Traquemage, Tome 3 : Entre l’espoir et le fromage

Ce n'est qu'une pochade, mais très distrayante
De
Scénario : Lupano, dessin : Relom
Editions Delcourt 54 pages 14,95 €
Recommandation

Dans l'univers de la BD qui penche de plus en plus vers le sérieux, la série "Traquemage" vient rappeler le bon temps où la BD avait pour mission essentielle de distraire. En l'occurrence, de ce point de vue, il y a tout ce qu'il faut.

Notre recommandation
4/5

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Thème

Si le prolifique scénariste Lupano avait déjà montré une tendance à l’originalité et au délire, avec sa série « les vieux fourneaux », il pousse le curseur très loin avec cette série « Traquemage ». Traquemage est une farce en trois tomes, qui raconte les histoires de Pistolin le berger et de sa brebis Myrtille. Dans une ambiance moyenâgeuse, Pistolin va se lancer dans une quête, dont l’objectif sera de débarrasser le monde de 5 mages qui empoisonnent l’existence des humains. Mais si ce point de départ peut paraître sérieux, ne vous y méprenez pas, la quête de Pistolin n’est pas celle de Frodon, le Hobbit du Seigneur des Anneaux. Traquemage n’est qu’une vaste blague potache, qui transpose en bandes dessinées l’humour délirant et absurde des Monty Python, période « sacré Graal ».

Dans ce tome 3, après s’être débarrassé d’un premier mage dans le tome précédent, Pistolin va rencontrer un puissant allié, qui va s’avérer décisif pour finir cette quête. Mais n’attachez pas d’importance à l’histoire. Si je devais trouver une référence plus en lien avec la Bande Dessinée, je dirais qu’ici, on est proche d’un humour à la « Iznogoud » de Goscinny et Tabary, où l’histoire n’est qu’un prétexte à enchaîner les gags et les jeux de mots.

Points forts

Quand Lupano se lâche, ça vaut le détour. Sans trop dévoiler l’histoire, la rencontre, dans ce dernier tome, entre Pistolin et son puissant allié donne lieu à quelques pages à se tordre de rire. La façon dont les enchaînements de situation sont gérés quasiment d’une case à l’autre confirme vraiment tout le talent de raconteur d’histoires en images de Lupano.

Le dessin de Relom se met totalement au service de ce délire, avec un graphisme un peu naïf, à la manière des BD d’antan, qui permet, dès le départ, de ne pas prendre tout cela au sérieux. Il multiplie les morceaux de bravoures graphiques, où même le plus gore du gore réussit malgré tout à vous faire rire (je vous recommande dans le tome 1, le massacre des brebis de Pistolin). Là aussi, on ne peut que repenser à Sacré Graal, et le fameux combat du héros avec le chevalier noir, un des tous premiers moments de comique gore de l’histoire du cinéma.

Il faut aussi prendre le temps de regarder les détails de ce dessin de Relom. Derrière l’humour potache, il y a une vraie finesse graphique, comme le montrent les enluminures des couvertures des 3 albums de la série.

Quelques réserves

Cette BD est clivante, comme l’est l’humour absurde. Comme vous pourrez détester un film des Monty Python, vous pourrez détester Traquemage. Au moins, cette chronique aura l’avantage de vous éviter un mauvais achat, si vous vous reconnaissez dans ce profil de détestation.

Le trait de Relom peut parfois aussi énerver, car il pousse les expressions de ses personnages assez loin, et frôle parfois la caricature agaçante. En même temps, c’est le postulat de départ de l’histoire, donc, encore une fois, tout est dans l’acceptation de ce postulat.

Enfin, la fin est un peu bâclée, signe qui confirme peut-être que l’histoire n’est pas ce qui intéressait le plus les auteurs.

Encore un mot...

Traquemage ne restera peut-être pas comme la série de référence de Lupano. Depuis la sortie du premier tome en 2015, on ne peut pas dire que cette BD ait occupé le devant de la scène médiatique, surtout si on la compare à une des autres séries du scénariste, les Vieux Fourneaux. Mais si cette chronique vous donne envie de découvrir les aventures délirantes de Pistolin au pays de mages, alors, je serais heureux d’y avoir modestement contribué. Dans le monde de la BD d’aujourd’hui, la prédominance est aux récits historiques très sérieux, ou aux romans graphiques ambitieux, d’où l’intérêt de trouver au milieu de tout ça des pochades tout en légèreté, qui n’auront d’autres objectifs que de vous distraire. Mission accomplie avec Traquemage.

Une illustration

L'auteur

(Extraits de biographies du site BDGest)

Wilfrid Lupano est né le 26 septembre 1971 à Nantes mais a passé une grande partie de sa vie à Pau, et réside maintenant à Toulouse. La BD a toujours fait partie de sa vie, et ce depuis son enfance où ses parents en consommaient beaucoup. Dans un des bars où il travaillait pour payer ses études, il a rencontré ses deux associés actuels : Roland Pignault et Fred Campoy. C'est ce dernier, devenu son ami, qui lui a proposé de se lancer dans l'écriture de nouvelles et de scénarios, en développant avec lui un personnage dans l'Amérique de XIX° siècle : ainsi est né Little Big Joe. Il est devenu un auteur très prolifique, enchaînant les succès. Je garde en tête son magnifique « Azimut » avec Andreae au dessin, chez Vent d’Ouest, son « Océan d’Amour », avec Panaccione chez Delcourt, ou encore sa parodie de Valérian, avec Mathieu Lauffray, chez Dargaud.

Relom, Olivier Morel de son vrai nom, est né à Tours le 7 avril 1973. À 24 ans, Relom décide de faire de la bande dessinée. Le mensuel Psikopat publie ses premières planches en 1999 (Dirty Karl), Fluide Glacial le contacte en 2000 et c’est parti pour deux tomes de “Andy et Gina”, frère et sœur et pourtant si différents… L’humour de Relom est sans pitié, comme le regard que les enfants portent sur les adultes, et en particulier sur leurs parents ! Oscillant entre poésie et roman noir, “Andy et Gina” suit pourtant une constante : il nous fait mourir de rire. Une constante qu’on retrouve dans son Traquemage

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Fred Campoy, scénario et dessin et Mathieu Blanchot, dessin et mise en couleur, d'après la biographie de Marie Madeleine Peyronnet