The Cut: La Blessure

De
Fatih Akin
Avec
Tahar Rahim (Nazaret Manoogian) Simon Abkarian (Krikor), Makram Khoury (Omar Nasreddin) Hindi Zahra (Rakel)
Notre recommandation
3/5

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Vu
par Culture-Tops

Thème

Dans le tumulte de la première guerre mondiale, en 1915, alors que l’armée turque s’attaque aux arméniens, dans la petite ville d’Anatolie, Mardin, le temps semble pourtant suspendu. Joie de vivre, prospérité et solidarité animent la communauté arménienne. Auprès de sa femme et de ses deux filles jumelles, Nazaret Manoogian, jeune forgeron talentueux et respecté, se plaît à évoquer le reste du monde et ses grandes capitales. Il  apporte à ses deux filles éducation et culture. Mais l’histoire les rattrape et des soldats turcs emmènent Nazaret, avec d’autres Arméniens. Ils sont enrôlés, soi-disant, pour combattre les alliés. Réduis à la construction d’une route dans le désert, ils réalisent le sort funeste auquel ils vont être confrontés. Le génocide prend alors sa forme la plus terrifiante. Les Arméniens sont déportés, ils entament « la Grande marche ou marche de la mort » et se font massacrer dans les déserts de Syrie et de Mésopotamie, sur ordre du gouvernement ‘’Jeunes Turcs’’ de l’Empire Ottoman.

Nazaret, séparé de sa femme et de ses deux filles, observe, apprend, subit, ressuscite, survit dans l’espoir de retrouver sa famille. Par un coup violent porté à ses cordes vocales, Nazaret devient alors le symbole de la double blessure arménienne, un peuple décimé et réduit au silence.Rescapé du génocide, il se lance dans une quête éperdue, du désert de Mésopotamie aux confins du Dakota.

Points forts

-         Des paysages à couper le souffle (Cuba, Canada, Jordanie, Allemagne et Malte).

-         La musique d’Alexander Hacke. Une belle musique électro, voire métallique, qui soutient avec audace le contexte dramatique et parfois insoutenable.

-         Des personnages touchants et émouvants, dont les gros plans, précis et minutieux, ne peuvent laisser le spectateur indifférent.

-         Un acte courageux de la part du réalisateur sur un sujet toujours aussi tabou.

-      Une scène du ‘’Kid’’ de Charlie Chaplin, poignante et drôle, déclenche un besoin inconditionnel et un déterminisme sans faille du héros, de retrouver ses filles dans un contexte surréaliste.

-       Une grande sincérité.

Quelques réserves

-         Un sujet puissant abordé de manière très consensuelle et conventionnelle.

-         Un ensemble séduisant mais qui peine à être crédible.

-         Une intention louable de dénoncer le génocide mais trop hésitante.

-         Une épopée invraisemblable qui ajoute au ridicule de certaines scènes.

-         Un rythme lent, parfois langoureux.

-         Tahar Rahim est parfois trahi par la pesanteur de son rôle.

Encore un mot...

The Cut est le troisième volet d’une trilogie ayant respectivement pour thèmes l’Amour, la Mort et le Diable. Ce film se centre sur la fragile frontière qui peut exister entre le bien et le mal.

Fatih Akin fait preuve de courage en brisant l’omerta qui pèse encore sur le génocide arménien.Une bravoure d’autant plus significative et remarquable qu’il est allemand, d’origine turque. Il traite de la guerre et des migrations forcées, mais aussi de la puissance de l’amour et de l’espoir, qui suffit à déplacer des montagnes.

Sans doute par méconnaissance ou par ignorance, ce film, tout à la fois nous touche, nous trouble, dérange, dénonce, mais avec un arrière-goût de complaisance. On a le sentiment qu’il ne va pas au bout de sa démarche. Il aborde mais il n’aboutit pas. Malgré un perfectionnisme évident et une recherche manifestement très documentée, on ressent plus un acte de contrition qu’une réelle dénonciation de l’horreur. L’origine turque de l’auteur n’est sûrement pas indifférente à la frilosité de ce film. 

Après une courte première partie qui aborde le sujet principal, le génocide et ses conséquences politiques, économiques et sociales, le film tombe parfois dans le ridicule d’une quête surréaliste d’un père à la recherche de ses filles. Une quête semée de rencontres improbables qui semblent souvent irréalistes.

Cette odyssée a la couleur de l’ambition, l’odeur du courage, la volupté de l‘émotion, le goût du beau, mais peine à donner l’allure d’une fresque historique.

L'auteur

Fatih AKIN, né en Allemagne en 1973, est d'origine turque. Réalisateur, scénariste, producteur, il a écrit très jeune des scénarios jugés intéressants par des producteurs qui l'ont encouragé à poursuivre une formation dans cette voie. Dès 1995, il réalise des courts métrages remarqués et, à partir de 1998, dix  longs métrages dont "The Cut".

Présenté en sélection officielle au festival de Cannes, en 2014, The Cut a été mis hors-course. Il s'est alors retrouvé en compétition à Venise. La réaction vénitienne a été nettement plus enthousiaste. 

Certains de ses précédents films ont été récompensés: "l'Autre côté", film très sensible et intelligent, a reçu le prix du scénario en 2007 à Cannes; "Soul Kitchen", le grand prix de la Mostra de Venise en 2009.

The Cut a, de l'aveu de son réalisateur, été influencé par "America, America"  d'Elia Kazan, les travaux de Martin Scorsese et Bernardo Bertolucci, la science du cadrage de Sergio Leone, et l'utilisation de la lumière de Terence Malik.

Commentaires

Jac
mer 31/05/2023 - 23:18

Bourré de clichés, scénario lamentable, acteurs nuls, comment le réalisateur de HEAD ON a-t-il pu se fourvoyer dans une telle bouse ?

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