuses pièces et opéras.

C’est en 2012 que ce cinéaste ondoyant et divers a commencé à penser à un film sur Michel-Ange. Il lui aura fallu 8 ans pour mener à bien son projet.

Et aussi

 

- A DARK, DARK MAN de ADILKHAN YERZHANOV - Avec DANIAR ALSHINOV, DINARA BAKTYBAEVA, TEOMAN KHOS…

Bekzat est un jeune policier, mais il connaît déjà toutes les ficelles de la corruption des steppes kazakhes. Aussi, lorsque son supérieur lui demande d’étouffer une nouvelle affaire de crime pédophile en transformant en coupable un « simple d’esprit » privé de parole, il s’apprête à obéir, moyennant, évidemment, finances. Une journaliste parachutée « d’en haut » pour enquêter sur ce crime va lui mettre des bâtons dans les roues. Cela  aura pour conséquence de l’amener à une prise de conscience… 

Deux ans après La Tendre Indifférence du monde, une romance d’une flamboyante noirceur, Adilkhan Yerzhanov continue de dénoncer la corruption généralisée de son pays. Mais avec ce sublime polar, peuplé de salauds ligotés par l’argent et la peur, il le fait de manière plus frontale. La sauvagerie – visible ou simplement menaçante – s’invite dans tous les plans, ou presque. Peu ou pas de mots : ils seraient superfétatoires tant le cinéaste kazakh sait donner sens à chacune de ses images. Sens, et aussi, beauté et poésie, qui surgissent de manière inattendue, même au cœur des  séquences les plus dramatiques ou sanglantes. Dans ce film si sombre, d’une amplitude exceptionnelle,  Yerzhanov n’oublie pas non plus de convoquer, tour à tour ou ensemble, le burlesque, la naïveté, la cocasserie et l’absurde. Respirations opportunes qui permettent de regarder ce récit glaçant et désenchanté avec jubilation.

La sortie en DVD de ce drame policier arrivé sur les grands écrans français le 14 octobre dernier s’accompagne d’une passionnante interview de son réalisateur.

Recommandation : Excellent.

Sortie DVD- Arizona Distribution.

Bonus vidéo : interview exclusive de Adilkhan Yerzhanov, bande-annonce (1’32’’).

 

– CYRIL CONTRE GOLIATH de THOMAS BORNOT – DOCUMENTAIRE.

Au début des années 2000, Pierre Cardin s’éprend de Lacoste, un ravissant petit village médiéval de 400 habitants, situé dans le Lubéron, à 2h30 en TGV de Paris. Il achète d’abord son château, qui fut celui du marquis de Sade, pour le rénover et y créer un festival d’art lyrique, puis il acquiert une quarantaine de maisons et une dizaine de boutiques, et il annonce, à grands coups de trompettes médiatiques, qu’il va les réaménager pour faire revivre le lieu, en faire le « Saint-Tropez de la culture ». Las !… Pour s’éviter des tracas de gestion, le nouveau seigneur du village va laisser ces habitations à l’abandon, laissant Lacoste sombrer peu à peu dans une torpeur mortifère…

A la fois ulcéré et attristé par cette situation, un enfant de ce village monté à Paris, l’écrivain Cyril Montana décide de tenter de faire bouger les choses. Il contacte le réalisateur Thomas Bonnot. L’homme des mots et celui des images vont, ensemble, réaliser un documentaire… Le 9 septembre dernier, Cyril contre Goliath sort en salles. S’il n’est pas exempt de défauts (par-ci, par-là, des longueurs et des considérations inutiles ), il n’en est pas moins réjouissant et édifiant. L’histoire qu’il raconte, parfois avec humour, tout le temps avec beaucoup d’engagement, est aussi haletante qu’insensée. Vous l’aviez raté ? Le voici qui sort en DVD.

Recommandation : Bon.

Sortie DVD – JHR films

Bonus vidéo :  Entretiens avec Thomas Bonnot et Cyril Montana (39’) et Sauvons Lacoste, les habitants s’engagent (3’)

 

–  CHARLIE ET SES DRÔLES DE DAMES de McG – Avec DREW BARRYMORE, CAMERON DIAZ, LUCY LIU, BILL MURRAY…

Eric Knox est un inventeur de génie. As de l’informatique, il a mis au point un logiciel révolutionnaire. Mais il est kidnappé. Trois agents qui travaillent pour Charlie, un millionnaire bienfaiteur, sont chargés de le récupérer. Ces agents sont trois « drôles de dames ». Formé pour des actions choc, ce trio chic pratique le kung fu sur des talons aiguilles, joue du coup de poing sans jamais se casser un ongle et change de costume aussi vite que le meilleur des illusionnistes.

Forcément, avec ces trois-là, ça va pulser !

Quand il sortit en 2000, Charlie et ses drôles de dames ( inspiré d’une série-télé culte des années 70 ) ne revendiqua rien d’autre que d’être une comédie de pur divertissement portée par trois actrices aussi « punchy » que ravissantes, douées, en plus, d’un grand sens de l’humour et de la dérision. Comme il n’avait d’autre prétention, il reçut un accueil chaleureux et bon enfant. Aujourd’hui, on attend des rôles féminins qu’ils aient plus de consistance. Mais pourquoi bouderait-on la ressortie de ce film ? Au contraire. Charlie et ses drôles de dames a le charme des œuvres du passé. Il a en plus du rythme et du peps, il est divertissant et sexy en diable, et il nous est présenté dans une superbe version HD, avec des bonus à foison. Idéal pour une soirée en famille! 

Recommandation : Bon.

Sortie 4K Ultra HD + Blu-Sony pictures

Bonus vidéo :

4K Ultra HD : découvrez le nouveau Charlie’s Angels, bande-annonce.

Blu-ray : Commentaire  de McG et de Russell Carpenter, le directeur de la photo ; 3 scènes supplémentaires (VOST), un documentaire de 5mn sur les décors, un documentaire de 6mn sur McG, un documentaire de 6mn sur les cascades, un documentaire de 3mn sur les costumes, un documentaire de 7mn sur les effets spéciaux, un bêtisier de 3mn, un teaser, une bande-annonce et deux clips musicaux.

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