C'est (un peu) compliqué d'être à l'origine du monde

Un manifeste enlevé et drôle
De
Les Filles de Simone
Claire Fretel, Tiphaine Gentilleau, Chloé Olivères
Avec
Tiphaine Gentilleau, Chloé Olivères
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Le Prisme
Quartier Des Sept Mares
78990
Elancourt
01 30 51 46 06
4 au 7 novembre, le 13 novembre à Plaisir (78) et en tournée en 2016
Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

La pièce a pour trame la catastrophe que représente (rait ?) le fait, pour une femme, de devenir mère…

Chloé fait un test de grossesse, Tiphaine pique une crise de nerfs, les deux femmes n’en sont qu’une, se débattant dans le tourbillon de la maternité. Oui, la mère est piégée ! Comment se retrouver elle-même et ne pas être seulement « son enfant » - qu’elle ne peut pas ne pas aimer plus que tout, alors que tout, autour d’elle, la réduit à un monstre procréateur, même sa propre mère.« Je ne veux pas être mammaire !» s’exclame t-elle... 
Ici l’exercice est habile car il s’agit bien d’un manifeste mais il n’y transparaît aucun jugement, aucun réquisitoire, aucune violence. Un constat, un tableau très bien peint (notamment les relations avec la gynécologue ou avec l’employeuse) de la vie quotidienne de la femme dite « libérée ».

Un vrai sujet de société traité avec humour et autodérision.

Points forts

- Deux excellentes comédiennes qui nous font partager avec drôlerie ce qui est certainement une expérience vécue. Elles le disent elles-mêmes : « notre vécu est notre matière première ».

- De scène en scène les rôles sont interchangés, ce qui, d’une part, dynamise l’action, d’autre part nous fait sentir que chaque femme, en vivant ce que vit l’autre, ne sait plus bien si elle est encore elle-même. Problème d’identification…

- Beaucoup d’astuces de mise en scène qui permettent au public de participer en live.

- L’univers est complètement féminin, féminin à grosse tendance féministe, et pourtant, dans le public, les hommes rient comme des fous (les femmes aussi). Belle prouesse ! 

Quelques réserves

Des jeunes comédiennes, qui s’expriment parfois comme beaucoup de jeunes (comédiens ou non), c’est à dire à un rythme parfois difficile à suivre. Les mots se bousculent à toute vitesse, sont hurlés parfois (si la violence est absente, la colère est présente) : dans ces cas-là donc on ne les comprend plus…

Encore un mot...

Etre une "femme libérée" aujourd'hui: un vrai sujet de société traité avec humour et autodérision.

Une phrase

Lorsque l’employée, comédienne de métier en l’occurrence, vient annoncer à sa metteuse en scène qu’elle est enceinte :

- Metteuse en scène : « Je suis ravie pour toi, c’est formidable, mais c’est compliqué pour moi »

- Elle : « Compliqué pour toi… »

- Metteuse en scène : « C’est vraiment compliqué… je t’avoue… je suis assez… enfin… C’est un peu me faire un enfant dans le dos… Là l’expression s’impose ».

L'auteur

Cette création collective est celle des « Filles de Simone », en référence à Simone de Beauvoir évidemment… Parsemé de citations de ladite Simone mais aussi d’autres icônes féministes telles Antoinette Fouque, Yvonne Knibiehler ou Elisabeth Badinter, le texte lui-même est de Thiphaine Gentilleau : un texte où toute jeune femme se trouvera en terrain connu, sur le fond comme dans la forme. 
« Les femmes sont libérées mais les mères sont piégées ! » clame avec ironie le collectif « Les Filles de Simone ». 
Claire Fretel, comédienne de formation, est depuis 2012 assistante à la mise en scène de Pierre Notte. Elle nous livre ici une mise en scène inventive au décor minimaliste qui n’utilise que quelques accessoires, parmi lesquels des « post it » que les comédiennes se collent sur le front, tels les tatouages ou les bannières des manifestants…

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