Les Cavaliers

Coup de foudre
De
Joseph Kessel
Adaptation: Eric Bouvron
Mise en scène
Éric Bouvron et Anne Bourgeois
Avec
Éric Bouvron, Grégori Baquet en alternance avec Benjamin Penamaria, Khalid K et Maïa Guéritte.
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009
Paris
0148747699
Du mardi au samedi, à 21h. En matinée, le samedi, à 15h30.

Thème

Le jeune et orgueilleux Ouroz participe au tournoi le plus important d’Afghanistan, le Bouzkachi du Roi, un sport très violent pour des cavaliers exceptionnels. Son père, le grand Toursène, maître des écuries du domaine et grand champion du bouzkachi en son temps, lui confie son cheval, le grand Jehol,  pour le tournoi et lui promet de le lui offrir en cas de victoire de l’étalon.
Mais Ouroz échoue, tombe de son cheval, et se brise la jambe. Il doit alors retourner dans sa province lointaine pour faire face à son père, malgré son humiliante défaite, et alors que son cheval, lui, a gagné avec un autre cavalier. 
Ainsi commence pour Ouroz, blessé et malade, un long et périlleux voyage à travers l’Afghanistan. Il est accompagné de son fidèle serviteur Mokkhi et de Jehol, son magnifique cheval fou. 

Points forts

J’ai tellement aimé cette pièce dans son ensemble qu’il m’est difficile de ne sélectionner que quelques points forts, mais je vais quand même essayer de me prêter à l’exercice...

Il faut tout d’abord expliquer qu’ayant lu avec passion le livre du même nom, je me demandais par quelle magie et surtout avec quels moyens un metteur en scène pouvait transposer cette épopée à cheval sur les planches d’un théâtre… Mais le défi est brillamment relevé tant par les metteurs en scène que par les quatre comédiens qui semblent véritablement habités par les personnages qu’ils incarnent pour nous.

Venons-en aux points forts les plus révélateurs : 

- La scénographie très sobre et unique tout au long de la pièce. Un tapis, un rideau, quelques tabourets, et nous voilà tour à tour dans les montagnes afghanes, les steppes de la province de Maïmana, sur le terrain du grand bouzkachi de Kaboul ou encore au coin du feu avec Ouroz et Mokkhi 

- Car oui, même les cavalcades de chevaux et la présence continue de Jehol, le grand étalon, le cheval fou, sont vivantes sur la scène du Théâtre La Bruyère. La magie est là. Point de cheval, mais grâce aux talents des comédiens et de Khalid K, on pourrait presque jurer que si, bien sûr, on a vu Jehol galoper aux côtés des autres chevaux du bouzkachi, avant d’emmener son maître blessé sur son dos.

- Khalid K… il faut absolument parler de Khalid K. Chanteur, musicien, « bruiteur », il est présent à chaque instant de la pièce qu’il accompagne de sa voix, de ses mélopées, pour faire ainsi résonner sur scène et en nous, les galops des chevaux et leur respiration, l’écho des montagnes, le bruit de la nuit, des angoisses et des peurs. Il est tout simplement exceptionnel. 

Quelques réserves

- Un petit bémol peut-être pour la scène de combat entre Ouroz, en transe, et un chien sauvage, que j’ai eu du mal à apprécier. Mais je crois que déjà dans le livre, je n’avais pas aimé cet épisode; alors; ma réaction n’est pas vraiment surprenante !

- A la sortie du théâtre, les discussions étaient animées, et il faut reconnaître que cette pièce, peu classique et assez proche du conte ou du spectacle africain, ne plaira peut-être pas aux amateurs de théâtre plus conventionnel. Je me demande également si j’aurais autant apprécié sans avoir lu le livre… ?

Encore un mot...

Je ne peux que recommander ce spectacle qui nous fait voyager loin de Paris, et qui nous révèle la dimension humaine très forte du livre de Joseph Kessel où il serait facile de ne voir que le récit de voyage et d’aventure. C'est un très bel hommage qui est rendu par toute l’équipe à ce grand écrivain, qui est d’ailleurs salué et remercié par les comédiens à la fin du spectacle. 

Une phrase

 "Ici en Afghanistan, c'est le Bouzkachi qui façonne les hommes, ou qui les détruit."

L'auteur

Journaliste, résistant, scénariste, reporter de guerre et romancier, Joseph Kessel fut un aventurier au sens noble du terme. Il a écrit de très belles œuvres comme Le Lion, L’Armée des Ombres et bien évidemment Les Cavaliers (en 1967), que lui a inspiré un long reportage en Afghanistan.

Pour reprendre les mots de François Mauriac, dans son Bloc-Notes, « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d’abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l’univers sans avoir perdu son âme. »

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