Profession: Ecrivain

Dans l'intimité intellectuelle, incandescente, d'un grand écrivain
De
Jack London
Editions Les Belles Lettres
Notre recommandation
4/5

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Thème

Comment devenir un grand écrivain ? Telle est  la leçon de choses et d'écriture délivrée par "Profession : écrivain", recueil d'anecdotes, de réflexions, d'exigences tant vis à vis des autres que de lui même, recueillis par l'éditeur au fil de la lecture de 93 textes, publiés dans les magazines, souvent obscurs, de l'époque et correspondances du grand Jack.

Ce "travailleur de la plume" qu'est Jack London nous livre sa conception du récit  d'aventures et du métier d'écrivain : ses correspondances fourmillent de conseils sur le style, bien sûr, à l'instar d'un auteur classique, d'un  Boileau, d'un Flaubert ou, plus proche de lui, de Zola. Un de ses morceaux de bravoure traite  également de la défense de l'écrivain, surtout débutant, qu'il ne cesse d'encourager face aux exigences des éditeurs presse-citron.

Par exemple, pris au hasard dans une lettre à un confrère baroudeur qui, apparemment, a beaucoup à apprendre dans le narratif : " Vous tombez trop rarement sur une phrase heureuse comme "les oiseaux de l'horreur pleins de dignité". Vous êtes trop sec. Prenez votre plume et cherchez les dans la sueur et le sang, prenez votre part des douleurs de l'enfantement (!); n'ayez pas tant de morts- nés."

Au delà des questions de forme, "Profession : écrivain" est  un traité d'humanisme, un cri de résistance aux agressions des "Temps modernes", le témoignage vivant  d'un syndicaliste du "peuple du monde"

Points forts

1/ Au cœur de l'aventurier

Jack London triomphait de l'impossible. Vagabond du rail  infatigable, loup des mers intrépide, militant, engagé  et enragé, de la cause socialiste, rebelle aux rites et aux conventions de l'establishment, Jack London dévoile, au travers de ses correspondances, une personnalité insoupçonnée, plus riche et plus attachante encore.  Amoureux de la nature, il l'était  aussi et surtout...de la nature humaine. Il le prouve constamment tout au long de sa propre vie. Jack London est le héros vrai de ses romans. C'est captivant et tellement sincère.

2/ La rage "transpirante" de l'écriture

Il suffit de le lire pour s'en convaincre. Un seul mot d'ordre : le travail, encore et encore. C'est la voie du salut pour un jeune écrivain   "...Travaillez. Ecrivez ce mot en majuscules. TRAVAIL, TRAVAIL tout le temps...le travail est une philosophie de la vie". Ce n'est pas la moindre des surprises provoquées par la lecture des 93  lettres de ce voyageur infatigable qui poursuit : "Ayez un carnet de notes, voyagez avec lui, dormez avec lui et...veillez à ce que vos pores soient ouverts !"

On aime cette passion, cette humilité et cette relation "physique" à l'écriture !

3/Un petit traité de littérature

Stakhanoviste de l'écriture, London est aussi boulimique de  lecture. "Dès mes neuf ans,  je ne restais jamais sans un livre à la main", écrit l'auteur-professeur qui nous donne beaucoup de bonheur à la lecture des ses préceptes  plein d'humour.                                                                                                   

A chaque page de " Profession : écrivain", au détour de chaque réflexion, le lecteur rencontre  un  nouvel auteur, un polémiste, un poète, un moraliste contemporain, et se retrouve confronté en permanence à des références littéraires de tous horizons révélant la vaste culture de cet   écrivain- critique, à la fois exigeant et bienveillant.  A tout seigneur tout honneur, Jack London a été surnommé le "Kipling du froid", le grand Rudyard étant abondamment cité dans ce recueil de nouvelles, au même titre que Joseph Conrad et R.L. Stevenson, bien sûr; mais beaucoup d'autres "modèles" sont évoqués, tels Edgar Poe, Mark Twain, Emerson, Shelley, Spencer.... Jack London égratigne "Les Misérables" sur la forme mais encense Edmond Rostand pour son "Cyrano". 

Quelques réserves

Dans ce genre "recueil de nouvelles", je n'en vois pas, si ce n'est qu'il réjouirait surtout, et peut être exclusivement,  ceux qui ont connu "Croc Blanc" dans leur enfance. Et ce serait bien dommage!

Encore un mot...

L'écriture est la plus belle des aventures. Embarquons nous avec London.

Une phrase

Les phrases chocs abondent ; les métaphores fleurissent dans chaque lettre; nous choisirons une longue phrase extraite de la critique de "The long Day", ouvrage anonyme et terrifiant d'une militante socialiste de New York : "Dans les temps très anciens, les homme allaient nus, tuaient de leurs mains, buvaient le sang dans le crâne de leurs ennemis. On travaillait pour soi. Aujourd'hui, dans le monde moderne, un individu veut travailler parce qu'il a faim. Le travail est fait par des machines et les machines ne poussent pas sur des buissons. Les machines sont possédées par quelqu'un dont l'individu qui a faim doit obtenir l'autorisation avant de se mettre à travailler."

L'auteur

Le fabuleux Jack London, celui qui nous a fait adorer "Croc Blanc", est né en 1875 à San Francisco. Au terme de longues et dangereuses pérégrinations qui ont défrayé les chroniques de l'époque, Il meurt en Californie... à 41 ans. Mais quelle destinée ! Abandonné par son père, il mène longtemps une vie de galères. Travailleur aux champs à 10 ans, ouvrier à 13, recueilli par un beau père qui lui donne son nom, il plaque tout à 15 ans et s'embarque comme mousse pour la Sibérie et le Japon avec des chasseurs de phoques. Il écrira sa première nouvelle "Typhoon of the coast of Japan" sur S/S Sophie Sutherland à 18 ans, puis le fameux "Loup des mers".  A 22 ans, il se "rue vers l'or" du Klondyke. A défaut de métal jaune il ramènera des trésors d'aventures qui vont composer le populaire "Appel sauvage "et donc " Croc Blanc". Puis il devient un ardent militant socialiste avant de finir millionnaire grâce à ses plus de 50 romans et nouvelles écrits à la force du poignet: 1 000 mots par jour jusqu'au dernier souffle !

Commentaires

Anonyme
ven 04/01/2019 - 19:24

J admire ce courageux auteur qui a reussi grace à son travail. Il a vaicu la misère dans un pays capitaliste

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