De Gaulle, le dernier réformateur

Du grain à moudre et à trier...
De
Jean-Louis Thiériot
Editions Tallandier
Notre recommandation
3/5

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Thème

Manifestement en France, la réforme est un exercice délicat sur lequel les gouvernements se sont cassé les dents pendant les trois dernières décennies. Jean Louis Thiériot croît avoir trouvé la solution qu’il expose dans De Gaulle, le dernier réformateur, sous-titré –et cela n’est pas anodin – 7 leçons de l’histoire pour Emmanuel Macron. Il s’agit, en retraçant les réformes économiques adoptées par le général de Gaulle dès son arrivée au pouvoir en 1958, de tirer quelques enseignements généraux sur l’art – politique – de la réforme dont nos présents gouvernants feraient bien de s’inspirer.

Points forts

  • Il est doux de retrouver, sous la plume de M. Thiériot, cette époque où la France croissait plus vite que l’Allemagne, où elle se modernisait à une allure record et reprenait sa place dans le concert des nations après la calamiteuse IVème République.
  • Sa relation des mesures Pinay-Rueff est précise et documentée. S’il insiste sur la rapidité d’exécution (Blitzkrieg) qui est le leitmotiv du livre, puisque le plan Rueff est mis en application quelques mois après le retour au pouvoir du Général, il souligne le rôle cardinal de la légitimité du pouvoir; les deux éléments, rapidité et légitimité, étant d’ailleurs consubstantiels. Il rappelle notamment ce conseil interministériel du 26 décembre 1958 où le déficit budgétaire fut réduit de moitié au grand dam des ministres “dépensiers“.  Il insiste enfin sur l’ouverture de l’économie française à la concurrence, tant externe, puisque le gouvernement ne remet pas en cause le Traité de Rome, qu’interne, car le commerce traditionnel n’est guère ménagé.
  • A contrario, en montrant le demi-échec des mesures Rueff-Armand, il stigmatise la relative inefficacité de la réforme “au fil de l’eau“, celle qui ne bénéficie pas de l’effet “Blitzkrieg“.
  • De cette expérience, dont se seraient inspirés tant Mrs. Thatcher en 1979 que Le chancelier Shroeder en 2003, notre auteur tire plusieurs principes généraux : il faut faire vite après l’élection, faire mener l’affaire par une “éminence grise“ dotée de pouvoirs (Rueff, Hartz ou Keith Joseph), limiter la concertation… Ce sont les 7 principes qu’il rappelle à Emmanuel Macron, manière de lui faire comprendre qu’il a laissé passer l’occasion.

Quelques réserves

  • Si l’analyse de Thiériot est juste, elle n’est pas particulièrement originale. Il y a bien longtemps que les politiques savent que les semaines qui suivent leur élection sont décisives. La vraie question est de comprendre pourquoi ils n’en tirent pas toutes les conclusions ; mais notre auteur n’y répond pas.
  • Autant la description des plans Rueff et la démonstration de leur efficacité sont intéressantes, autant les commentaires relatifs à l’aménagement du territoire et à l’échec du referendum de 1969 sont confus et oiseux.
  • Cet opus a un côté chauve-souris : s’agit-il d’un livre d’histoire, d’un manifeste politique critiquant implicitement la politique de l’actuel président de la République ou d’un manuel sur l’art de réformer ?
  • D’ailleurs, comparaison n’est pas raison : parmi les facteurs qui ont permis le succès de 1958, il en un, l’inflation, que notre auteur oublie ou feint d’oublier; lorsque les prix augmentent de 12% par an, bloquer les salaires de la fonction publique apporte des économies budgétaires rapides et durables.

Encore un mot...

Un petit livre, bien écrit, qui rappelle des vérités premières, mais aurait mérité des analyses un peu plus approfondies.

Une phrase

« C’est moins le poids des sacrifices que la crainte de leur inutilité qui rend difficile l’acceptation d’une réforme. »

L'auteur

Jean Louis Thiériot est un avocat, touché par le virus de la politique: il est député (Les Républicains) et Président du Conseil Départemental de la Seine et Marne. Bon spécialiste de l’Allemagne, libéral, il a publié plusieurs ouvrages, dont une remarquable biographie de Mrs. Thatcher.

Commentaires

BODIN CHARLES
ven 30/11/2018 - 17:56

Ce livre est d'une actualité incroyable!
Pourquoi MACRON se casse les dents sur sa manière d'agir? tout d'abord, parce qu'il n'a pas l'envergure d'un DE GAULLE, mais aussi parce qu'il a favorisé, d'entrée, avec l'I.S.F.les Français les plus aisés, alors qu'en 1958, DE GAULLE a su, non seulement accepter le traité de Rome- ce que la classe politique du moment ne croyait pas - mais le faire vivre et y insérer l'agriculture qui favorisa ceux qui, à l'époque, comme aujourd'hui, gagnaient le moins d'argent!
C'est DE GAULLE le père de la PAC qui doit être, certes, adaptée à aujourd'hui, mais qui est essentielle pour le monde rural..
et puis, DE GAULLE avait une audience internationale que n'a pas MACRON, surtout parce qu'il est bien trop mondialiste!
De GAULLE était un authentique européen qui voulait une association des Etats et non pas européen fédéraliste, comme le sont MACRON et ses acolytes qui nous proposent une Europe trop bureaucratique.
Dommage qu'il n'ait pas eu le temps et la confiance pour mettre en place une société de participation et avec une authentique décentralisation régionale.

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