Noureev

Mythique, libre et révolutionnaire
De
Rudolf Noureev
Editions Arthaud - 178 pages
Recommandation

« Dans la vie, il faut parfois savoir prendre une décision en un éclair, sans avoir eu le temps d’y penser, sans avoir eu le temps de peser le pour et le contre. J’ai souvent connu cela en dansant, lorsque sur scène quelque chose se passe mal. C’est aussi ce qui m’est arrivé par un chaud matin de juin 1961, dans la banlieue de Paris, à l’aéroport du Bourget, alors que l’ombre du gros Tupolev qui devait me ramener à Moscou s’étendait sur moi ».

Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Cinquante-quatre ans après sa parution, la traduction en français de « Noureev. Autobiographie » est enfin arrivée. Celui qu’on surnommait « le danseur plus-que-parfait » ouvre le récit par sa tentative d’évasion le 16 juin 1961 à l’aéroport du Bourget, près de Paris. Et vite, il se souvient. Du petit Tatar qu’il fut, qui vivait en Asie centrale dans une chambre de neuf mètres carrés avec un oncle et une autre famille- « ce fut un miracle que de survivre dans ces conditions cauchemardesques sans jamais atteindre le moment où plus personne ne pourrait se supporter ». Il se souvient aussi que, dès l’enfance, sa « posture », c’est être éternellement « contre »- le père, l’institution chorégraphique trop conventionnelle, la société communiste… Il se souvient aussi que, dans la foulée de son passage à l’Ouest, il a écrit ce mot « liberté » qui va guider toute sa vie. Et puis, il y a la danse- et cet aveu : dès ses premiers pas de danseur, il a mal vécu le cadre imposé, les contraintes de la troupe- aussi prestigieuse soit-elle…

Points forts

-D’abord et avant tout, la valeur inestimable d’un texte écrit par Rudolf Noureev un an après son passage à l’ouest.

-Le décodage, à travers le récit d’une vie, d’un danseur tout à la fois mythique, libre et révolutionnaire. Un danseur qui, selon le critique britannique John Percival, « dans tout ce qu’il entreprenait, faisait plus que ce qui était nécessaire » et qui, pour Charles Jude-  directeur du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, « ne se contentait pas de transmettre sa science, il incarnait une école de vie du danseur ».

-En quelques mots, dès 1962, Rudolf Noureev résume sa conception d’un art qu’on appelle la danse : « Par son corps, un danseur doit proposer des lectures tout à fait personnelles des ballets qu’il interprète comme s’ils étaient des poèmes ».

-L’excellente préface rédigée par la traductrice Ariane Dollfus qui écrit que « Noureev, parce qu’il ne s’aime pas, aura très tôt le sens de la ligne d’un corps. Depuis les costumes que sa sœur lui rapporte à la maison et auxquels il portera toujours un intérêt très documenté, jusqu’à la manière de tenir une arabesque ou une demi-pointe, il va très vite changer considérablement la façon de danser… »

Quelques réserves

Difficile de relever un point faible (si ce n’est le style parfois plat) à ce « Noureev. Autobiographie » dès le moment où on le tient avant tout et surtout pour un document et non pas pour une œuvre littéraire.

Encore un mot...

Un texte indispensable pour tous les amoureux de la danse… mais également passionnant pour tous les autres.

L'auteur

Né le 17 mars 1938 à Irkoutsk (ex-URSS), d’origine tatare, Rudolf Noureev est venu au monde lors d’un voyage en train- par le Transsibérien, sa mère Farida rejoignait son père, instructeur politique dans l’Armée rouge, à Vladivostok. Dernier d’une famille de quatre enfants, à 7 ans, il début la danse à Oufa, capitale de la Bachkirie, où il fait de la figuration, à 15 ans, dans quelques spectacles. Deux ans plus tard, il est à Saint-Petersbourg- en 1958, il est soliste au Kirov où il interprète les premiers rôles dans « Le Corsaire », « Don Quichotte », « Le Lac des cygnes » ou encore « La Belle au bois dormant ». En juin 1961, à Paris, il demande l’asile politique à la France. Ensuite, on le verra danser au Royal Ballet de Londres. Superstar, danseur étoile et chorégraphe, il deviendra directeur du ballet de l’Opéra de Paris. Monstre sacré, considéré comme le « danseur plus-que-parfait », il est mort le 6 janvier 1993 à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Il n’avait pas encore 55 ans…

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