Jean Piat dans "Pièces d'Identité"

Merci, gentleman Jean !
De
Jean Piat
Lumières: Laurent Béal
Mise en scène
Stéphane Hillel
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002
Paris
0142969242
Jusqu'au 30 avril: vendredi et samedi, à 19H; dimanche, à 17H30

Thème

Ce spectacle, Jean Piat l'a conçu avec cette idée, toute simple, d'expliquer pourquoi à 91 ans il monte encore sur scène.

C'est un peu l'histoire du "Petit Poucet" qui nous lègue, en guise de cailloux, 1H10 d'évocations  alternant:
                     - confidences sur son parcours.
                     - réflexions sur le théâtre, les textes,sa passion pour quelques grands auteurs, le métier de comédien, les relations avec le public.
                     - récitations de quelques grands textes.

Points forts

- Tout passe très vite. Aucun temps mort.

- Jean Piat est là tel qu'en lui-même: très "présent", malicieux, homme de finesse et d'élégance. Tout est dit avec simplicité, pudeur et humour. Il y a quelque chose de Jean d'Ormesson en lui...

- Beaucoup de notations très fines sur le travail de comédien et sa relation avec le public: jouer tous ces rôles, c'est, explique Jean Piat, une manière d'entretenir une longue conversation avec les spectateurs.

- Et puis, le talent du comédien:
                       - sa récitation vigoureuse de la fable "Les animaux malades de la peste". Tout à coup, la Fontaine devient étonnamment actuel et son discours  tout sauf gentillet.
                       - la subtilité "rampante" de sa récitation de la tirade de Basile sur la calomnie, dans "Le Barbier de Séville".

- Un grand moment d'émotion: lorsque Jean Piat dit ce texte superbe de Musset: "Si je vous disais, Madame, que je vous aime".

- Emotion aussi à la fin, quand il salue le public. J'ai ressenti un peu la même impression qu'en voyant, il doit y avoir deux ans, Michel Bouquet saluer à la fin du"Roi se Meurt", la pièce d'Ionesco. Même retenue, même pudeur, même gravité heureuse dans la conscience de la précarité des choses.

Quelques réserves

Autant se le dire: ce n'est sans doute pas un spectacle pour moins de 30-40 ans...

Encore un mot...

1 Ce seront d'abord trois questions:
                        - Ce spectacle, Jean Piat nous l'offre comme le dernier de sa carrière. Mais sait-on jamais ? Pourra-t-il vraiment, tant qu'il aura la capacité de marcher, se passer des planches? Ne dit-il pas lui-même: "quand je ne joue pas, j'ai l'impression d'être privé de dessert ou de récréation" ?
                        - En sortant, je me demandais: qui est le Jean Piat dans la génération actuelle des 30-40 ans? Personnellement, je ne vois pas très bien.
                        - Jean Piat a donc fait une grande carrière au théâtre et à la télévision mais, par contre, au cinéma...Pourquoi? Mystère. Si vous avez la réponse...

2 On découvre avec une certaine surprise, dans ce spectacle, que le personnage qui a le plus marqué Jean Piat, ce n'est ni Cyrano ni Robert D'Artois mais le Figaro de Beaumarchais, dont il nous livre avec fougue la tirade de mise en accusation de la société de son temps avec ses conventions, ses hypocrisies, ses lâchetés. Texte admirable, qui fait un peu pendant à l'admonestation de Dom Louis à son fils dans le "Dom Juan" de Molière.

3 Last but not least, je vous signale, si vous souhaitez aller plus au fond des choses, la publication d'un livre, passionnant, d'entretiens de Jean Piat avec François d'Orcival, livre intitulé "Et...vous jouez encore!" et publié chez Flammarion.

Une phrase

Qui seront deux:

- Jean Piat: "Un auteur ne rentre pas dans la peau du personnage; il s'efforce de le faire rentrer en lui".

- Et, cité par Jean Piat, ce mot de Sacha Guitry, cancre fieffé à l'école mais qui avait déjà un comportement d'internaute avant même que le web existât: "Pourquoi apprendre ce qui est dans les livres puisque ça y est déjà!".

L'auteur

Quelle carrière, Jean Piat, depuis ce jour où, à 14 ans, en 1938, il est monté sur scène pour imiter Maurice Chevalier dans un radio-crochet...
Viendront très vite 25 ans de Comédie-Française: il en devient pensionnaire, à 23 ans, en 1947, puis secrétaire, en 1953; et la quittera en 1972.

Trois jalons dans cette carrière exceptionnelle: 
                   - au théâtre, le rôle titre de "Cyrano" (il le jouera 264 fois...)
                   - à la télévision: il joue, en 1962, dans "Lagardère".
                   - et, toujours à la télévision, en 1972, il est Robert D'Artois dans cette grande fresque, au succès énorme, "Les Rois Maudits".

Après la Comédie-Française, Jean Piat deviendra l'une des grandes figures du théâtre de boulevard haut de gamme, dans les pièces de Françoise Dorin (il a joué 900 fois "Le Tournant...), Barillet et Grédy, Feydeau etc... sans oublier, évidemment les grands auteurs  anglo-saxons.

Commentaires

REGNOT
dim 21/02/2016 - 00:54

Juste une petite "rectification" : jean piat n'est pas monté sur scène pour la 1ère fois à l'âge de 14 ans, mais à 4 ans !
Il est né en 1924 : il avait donc 4 ans ! (pas 14 ans ).
ce n'est pas non plus pour imiter Maurice Chevalier dans un radio crochet, mais dans une fête récréative : il avait un tout petit rôle : quelque mots à dire !
(des mots que toute sa famille s'évertuait à lui souffler !...)
Pas besoin d'aller loin !
Premièrement : vous apprenez à compter !
Ensuite : soit vous allez voir la pièce et vous serez informé par Jean Piat lui-même ! Ces anecdotes sont croustillantes !
Pas la peine d'en inventer !!!
De plus, dans bon nombre d'interview, jean Piat en avait parlé lui-même !
Il ne faut pas oublier qu'avant de donner ce spectacle au Théâtre des Bouffes Parisiens, jean Piat à donné cette pièce en tournée en France depuis le mois de septembre/octobre !
Pas de désinformation ! je vous prie....

Une chance que l'acteur ne tombe pas sur ces inexactitudes ! Il pourrait vous poursuivre !.... Mais encore, il est au-dessus de toutes ces "bêtises" !
Vérifiez vos sources avant de publier un article ! et relisez-vous !
Je ne vais pas plus loin dans ma lecture : je connais la suite !De plus vous faites allusion au livre que Jean Piat publie sur ce même sujet, ou presque ..... Il doit y avoir de quoi vérifier vos erreurs !

je ne vous fais pas mes compliments;

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