Trahisons

De
Harold Pinter
Mise en scène
Frédéric Bélier-Garcia
Avec
Denis Podalydès, Laurent Stocker, Christian Gonon, Léonie Simaga
Recommandation

Parce que vous vivrez donc un grand moment, la scène de la rupture.

Et parce que la scénographie est bluffante.

Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Théâtre du Vieux-Colombier
75006
Paris
0144398700
Jusqu'au 26 octobre.

Thème

"TRAHISONS", c'est une mécanique à remonter le temps, dans une histoire d'amour et d'amitié trahis, que chacun reconstruit à sa manière, sans qu'on sache très bien des trois qui est le plus victime, qui est le plus coupable.
Reste à chercher à comprendre comment s'est articulée la fin d'un amour, en remontant à ses racines.

Points forts

- La méthode de la narration à rebours a au moins un  avantage, celui de souligner les aléas de la naissance et de la vie du sentiment amoureux, dont aucun personnage ne semble maîtriser ici le cheminement.
Il y a du Oreste dans certains personnages de Pinter, mais sans la lucidité d'Oreste qui,lui, sait au moins "qu'il se livre en aveugle au destin qui l'entraîne".

-  Il y a, dans cette version, quelques moments où l'on découvre ce qu'il y a de meilleur chez Pinter, lorsque justement il ne cherche pas à faire du Pinter, qu'il ne multiplie pas les ronds dans l'eau et qu'il ne tourne pas des heures autour du pot. Je pense à trois scènes :
         - la scène de la rupture entre la femme et l'amant. Léonie Simaga est bouleversante d'authenticité et de maîtrise, dans la manière de gérer des mots assassins, avant un pathétique :"Je m'en vais"...
         - celle de l'aveu de l'adultère de la femme, où, pour une fois, les fameux silences pintériens servent à quelque chose...
         - celle de la déclaration d'amour fulgurante, tonitruante, bouleversante du futur amant.

- La pertinence du décor qui, dès le début, fait penser à un tableau de Hopper.

- Un jeu génial avec le rideau de scène, comme on aurait pu le faire avec des paravents japonais de l'époque Arts Déco.

Quelques réserves

Comment ne pas constater, une nouvelle fois, que ce théâtre des"petits riens" enrobés de mystère a considérablement vieilli, tant est grand le nombre d'auteurs qui se sont engouffrés dans cette brèche ouverte dans les années 50-60. Il suffit de peu de choses pour qu'à la scène ce théâtre là devienne un théâtre aussi creux que  précieux.

Or, au lieu de jouer sur la force des sentiments et des passions ressenties (amour, jalousie etc...), le metteur en scène, Frédéric Bélier-Garcia a préféré insister sur le côté esthétique et pseudo intellectuel des "pintériades" : très-trop longs silences, accumulation de mots qui ne servent à rien et qui traînent, redites à la limite du ridicule etc...

Sans oublier les bons mots qui tombent à côté : "je déteste le cognac, ça pue la littérature contemporaine"...

Encore un mot...

On comprend que ceux qui ont eu la chance de voir récemment à New-York une version coup de poing et poignante de cette pièce, soient déçus par cette lecture trop élégante du texte de Pinter. Ici, malheureusement, pour trois scènes réussies, dont un grand moment de théâtre -la scène de la rupture-, il faut en suivre six autres où l'on oscille entre attention polie, ennui et agacement.

L'auteur

Harold Pinter a obtenu en 2005, à 55ans, le Prix Nobel de Littérature. Dans son oeuvre, très inégale, "TRAHISONS"(1978) fait partie du cycle des pièces consacrées au couple,  faisant suite, entre autres, à deux pièces plus célèbres, "LA COLLECTION" et "L'AMANT".

Dans cette série d'oeuvres, Pinter développe le thème de l'intimité et de la mémoire, avec une sorte de fascination pour le triangle d'or du théâtre bourgeois, le mari, la femme et l'amant.
 

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