Ester ou la passion pure

De
Lena Andersson
Editions Autrement - 218 pages
Notre recommandation
3/5

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Thème

Dès l'apparition de l'artiste renommé, Hugo, à la conférence qu'elle a préparée sur lui, Ester est foudroyée ! Une passion immédiate et absolue s'empare d'elle. Admiration, vénération et désir se mêlent et semblent toucher cet homme d'expérience, plutôt bon vivant. Ils se revoient. Eperdue d'amour, Ester rompt bien vite avec son compagnon et attend tout de Hugo : elle ne pense qu'à lui, ne vit que par lui. Mais, après quelques moments d'intimité furtifs, elle ne comprend pas son silence, son éloignement. La voilà soumise à l'attente insupportable du moindre geste, du moindre signe, qui ne viennent pas ... Elle n'accepte pas la liberté de Hugo, elle tente de faire valoir ses droits sur lui, qui déteste le caractère possessif des femmes. Elle entretient sa passion envers et contre tout, refusant de voir la réalité en face. Peut-être préfère-t-elle aimer à en mourir quelqu'un qui ne lui manifeste qu'un intérêt assez vague, ayant ainsi le sentiment d'exister?

Points forts

• Les effets ravageurs de la passion : en vraie intellectuelle, Ester tombe amoureuse de son œuvre avant même d'avoir rencontré Hugo; et elle le pare de toutes les perfections dont il est dépourvu... • Une description très fine des contradictions auxquelles conduit l'espoir, pourtant toujours déçu; elle passe son temps à faire le contraire de ce qu'elle veut. • Les différents points de vue enrichissent le roman. Ester est perçue de l'extérieur et de l'intérieur; le "chœur des copines" se fait entendre et comprend bien avant elle ce qui se passe. • Cette passion non partagée a quelque chose de beau et de pur dans son caractère absolu. • Une réflexion de moraliste qui s'inscrit dans une tradition classique, mais qui ne manque pas de modernité.

Quelques réserves

• Une intrigue un peu mince : les affres de l'humiliation, la torture du manque, dont elle ne sort pas. • Son refus de comprendre devient répétitif.

Encore un mot...

Un roman d'analyse, assez subtil, la psychologie d'Ester est complexe et fouillée; jusqu'au bout elle veut garder la lucidité de sa conscience sur elle-même. Une rencontre intéressante entre une jeune intellectuelle, qui pense que le réel, comme l'amour et les êtres, peuvent être perçus avec exactitude : elle tente de décoder les états d'âme par lesquels elle passe et de décortiquer tous les faits et gestes de celui qui la fait tant souffrir. Mais la passion l'aveugle et elle tombe dans tous ses pièges. Et lui, un grand indifférent, qui garde la maîtrise de ses sentiments, veut être aimé sans s'impliquer lui-même. Il la laisse croire à un amour qui n'existe pas pour lui. C'est lui qui décide ! Elle le croit sensible, alors qu'il est lointain, dur et froid. Ester nous fait entendre sa voix, nous entraîne dans son histoire intime et singulière, en nous donnant accès au combat intérieur entre le cœur et la raison, que l'on n'aura jamais fini d'approfondir.

Une phrase

Pour souligner cette passion non partagée : " Ce qui avait été pour Ester la rencontre de sa vie n'avait été pour Hugo qu'une passade." p.141

L'auteur

Lena Andersson, née en 1970, est critique littéraire et éditorialiste dans les deux quotidiens les plus importants en Suède. Son 5ème roman, Ester ou la passion pure, a reçu le Prix August en 2013 et s'est vendu à plus de 200 000 exemplaires.

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Les affres d'un grande passion offerte trop vite.

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