Victor F

Une interrogation diablement actuelle
De
Laurent Gutmann
D'après Frankenstein de Mary Shelley
Mise en scène
Laurent Gutmann
Avec
Eric Petitjean, Cassandre Vitu de Kerraoul, Luc Schiltz, Serge Wolf
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Aquarium
Route du champ de manœuvre
75012
Paris
0143747274
Jusqu'au 24 janvier

Thème

Le titre de la pièce ne l’indique pas d’emblée, mais « Victor F », c’est Victor Frankenstein. Comme dans le roman  originel de Mary Shelley, on va voir, sur scène, un savant créer ex nihilo, en dehors de toute fécondation, une créature humaine,  qui faute de  pouvoir se faire aimer à cause de sa difformité, va, par désespoir, se transformer  en un monstrueux assassin.  Mais au fond, qui est  vraiment responsable de ces crimes affreux? La créature qui tue par manque d’amour et de réelle humanité ? Ou celui qui, croyant pouvoir abolir la mort, et se plaçant de ce fait au dessus de Dieu, a engendré cette créature ? Le roman portait cette  interrogation. Elle est au centre du texte de Laurent Gutmann.

Points forts

- D’abord les questions suscitées par le texte donné à entendre ici. En transposant   dans notre époque cette histoire publiée en 1817, Laurent Gutmann y a vu l’occasion de proposer une fable passionnante sur quelques unes des problématiques qui secouent ce début du XXIème siècle : le rejet de la différence, les manipulations génétiques, et l’obsession du progrès  «  à tout prix », qui pousse certains scientifiques à fabriquer des «  machines » porteuses de destruction.

- L’esprit de la représentation : Pour contrebalancer la gravité des questions  qu’il soulève,  l’auteur a choisi  de les poser  sur un ton ironique, badin et décalé. Ce deuxième degré  permet au spectateur  d’échapper à l’effroi, et même, par moments de sourire et de rire.

- La virtuosité des comédiens. Ils sont quatre. Et leur quatuor fonctionne à merveille.

- La scénographie. Elle est simple, belle, efficace.

Quelques réserves

- Paradoxalement, le ton de la représentation.  Si elle permet d’échapper à la lourdeur et à la peur, la loufoquerie systématique du texte et de la mise en scène affadit à plusieurs reprises l’enjeu du questionnement, et, par ricochet, gomme  l’émotion.

- L’aspect de Frankenstein. Puisque c’est une créature que tout le monde rejette à cause de sa monstruosité, elle devrait avoir un aspect  sinon repoussant, du moins inquiétant. Le masque porté par le comédien qui l’interprète ici, suscite un malaise, mais pas vraiment  de répulsion. C'est dommage.

Encore un mot...

Quand le théâtre permet de revenir au contenu initial d’un roman dévoyé par les nombreuses adaptations cinématographiques qu’il a suscités, alors, on en redemande. Surtout quand c’est fait, comme c’est le cas ici, avec brio et intelligence.

L'auteur

Après une formation de comédien à l’école de Chaillot, dirigée par Antoine Vitez, et avoir parallèlement obtenu un DEA de philosophie, Laurent Gutmann, né en 1967, commence par être l’assistant de Jean-Pierre Vincent.

En 1994, il crée sa  propre compagnie, «  Le Théâtre suranné »  et réalise ses premières mises en scène, dont «  Le Coup de filet » de Bertolt Brecht. En 1999, il va s’installer  en région Centre. En 2002, il est lauréat du concours « Villa Médicis hors les murs » pour un projet de collaboration à Tokyo avec le metteur en scène japonais Oriza Hirata; puis, en 2004,  prend la direction du Théâtre Populaire de Lorraine.

Redevenu metteur en scène indépendant en 2010, il a signé la réalisation et l’écriture de nombreux spectacles dont, en 2012, « Le Petit Poucet ou du bienfait des balades en forêt dans l’éducation des enfants » et  une adaptation du « Prince » de Machiavel.

 Avec ce « Victor F », Laurent Gutmann qui aime les  paris audacieux et la revisitation de grands textes, a voulu transposer dans notre époque l’un des romans d’épouvante le plus marquants du XIXème siècle, « Frankenstein ».

Commentaires

Anonyme
mer 11/01/2017 - 15:06

Je suis allée voir cette pièce en Janvier 2016.
Elle ne m'a pas du tout plu. Le texte est creux, de nombreux propos sont des évidences. Quant aux comédiens masculins (Victor F et son ami), je trouve qu'ils interprètent vraiment mal leur texte.
Heureusement, il y a Cansandre Vitu de Kerraou mais donne de l'énergie à cette représentation !

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