Jugan

Sombre, sombre, sombre, mais réussi.
De
Jérôme Leroy
Editions de La Table Ronde
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Le narrateur passe des vacances ensoleillées sur une île grecque avec sa femme et sa fille, mais ses nuits sont hantées par un drame qu’il a vécu douze ans plus tôt, alors qu’il était professeur de lettres au collège Barbey d’Aurevilly de Noirbourg. C’est, en effet, dans cette ville du Cotentin que Joël Jugan est revenu après dix-huit ans de prison. Bénéficiant d’une libération conditionnelle, cet ancien meneur d’un groupe d’extrême gauche très violent est recruté dans un centre social pour aider des enfants en difficulté. La personnalité de cet homme atrocement défiguré suscite autant de crainte que de fascination. Clotilde, qui fut autrefois sa complice, le soutient avec admiration et la jeune et belle Assia sera séduite par lui pour son plus grand malheur.

Points forts

• Un roman prenant, au style fluide, très agréable à lire.

• Des personnages denses : Jugan, incarnation du mal, un possédé, capable de tout sacrifier à sa cause, de s’y brûler avec rage et satisfaction, profite avec un cynisme sarcastique de ses proies. Assia, étudiante intelligente et généreuse, qui cherche à échapper à l’autorité protectrice de son père algérien, ne refusera rien à ce « mélange de monstruosité, de force et de magnétisme sexuel », comme si elle était irrésistiblement attirée par une passion destructrice.

• Une description très juste de la vie provinciale d’aujourd’hui, marquée par la fermeture des usines, l’enlaidissement programmé des banlieues, la coexistence difficile des différentes communautés à l’heure de l’immigration.

• Témoin lucide de cette histoire sombre, le narrateur, quadragénaire quelque peu désabusé, se souvient des élans de sa jeunesse, quand il croyait à son métier de professeur.

• L’évolution des membres du groupe Action Rouge : jeunes révolutionnaires prêts à tout, y compris à tuer, pour changer le monde, ils perdront petit à petit la Foi dans la Cause, et plus tard s’embourgeoiseront.

Quelques réserves

• Des indices révélés dès les premières pages rendent le dénouement tragique trop prévisible.

• Le mélange des genres peut déconcerter: un roman réaliste, policier ou fantastique ?

Encore un mot...

Jérôme Leroy nous propose une version contemporaine de l’Ensorcelée de Barbey d’Aurevilly (cf. l’épigraphe). Il n’hésite pas à emprunter de nombreux éléments à son maître pour le plus grand plaisir du lecteur, qui retrouve :
        - la noirceur du thème principal : « l’innocence, le meilleur régal du diable » à travers la jeune fille pure, victime du fameux Jugan, monstrueux physiquement et moralement.
        - le même type de personnages envoûtants ou envoûtés.
        - les mêmes paysages normands désolés et menaçants, bref une atmosphère propice aux mystérieux pouvoirs des sortilèges. 

L’hommage appuyé à Barbey d'Aurevilly n’empêche pas la transposition tout à fait réussie dans un contexte d’une actualité brûlante.

Une phrase

Assia éprouve dans la réalité « ce qu’elle avait ressenti à travers ses lectures quand elle  avait découvert les héroïnes de Racine : un don mortifère pour la fatalité et la tragédie. » p. 62

L'auteur

Jérôme Leroy est né à Rouen en 1964. Il a publié plus de 20 romans, dontMonnaie bleue (2009), Un dernier verre en Atlantide (2010), Le bloc, série noire(2011), Les jours d’après (2015), ainsi que des recueils de nouvelles et de poésie.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
Ils viennent de sortir

Ils viennent de sortir