Histoire de la Collaboration 1940-1945

Important: la Collaboration (1940-1945) hors des clichés
De
François Broche et Jean-François Muracciole
Editions Tallandier - 619 pages
Notre recommandation
5/5

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Thème

En disposant de toutes les archives connues jusqu’à ce jour et en citant les auteurs français et étrangers ayant déjà écrit sur ce thème, nos deux historiens parviennent à écrire, pour la première fois, une vaste synthèse, chronologique objective et claire de la période 1940-1945. 

L’entreprise n’était guère aisée, car les passions sont encore exacerbées. D'où l'importance de ce travail: François Broche et Jean-François Muracciole font découvrir avec précision les multiples visages de cette « Collaboration ».

Points forts

1 – La manière d’exposer le sujet, avec un préambule sur les différentes périodes d’occupations subies par la France depuis 1814, puis le tableau d’une troisième République en fin de course, tétanisée par le choc de la défaite face à la déferlante de l’armée allemande, qui recherche l’ « homme providentiel ». En dépit de son âge, le Maréchal Pétain s’impose ; il va demander de conclure un armistice pour préserver la population et éviter la polonisation de la France; et proposer à Hitler, lors de l’entrevue de Montoire, de se montrer généreux, en lui offrant de coopérer : ce sera « la Collaboration ».

2 - J’ai aimé la chronologie précise qui décrit l’évolution de cette période qu’on a du mal à imaginer, ayant oublié qu’il s’agissait d’un temps où les communications n’avaient rien à voir avec ce qu’elles sont aujourd’hui. Les auteurs mettent donc en évidence les différentes  formes de cette « collaboration », en évoquant leurs multiples facettes.

3 – Les personnages sont nombreux et  divers ; les caractères, les visions s’entrechoquent. Leurs portraits sont précis, évoluant selon les circonstances ; ils défilent le long des épisodes multiples : Laval rêve d’une France européenne sous contrôle allemand, Pétain veut conserver son autorité et rêve de sa « révolution nationale ». Mais Hitler n’a pas pardonné le Traité de Versailles, il veut écraser la France et organise un pillage systématique de sa richesse, 300 millions de francs par jour pour frais d’occupation en 1940. On passera à 500 millions, en 1943.

4 – J’ai beaucoup apprécié les notes de lecture organisées dans l’ordre des chapitres, qui aident à la compréhension d’un sujet plus que complexe.

5 – Particulièrement intéressant le chapitre concernant  l’organisation de l’activité du pays, le fonctionnement des entreprises, qui étaient  en « collaboration forcée » par l’occupant, chapitre  mettant en évidence les diverses réactions, avec surtout le désir de sauver l’outil de travail.

6 - Les auteurs savent  maîtriser leur subjectivité. Ils ne jugent pas, ils observent, analysent, décrivent. On comprend que ce livre est savamment étayé par les multiples archives désormais connues.

Quelques réserves

Je n'en vois pas.

Personnellement, d'une manière plus générale, je regrette qu’on ne puisse mentionner, faute de traces écrites, les  souvenirs concernant ces « justes » anonymes qui ont agi secrètement, pour préserver notamment les juifs qui les entouraient, pas plus que ceux qui ont fait de la Résistance sans s’en vanter après la guerre.

Encore un mot...

Ce livre, très dense, très fouillé, très riche, est exemplaire par son objectivité et son sérieux. Il faut le lire absolument, car il détient des clefs pour aider à comprendre le paradoxe français.

Cette guerre fut une tragédie et la  Collaboration une parenthèse douloureuse. Elle se délite avec le débarquement allié. En 1945, le gouvernement d'union nationale, sous la direction du Général de Gaulle, doit compter avec les forces en présence ; il faut reconstituer une haute administration : pour l’essentiel, on reprendra ceux qui avaient été en place pendant la guerre …

Une phrase

 « Le régime qui s’instaure à Vichy le 10 juillet 1940 est issu de la défaite militaire et des conventions d’armistice, décidant le partage de la France […] Ce démantèlement ne met pas juridiquement fin à la souveraineté de L’État français – qui a remplacé la République mais continue d’incarner la France.[…] Un autre débat majeur celui-là tient à la nature du régime qui voit le jour à Vichy, au lendemain du vote de l’Assemblée nationale donnant « tous pouvoirs » au Maréchal et à son gouvernement pour promulguer une nouvelle Constitution de L’État français. » (page 486)

L'auteur

- François BROCHE, spécialiste de la France Libre, est l’auteur de nombreux ouvrages sur le Général de Gaulle et la dernière guerre mondiale; en dernier lieu son "Dictionnaire de la Collaboration" (Belin, 2014).

- Jean-François MURACCIOLE, professeur d’Histoire contemporaine à Montpellier, est l’un des meilleurs spécialistes de la France Libre et de la Résistance. Il a dirigé avec Guillaume Piketty "Le Dictionnaire de la France Libre" (Bouquins, 2010)

Commentaires

J. de FERRIER
mer 02/01/2019 - 20:08

Il est dommage que les auteurs n'aient pas lu, relu et relus (pas du luxe) notamment D. Venner dans tous ses ouvrages, revues et conférences : ils auraient pu mieux cerner l'historien et notamment son discernement sur le national-socialisme qu'il n' a jamais défendu.

En outre, il a défendu le Gl de Gaulle même si comme F.G. Dreyfus il a expliqué sans parti pris le rôle du Ml Pétain et n'a pas fait preuve de manichéisme, ce qui est un exploit dans un contexte qui reste hélas encore très idéologique et politique.

"Les vainqueurs ont toujours raisons" dit-on d'où une lecture historique biaisée.

Je ne défends ni n'accuse personne, seule la justice et la vérité m'intéressent.

Cordialement,

J. de FERRIER
09 86 58 59 25

Jacques de FERRIER
jeu 31/01/2019 - 01:27

Le mot "régime" ayant une connotation négative et partisane, position non historique à laisser aux politiques et autres médias polémiques et ignorants, est à proscrire.
"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement...." : oublié, il y a lieu de nommer le gouvernement qui a reçu les pleins pouvoirs des députés "Etat français".

J'ai des pièces de monnaie avec au verso "Etat français" conservées de ma jeunesse en usage encore après 1945.

P.S. Par contre je dois faire un régime (alimentaire) pour conserver une santé précieuse et éviter un surpoids néfaste.
Je ne roule plus à plein régime avec la décision du grand dandin et pour cause : plus de véhicule, c'est Carlos "gone with the wind" qui ne devait pas être content.

Humour, gloire et beauté, plus belle la "life" ?

Gastounet

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