Zéro K

Un roman fort, glacé, percutant, sur de grandes et graves questions
De
Don DeLillo
Editions Actes Sud - 304 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

Bienvenue à Zero K (K comme Kelvin, le physicien qui a défini le zéro absolu, soit -273,15 °Celsius), un centre de recherches dans un bunker souterrain dont le principal actionnaire est le très riche Ross Lockhart. Sa femme souffre d’une maladie incurable, il décide de la confier à Zero K et appelle son fils unique, Jeffrey, pour qu’il assiste à la fin programmée de la femme consentante. Ainsi, Ross et Jeffrey Lockhart vont devoir prendre un « congé incertain » de la jeune femme, laquelle s’apprête à abandonner  son corps et de le livrer aux hypothèses de la science.

         Jusque là, l’affaire pourrait paraître banale. Juste relevant des fantasmes de quelques individus. Jusque là… mais voilà que, noyé dans un chagrin immense, Ross Lockhart décide de « s’offrir », lui aussi, la cryogénisation, le passage dans l’autre dimension. Commentaire de l’auteur : « Au début, c’est un désir presque artistique, cette quête d’immortalité. Mais, en fait, Ross est un homme qui n’a rien de mieux à faire, qui est défini par son argent. Il en a tellement qu’à un certain moment de sa vie, il se demande ce qu’il pourrait avoir de plus, avec cet argent. Comme il n’a plus rien d’autre à faire, il décide d’y suivre sa femme ». Un pari pour la promesse d’une expérience unique et inédite : demeurer le même tout en devenant un autre. Problème : son fils Jeffrey ne trouve aucune justification à la décision de son père, et ne transige pas puisqu’il estime « être tenu par un engagement à l’égard de la seule vie qui lui a été allouée ».

Points forts

- Une documentation énorme qu’a parfaitement digérée le romancier. Lequel explique : « Je me suis documenté raisonnablement, pour ne pas être débordé. C’est un sujet scientifique qu’il faut approcher avec beaucoup de précautions. Il faut toujours garder à l’esprit une forme de scepticisme. Et j’ai souhaité aussi montrer que le pouvoir ultime de la technologie, c’est de tenter de répondre à de grandes questions humaines touchant à notre avenir ».

- Une écriture puissante.

- Une variation extrêmement littéraire sur ces personnes qui veulent prolonger scientifiquement la durée de la vie. Quitte à vivre physiquement cette vie future dans un caisson de cryogénisation…

- Les inévitables interrogations que déclenche la lecture de « Zero K ». Oui, en lisant le roman de Don DeLillo, on s’interroge. Si la science devait être capable de le faire, qu’adviendra-t-il de l’âme, de l’esprit, de l’identité de l’être dont le corps serait prolongé ? Qui se réveillera, en somme, après la vie passée dans un caisson ?

Quelques réserves

Quelques chapitres, quelques pages peuvent paraître complexes et philosophiques,  d'autant que de nombreuses questions sont posées mais que l’auteur propose peu (ou pas) de réponses...

Encore un mot...

« Zero K », c’est LE roman du transhumanisme, de l’art de mourir, de la congélation dans l’espoir de ressusciter. Certains ont voulu, dans ce nouveau livre (l’un de ses meilleurs !) de Don DeLillo, voir un texte de science-fiction; ce que réfute l’auteur. En effet, c’est surtout et avant tout un grand texte sur l’immortalité et la finitude humaine. Oui, « Zero K » est le roman glacé par excellence !

Une phrase

Ou plutôt deux: 

- « C’est humain de vouloir la connaissance, toujours plus de connaissance. Mais il est vrai aussi que nous ignorons ce qui nous rend humains. Et il n’y a pas de limite à l’ignorance ».

 - « Je ressens le temps. Je ne suis que temps. Mais je ne sais pas ce que ça veut dire.

Je suis seulement ce qui est ici et maintenant.

Pour combien de temps suis-je ici. Où est ici.

J’ai l’impression de voir ce que je dis ».

L'auteur

Né le 20 novembre 1936 à New York (Etats-Unis), Don DeLillo est un écrivain américain. Ses parents, des Italiens émigrés, l’ont élevé dans la tradition et la pensée catholiques. Devenu adulte, Don DeLillo dira que, longtemps, il a considéré la religion comme « une discipline et un spectacle, une chose conduisant les gens à un comportement extrême. Noble, violente, déprimante, belle ». 

Après des études à l’université jésuite Fordham à New York, il publie en 1971 son premier roman, « Americana », qui, d’emblée, le place parmi les grands écrivains américains du 20ème siècle. Suivront des romans tout aussi importants, parmi lesquels « Les Noms » (1990), « Outremonde » (1999), « Cosmopolis » (2003), « L’Homme qui tombe » (2008) et le tout récent « Zero K ». 

Don DeLillo est aussi l’auteur de recueils de nouvelles (« L’Ange Esmeralda », 2013) et de pièces de théâtre : « The Day Room », 1986 ; « Valparaiso », 2001 ; « Cœur-saignant-d’amour », 2005, et « The Word for Snow », 2007.

Commentaires

pantang
jeu 24/10/2019 - 16:25

Bonjour,
Désolé mais je n'ai pas accroché du tout avec ce texte d'un auteur qui a mon sens est beaucoup plus à l'aise avec des textes moins scientifiques et disons hard science. C'est bien écrit mais l'ennui est au rendez-vous avec des pages totalement creuses pour ne pas dire sans intérêt et une intrigue qui finalement reste dans le classique. Nous sommes très en deca d'ouvrages de SF sur l'immortalité et au delà d'un style au dessus de la moyenne, la narration contemplative et pseudo philosophique n'est pas pour moi efficace.

Désolé, tous les avis sont dans la nature mais je ne saurai recommander cet ouvrage ni à l'amateur de textes philosophiques ni à l'amateur de hard science qui sera mieux avec du Egan par exemple et des prospectives moins minimalistes et pour moi sans relief

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