La dernière bataille de France

Pour ne pas mourir idiot...
De
Général Vincent Desportes
Editions Gallimard
Notre recommandation
5/5

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Thème

Le titre frappe fort : rien moins que « la dernière bataille de France ». Celle qui, comme la défaite de 1940, pourrait nous faire perdre la dernière guerre, insidieuse, sans déclaration. Celle qui met en première ligne le gouffre croissant entre les périls qui montent et les ressources qui écartèlent ce qu’il reste de forces à la défense.

En moins de 200 pages, limpides et implacables, l’auteur réveille les faits, relie les données et nomme les responsabilités de cette chute, dans un état des lieux sévère et lance un appel tacite à « Ne pas subir », conformément à la belle devise du général de Lattre de Tassigny.

Points forts

Expert militaire dans ses précédents ouvrages, le général Vincent Desportes paraît en uniforme pour signer cet essai et pointer du doigt l’absence de débat démocratique sur un sujet vital, concédé à quelques experts officiels et à de rares esprits libres. Compliqué au pays des « droits de l’Homme » de débattre des « droits de la Défense » !

En chiffres et en lettres, le processus de délitement de notre outil militaire et de son environnement institutionnel est décrit avec force : sa décroissance a minima dans notre PIB, la sacro-sainte LPM (loi de programmation militaire) qui « bunkerise » un effort de défense virtuel ne masquant plus ses mensonges : ce qui est voté n’est jamais vraiment donné.

Le reste renvoie aux fondements de toute défense :

–        l’état du monde qui change et qui ballotte la girouette de nos contradictions,

–        le rôle socle de l’armée dans la Nation,

–        les illusions perdues de nos alliances et du partage du fardeau,

–        la rapide déconstruction d’un système militaire aussi complexe que fragile,

–        la perte d’influence des chefs militaires, symptôme d’un mutisme entretenu,

–        le retour sur investissement d’une industrie de défense nécessaire,

–        le divorce entre les capacités et les missions,…

avant de conclure lucidement sur un appel au courage.

Un ouvrage important sur un sujet aussi essentiel que d’actualité.

Quelques réserves

Son titre, trop connoté par l’Histoire et pas assez par le réveil populaire qu’il appelle de ses vœux.

Un regret : s’il répond avec brio au « de quoi s’agit-il ? » cher à Foch et prend à témoin ceux qui se croient encore protégés par l’indigence autistique du consensus, notre « Général courage » ne double pas son appréciation de situation par un « que faire ? », c’est-à-dire un plan personnel pour l’action.

La France étant contrainte dans sa liberté d’agir par ses propres insuffisances et ses allégeances à l’OTAN et à l’Union Européenne, pour partie contradictoires, l’auteur semble inhibé par l’ampleur de la tâche et le « mur du possible » qui se dresse. Le code source du nouveau paradigme qu’il a pourtant décrit manque.

A moins qu’il y ait une suite…

Encore un mot...

Un livre à lire et à relire pour n’avoir pas la tentation d’oublier le réel d’un monde où les menaces reviennent surenchérir sur les risques.

Une phrase

« La Défense n’est pas une affaire d’Etat : elle est l’affaire des citoyens. »

L'auteur

Vincent Desportes est saint-cyrien, cavalier et a servi dans les forces, à la direction du personnel, au commandement de la doctrine de l’armée de Terre et à la tête du CID, redevenu « l’école de guerre ». Son séjour de plusieurs années aux Etats Unis l’a instruit sur la face militaire cachée de la mondialisation.

Conseiller dans l’industrie de défense, maître de conférences, Vincent Desportes est un veilleur vigilant des capacités militaires françaises et un passeur talentueux de la stratégie opérationnelle contemporaine.

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