Moi et François Mitterrand

Quand la naïveté sublime un homme ordinaire. Superbe.
De
Hervé Le Tellier
Mise en scène
Benjamin Guillard
Avec
Olivier Broche
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond Point
2 bis, Avenue Franklin D. Roosevelt
75008
Paris
0144959821
Jusqu'au 20 novembre - A 18h30. Durée 1h15 - relâche le lundi.

Thème

Hervé, homme simple, écrit au président de la République. Nous sommes en 1983. Le secrétaire de François Mitterrand lui répond et cela ressemble évidemment à une lettre type : «… Vos remarques seront prise en considération... ». Pour Hervé, une amitié naît, une correspondance débute.

La pièce commence comme une conférence que ferait, poussé par un élan imprévisible, un personnage simple et naïf, convaincu que son histoire épistolière est non seulement exceptionnelle, mais révélatrice de son influence et qui donc, à ce titre vaut bien d’être écoutée. Au mur, dans un premier temps, un grand portait de François Mitterrand et un rétroprojecteur qui  permettra de projeter les lettres successivement reçues de ce correspondant « majeur ».

Ainsi va nous être proposée, racontée et commentée une succession de lettres entre Hervé et le Président. Et si les lettres de réponse de François Mitterrand semblent quelque peu banales sinon stéréotypées, elles vont développer chez Hervé une espèce d’illusion d’importance. 

Mais ce sont surtout les élucubrations d’un homme seul, vivant un quotidien dans un monde modeste sans grand intérêt et avec quelques déconvenues, face au premier homme de l’Etat. Cette relation « univoque » va transcender cette banalité en opportunités inattendues. Celles qui vont permettre à Hervé d’imaginer qu’il prodigue, sur de nombreuses questions intimes ou publiques, des idées voir même des suggestions ou de véritables conseils. Un échange qui, de façon insoupçonnée, va durer… plus de trente ans. 

Points forts

- La mise en scène de la pièce nous met immédiatement à l’aise. On se trouve prêt à jouer le jeu avec bonheur, car si cette histoire est quelque peu surréaliste, on aime bien l’idée qu’elle pourrait exister. Derrière une naïveté très évidente apparaît une certitude de bonne foi ouvrant sur des propos parfois graves et toujours justes. Il rêve, mais il vit, car les courriers qu’il reçoit sont véritables…

- Le texte est remarquable, précis, le style comme les idées sont portées toujours avec spontanéité et naturel. L’humour n’est jamais absent et on rit de bon cœur et avec tendresse pour cet homme convaincu de sa bonne foi et de la conviction qu’il a d’être devenu pour le Président de la République, un homme incontournable.

- Enfin Olivier Broche est extrêmement attachant dans la vérité de sa posture et de ses propos. Il sublime la pièce par sa spontanéité, sa bienveillance, sa bonne humeur et cette résignation, non pas triste, mais toute concentrée sur cette mission extraordinaire que d’être le correspondant privilégié du Président. Il fait preuve d’un talent comique extraordinaire.

Quelques réserves

Je ne vois pas de point faible. 

Encore un mot...

Rêver de peser sur le monde, quelle plus grande ambition ou quelle plus grande naïveté pour un homme ordinaire ! 

On passe une très belle soirée, prêtant, avec le sourire, une attention constante aux propos tenus.

Une phrase

« …vos remarques seront prises en considérations !… » 

L'auteur

Mathématicien de formation, longtemps journaliste scientifique, Hervé Le Tellier entre à l’Oulipo (ouvroir de littérature potentielle) en 1992. Pilier depuis 25 ans de l’émission de France Culture « Des Papous dans la tête », il est l’un des membres fondateurs des amis de Jean-Baptiste Botul (1896/1947). Docteur en linguistique, auteur d’un essai sur l’esthétique de l’Oulipo, il enseigne le journalisme à Paris III et les pratiques rédactionnelles à Paris V. 

Il a publié ses deux premiers ouvrages, le recueil de nouvelles « Sonates de Bar » (1001) et le roman « Le voleur de nostalgie » (1991) chez Seghers. 

Ses trois derniers romans explorent le sentiment amoureux : le fantasme dans « Je m’attache très facilement », l’ambivalence dans « Assez parlé d’amour » et enfin la jalousie dans « Eléctrico W ».

Ont été adaptés à la scène ; « La Chapelle sextine », « Joconde jusqu’à cent » et « les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable ou mille réponses à la question « À quoi tu penses ? » "Moi et François Mitterrand" a été publié début 2016 chez Jean-Claude Lattes. 

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