Frappe-toi le coeur

Cuvée Nothomb 2017: un millésime faste.
De
Amélie Nothomb
Editions Albin Michel
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Les ravages provoqués par le rejet d'amour maternel.

C'est l'histoire d'une petite fille détestée par une mère jalouse, narcissique et franchement imbuvable.

Lorsque d'autres enfants naissent, cette mère, qui a quelque peu évolué, tombe en pâmoison devant son fils et idolâtre son troisième enfant, une fille qu'elle étouffe littéralement de son amour.

Le tout sous les yeux de l'aînée, toujours délaissée ou rabrouée, qui cherche à comprendre ce qu'elle a fait pour mériter un tel traitement.

Points forts

- La façon dont l'amour envers une mère peut se transformer en indifférence puis en aversion.

- La narration : l'histoire nous est contée par Diane, la fille aînée, enfant formidablement précoce (comme l'auteur), déchiffrant ce qu'elle ressent dès son plus jeune âge. Cette petite fille qui essaie désespérément de comprendre en quoi elle peut être fautive, sans jamais se rebeller, s'exprime avec la  sagesse d'un adulte.

- La lecture : ce livre se lit en une fois, sans le lâcher, l'intérêt ne faiblit jamais.

- Le vocabulaire utilisé est recherché, sans pédanterie, mais très élégant.

- Les citations, toujours bien choisies. Le titre est tiré d'un vers d'Alfred de Musset dans les "Premières poésies" (1838), adressées à son ami Edouard Boucher, le vers entier étant : "frappe-toi le coeur, c'est là qu'est le génie".

Quelques réserves

Je n'en vois pas.

Encore un mot...

Amélie Nothomb nous fait suivre les carences qu'entraîne cette déficience d'amour parental, et l'évolution des trois enfants, dont le futur est finalement conditionné par le degré d'amour reçu de leur mère. Les dégâts sont effarants, aussi bien dus au refus qu'à l'excès d'amour.

On suit la trajectoire de cette famille, mère indigne, père dans le déni et enfants marqués et durcis par ce système affectif traumatisant; l'ensemble est décrit avec minutie par Amélie Nothomb.

L'histoire est sombre mais relatée avec grâce. 

A déguster.

Une phrase

- p. 9 : " Quel plaisir d'être cent fois respirée, mille fois convoitée, jamais butinée".

- p. 47 : "Diane aimait sa mère au point d'être capable de saisir, à 4 ans, le sentiment d'injustice que celle-ci éprouvait à ne pas avoir une vie à la hauteur de son attente".

- p. 161 : "l'avantage de mépriser consiste à se sentir supérieur à qui l'on méprise".

- p. 162 : "...le mépris est pire que la haine. Celle-ci est si proche de l'amour, quand le mépris lui est étranger."

L'auteur

Amélie Nothomb, issue d'une famille de l'aristocratie belge, est née en 1966. Cette romancière belge, d'expression française, a été profondément marquée par un grand nombre de séjours au Japon et en Asie en général, pays pour lesquels elle éprouve un attachement tout particulier.

D'ailleurs, son maquillage se rapproche de celui d'une geisha : poudre très claire, presque blanche, rouge à lèvres très vif et sourcils bien dessinés.

Ecrivain prolixe dont l'oeuvre est foisonnante, elle nous livre un roman par an, depuis "L'hygiène de l'assassin" en 1992. Nous en sommes à 26 parutions, dont beaucoup ont un aspect autobiographique, plus une pièce de théâtre et divers contes et nouvelles. Certains de ses romans ont fait l'objet d'adaptations autant au théâtre qu'au cinéma.

Elle a développé très jeune une formidable originalité qui se manifestera dans chacun de ses livres, abordant des domaines très variés.

Ses écrits sont influencés par ses études philosophiques et philologiques.

La qualité de l'ensemble de son oeuvre lui a permis de récolter grand nombre de distinctions et de prix, tant en Belgique qu'en France.

Personnalité originale, elle s'habille de couleur sombre et se présente régulièrement coiffée de chapeaux dont je trouve, personnellement, qu'ils lui vont fort bien. La damoiselle sait choisir ses bibis...

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