Mies Julie

Audacieux, violent, excessif, mais très fort
De
Yaël Farber
D'après "Mademoiselle Julie" d'August Strindberg
Mise en scène
Yaël Farber
Avec
Hilda Cronjé, Bongile Mantsai et Zoleka Helesi
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis boulevard de la Chapelle
75010
Paris
0146073450
ATTENTION: dernière représentation, le 16 avril

Thème

Une histoire d'amour impossible entre un jeune homme employé de ferme et la fille de son "maître", en Afrique du Sud où, 20 ans après la fin de l'Apartheid, les traumatismes et les plaies laissées par cette époque sont encore à vif.

Points forts

1 Une adaptation violente jusqu'à en être dérangeante, jouée entre trois protagonistes (un couple et la mère du jeune homme) dans le huit-clos de la cuisine d'une ferme dans une région ultra pauvre et aride d'Afrique du Sud. Le sexe y prend une part intense dans un univers où tout est brutalité. Il est l'aboutissement de rêves mêlés à des pulsions dévastatrices et le révélateur des blessures béantes qui rongent les jeunes gens. Un drame dans lequel chaque personnage est en quête de lui-même. 
L'espoir entrevu d'une évasion possible par l'invention de son propre destin sera anéanti sans retour même si l'action se situe le jour de la fête de la Liberté. 

2 Les acteurs nous réservent de très bonnes surprises, immergés autant physiquement qu'il se peut dans des rôles sans concessions. 
Les deux femmes sont aux antipodes l'une de l'autre. La même violence les habite mais chacune l'interprète différemment.
Hilda Cronjé frôle parfois l'hystérie et provoque, insulte autant verbalement que physiquement. Il y a dans son jeu une liberté jusqu'au-boutiste, une violence de ton et une audace dans la provocation qui subjugent. 
En face, Zoleka Helesi oscille magnifiquement entre l'expression de la douleur extrême qu'elle nous livre sans retenue et les accents émouvants de l'amour maternel et de la résignation assumée. 
Bongile Mantzaï endosse bien le rôle de l'amant (superbe) manipulé, d'un côté, et du fils dominé, de l'autre. Son personnage oscillant entre beaux sentiments, violence et faiblesse doit s'affronter lui-même pour exister face aux deux fortes personnalités féminines. 

3 La mise en scène et le choix des interprètes permet de se transposer dans l'atmosphère suffocante de l'Afrique du Sud. L'action, comme dans un ballet, voit les acteurs utiliser leur corps pour exprimer le plus intime, le plus indiscible. 

4 Le choix de la langue anglaise est un plus tout comme la musique lancinante du début de la pièce et les chants sud-africains. 

Quelques réserves

1 Le va et vient qu'il faut faire entre les acteurs et les sous-titres ...

2 Certains excès dans la mise en scène, à la limite du grand guignol: du sang et encore du sang ! Excès également dans les vêtements et le jeu de Julie qui frôle par moments la déchaînée sexuelle en manque... 

Encore un mot...

La pièce aurait elle pu aboutir à une autre conclusion ? La résilience est-elle envisageable pour un pays et un peuple traumatisés? La question reste ouverte même si la pièce, qui nous y a fait croire un moment, se clôt sur un drame. 

C'est fort, on vit aux côtés des trois personnages des moments d'une intensité extrême dans une mise en scène qui ose être excessive. 

L'auteur

Ecrivain, dramaturge et peintre suédois, né en 1849 et mort à Stockholm en 1912, August Strindberg est l'un des pères du théâtre moderne. 

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