Poursuite

Un thriller psychologique, un amour inconditionnel, une culpabilité mortifère
De
Joyce Carol Oates
Traducteur : Christine Auché -
Philippe Rey, mars 2021 (2019 Etats-Unis) -
164 pages - 20 euros
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Un amour inconditionnel et une empathie hors norme permettront de dénouer les pires traumatismes de l’enfance et de guérir l’être aimé de sa culpabilité mortifère.

Points forts

- L’écriture efficace au service de ce thriller psychologique qui tient en haleine du début à la fin ; la construction complexe, faite de retours en arrière, permettant de dénouer petit à petit l’intrigue dramatique.

- Le talent de l’auteure pour nous rendre attachants les deux jeunes protagonistes, qu’elle éclaire par touches en décryptant leur personnalité opposée. 

- Un remarquable roman, intimiste, abordant néanmoins un aspect sociologique, le traumatisme des vétérans de la guerre d’Irak.

- Le style sublime au service de l’émotion qui empoigne le lecteur jusqu’à la conclusion libératrice

Quelques réserves

S’il faut en trouver un : les passages en italique correspondant, le plus souvent, aux monologues intérieurs des personnages peuvent déconcerter des lecteurs non familiers de l’auteure, qui utilise ce procédé de forme dans certains de ses romans.

Encore un mot...

Pourquoi Abby, au lendemain de son mariage avec Willem, se fait-elle  renverser par le bus dont elle vient de descendre, à la mauvaise station ? Pour répondre à cette question, son jeune mari se lance à la poursuite des secrets d’Abby. Willem, pétri d’amour pour sa jeune épouse, n'aura de cesse de démêler l’écheveau de son lourd passé qui se manifeste par des cauchemars répétitifs. 

Ainsi, il lui permettra de remonter à la source de son malheur : son enfance brisée, à l’âge de cinq ans, par la disparition de ses parents dont elle se considère à l’origine, accréditant les soupçons de son père sur l’infidélité de sa mère. Son  père, vétéran de la guerre d’Irak, blessé dans sa chair et son esprit, pensant que son pays l’a trahi, se persuadant d’une autre trahison, celle de sa famille.

Orpheline, Abby  se murera dans le déni et la culpabilité et il faudra la persévérance, la patience et la tendresse, toutes qualités de Willem, pour la conduire à sa résurrection.

Une phrase

«  A quoi étais-tu en train de penser quand c’est arrivé ? Il faut que tu t’en souviennes.
Je crois que tu le sais. Je crois que tu dois me le dire. Pour nous deux, il faut que tu t’en souviennes et que tu parles franchement.
Ce moment-là. Juste avant que ça arrive.
Il faut qu’on revienne à ce moment- là.
Quand tu es sortie du bus. Quand tu es restée debout sur le trottoir.
Quand tu es descendue du trottoir.
Si tu l’as fait par accident ou – délibérément.
Il faut qu’on poursuive dans cette direction. Il faut qu’on sache.
Tu as eu un poumon perforé. La clavicule et cinq côtes cassées. Le crâne fêlé en une demi-douzaine d’endroits. Ton cerveau a été meurtri, lacéré. Ce qui risque de provoquer des caillots sanguins dans le cœur.
D’après le chauffeur du bus - tu avais l’air d'« être en train de décider quelque chose ».
Il faut qu’on revienne à ce moment-là. Il faut qu’on sache pourquoi.
Pourquoi as-tu fait ce que tu as fait, ce que tu étais en train de penser quand c’est arrivé. Quand tu es descendue du trottoir.
Le lendemain matin de notre mariage. »

L'auteur

Joyce Carol Oates, née en 1938 est une auteure prolifique : elle écrit depuis l’adolescence et publie une première nouvelle à 19 ans ; son premier ouvrage important de nouvelles By the North Gates sort en 1963. Depuis elle a publié une centaine d’ouvrages, nouvelles, essais, poésie, théâtre, romans dont des tétralogies et des sagas ; elle s’est essayée également aux romans policiers sous des pseudonymes.

En parallèle, elle mène une carrière de professeure de Littérature anglaise et de création littéraire. Son œuvre est un reflet de la violence qui sévit dans la société américaine, en particulier le racisme et les tensions sociales. Blondie (Blonde, Stock, 2000), inspiré de la vie de Marilyn Monroe, lui a valu les meilleures critiques dans le monde entier. Falls (Les Chutes, Philippe Rey, 2005) a remporté le prix Médicis étranger en 2004.

Récompensée par de nombreux prix dont le National Book Award pour Them (Eux, Stock) en 1970,  elle est régulièrement pressentie pour le Prix Nobel de Littérature.

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