Ma mère, cette inconnue

Trop, c'est trop...
De
Philippe Labro
Editions Gallimard
Notre recommandation
2/5

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Thème

Henriette Carisey dite Netka, est issue de trois générations de femmes seules : Joséphine, fille de ferme, née de père inconnu, et Marie-Hélise, sa fille, séduite par le comte Henryk Slizien, richissime « Magnat » polonais,  qui ne reconnaît pas Henri et Netka,  les deux enfants illégitimes qu’elle lui donne, mais assume leur entretien.

Les bambins sont confiés dès leur naissance à Manny, vraie mère de substitution, puis à « Marraine » qui, à Versailles, prend le relais avec autant d’amour, élève les petits comme les siens et assure leur tutelle à la mort tragique de leur père putatif.

Mariée très jeune à Jean Labro de vingt ans son aîné, mère de quatre garçons, Netka, dévotieusement servie par Maïté après son veuvage, s’éteint à 99 ans entourée de l’affection des siens, enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, honorée comme « Juste parmi les Nations » par Yad Vashem et chevalier de la Légion d’Honneur. 

Points forts

1 - Un beau portrait de femme forte et aimante, entièrement tournée vers les autres, attentive à ses fils et à leurs enfants, capable de prendre de vrais risques pour protéger les familles juives qu’elle héberge pendant la guerre.

2  - L’amour sans failles que se portent Jean et Netka Labro  pour le meilleur et pour le pire.

3 - Le personnage d’Henri, le frère très aimé, aussi réservé que Netka est exubérante, qui, lui, a retrouvé -et rencontré- sa famille polonaise quand sa sœur y est restée parfaitement indifférente.

Quelques réserves

1 - Le ton forcé jusqu’au drame.

Il est question d’« enfant-valise », déposée par une mère dénaturée  chez des étrangères et ignorée par son père, d’adolescente nostalgique réfugiée dans ses poèmes et  humiliée par un professeur, d’une carrière de journaliste avortée,  d’une année sinistre cernée de fonctionnaires…

Mais Manny et Marraine ont aimé Netka comme leur fille : on est loin des enfants ballottés de famille d’accueil en  famille d’accueil au gré des décrets de la DASS ; le comte polonais (qui fait finalement un grand-père très présentable) a pourvu à l’entretien de sa fille  jusqu’à sa propre  mort ; la carte de presse de « l’Essor Artistique » découverte par Labro peut  n’être que le témoin d’un « petit boulot » d’étudiant  et l’année passée dans une administration prouve simplement que la jeune fille n’a eu aucune difficulté à trouver du travail après ses études.

Enfin, griffonner à 15 ans des poèmes sur un cahier d’écolier n’est pas obligatoirement le signe d’un futur Rimbaud frustré de gloire pour se consacrer à sa famille.

 2 - Une sensiblerie exacerbée.

Labro veut absolument faire de la vie de sa mère un calvaire mais ce sont ses propres tourments qu’il explore. Son frère Claude ne s’y est pas trompé, qui lui dit p.69: « arrête donc de vouloir n’en faire qu’une victime, arrête de la décrire comme la malheureuse petite polonaise délaissée, humiliée ! »

Encore un mot...

La vie d’une épouse et d’une mère comblée racontée par un fils dépressif et vaguement coupable ("Mais, l’ai-je assez aimée ?" p.179) qui tente de « faire pleurer dans les chaumières » avec des malheurs dont elle-même n’eût sans doute pas conscience.

Cette existence de privilégiée justifiait-elle un récit pleurnichard ? Netka aurait probablement répondu non.

Une phrase

p. 110 c’est Netka qui parle :

« J’ai subi des épreuves. J’ai l’air tendre, mais je suis dure. Je suis forte. Il n’est nul besoin de raconter ces épreuves, de revenir là-dessus, se complaire ou s’apitoyer. Il faut vivre, car la vie est belle».

Tout est dit.

L'auteur

Né en1936 à Montauban, Philippe Labro a fait une belle carrière de journaliste dans la presse écrite et audiovisuelle jusqu’à occuper la vice-présidence de RTL. Egalement réalisateur,  parolier et écrivain,  il est l’auteur d’une vingtaine de romans, plus ou moins autobiographiques, dont, en 2003,  un témoignage sur la dépression, "Tomber sept fois, se relever huit". 

 Il reçoit le prix Interallié 1986 pour "L’Étudiant étranger" et manque deux fois le Goncourt pour « Un été dans l’ouest » et « Le petit garçon ». Il est Commandeur de la Légion d’Honneur.

Depuis mars 2017, il anime sur CNews, l'émission hebdomadaire Langue de bois s'abstenir.

Commentaires

Colrtte
dim 14/05/2017 - 14:40

J'ai trouvé ce livre très attachant.
Je n'ai trouvé aucune sensiblerie dans la manière dont Ph. Labro parle de sa mère.
Certes, Nekta a subi des épreuves dans sa jeunesse mais on ne peut que les imaginer car Labro est très discret à ce sujet, d'autant plus que sa mère veut occulter tout son vécu avant le mariage
Finalement c'est un livre très positif,
Rien ne sert de pleurer sur les tristes moments de la vie ; mieux vaut se souvenir que des moments heureux de l'existence.

Jacquot59
mer 15/11/2017 - 19:01

Tout à fait d'accord avec la critique d' ISABELLE DE LAROCQUE LA TOUR...excellent résumé du livre et de ce que l'on peut en penser !

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