Le sommeil le plus doux

Pudique et vrai
De
Anne Goscinny
Editions Grasset - 139 pages
Notre recommandation
3/5

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Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

Jeanne, 25 ans, emmène sa mère à Nice, sa ville natale, la veille de Noël, pour un dernier voyage. Atteinte d’un cancer depuis des années, sa survie se compte en jours.

Points forts

 La justesse des mots, des émotions: qu’il est douloureux de voir sa mère souffrir et partir lentement, de ressentir dans sa propre chair les dégâts de la maladie, de calculer le temps qui s’amenuise, d’être impuissante face à l’inéluctable.

- De la pudeur dans l’écriture d’un sujet qui aurait pu être traité totalement différemment.

- L’amour fusionnel entre Jeanne et sa mère, poussé à l’ extrême, a rendu difficile l’évolution de la jeune fille, d’autant qu’elle a perdu son père très jeune : elle-même se décrit comme « la fille d’un cancer et d’un infarctus ».

- La restitution du temps qui passe sur le couple, les amertumes et les rancoeurs, esquissées comme le dessin d’une aquarelle qui prend l’eau et se dissout…

- La rencontre de Gabriel, avocat parisien de 20 ans plus âgé que Jeanne, qui fera d’elle une femme, à ce moment critique de sa vie.

- La grand-mère paternelle fait partie du voyage. Perdue dans ses souvenirs, elle sourit tout le temps en comptant ses bocaux de cornichons. Survivante des pogroms, elle chante en yiddish, cela apaise et met de la douceur, dans les derniers instants, entre Jeanne et sa mère.

Quelques réserves

Je ne sais pas si c’est un point faible, mais la construction narrative à deux voix, est particulière. Jeanne parle au présent, Gabriel s’exprime au passé sur les mêmes vécus. Il faut du coup être très attentif, au risque de passer à côté de détails essentiels pour la compréhension de la fin du livre.

Encore un mot...

Anne Goscinny a perdu son père à 9 ans (« Mon père m’a déçue. Je l’adorais et il est mort ») et sa mère à 26 ans. Pour ce roman, elle a puisé sans nul doute dans son propre vécu. Court, comme le temps qu’il reste à sa mère, il se lit d’une traite et la fin est inattendue et étonnante.

Une phrase

- « Au début, ce sera difficile, très difficile. Tu auras l’impression que tu ne sauras plus marcher, plus parler non plus. Les premiers temps, tu seras paralysée (…) Tu devras apprendre à être Jeanne sans mère. Apprendre aussi à ne plus prononcer ce mot, maman ». p 5

- "Et petit à petit, je fais la liste de tout ce que je ne pourrai plus lui raconter. Un amour qui vient, une robe qui me va, un fou rire pour rien, un chien perdu et retrouvé, une demande en mariage, deux barres bleues sur le test de grossesse, les yeux de mon fils (…) un ami qui meurt, un autre qui trahit, la tendresse de mon mari, deux nouvelles barres bleues, les fossettes de ma fille" p 119

L'auteur

Née en 1968, Anne Goscinny est la fille de René Goscinny (Astérix, le Petit Nicolas). Romancière, parolière et critique littéraire, elle signe ici son 6 ème livre.

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