L’économie post-covid

Deux spécialistes de référence sur un sujet majeur : l’économie d’après la pandémie. Immanquable !
De
Patrick Artus et Olivier Pastré
Fayard - 121 p. - 14€
Notre recommandation
4/5

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Thème

Lorsque  deux éminents économistes, professeurs d’université, auteurs  de best sellers et chroniqueurs de référence   décident de coproduire un ouvrage, on se  dit que le sujet  doit être majeur.  C’est le  cas  car il ne s’agit de rien d’autre que de «penser l’après  COVID». Vaste et salutaire programme ! 

 Dans cet exercice intellectuel  « vital » (sic), ils envisagent deux  scenarii :
-soit une aggravation de la crise, faute de  réponses adaptées au plan sanitaire économique et social ;
- soit, même avec une maîtrise imparfaite de la pandémie, l’opportunité d’une refondation de l’économie mondiale « sur des bases saines et durables».

Il faudra donc s’épargner les risques du repli sur soi, du protectionnisme « populiste » et  de la  guerre  potentielle des monnaies. Ils rappellent notamment que la monétisation massive des déficits publics porte en soi des risques  de bulles sur les actifs financiers, de fuite  devant la monnaie (la base monétaire de l’OCDE, par exemple, est passée de 3000 milliards de dollars en 2007 à 14000 début 2020 et probablement à 24000 fin 2020 !!! Une offre de monnaie en hausse de 70% en un an et multiplier par 8 en 7 ans). On n’est plus  dans la «monnaie hélicoptère» qui déjà  effrayait  les plus orthodoxes, mais  dans le  bazooka monétaire qui balaye toutes les  certitudes passées…

 Nous  «dansons  sur un volcan»  celui de la perte de confiance dans la valeur de la monnaie des Etats qui pourrait conduire à une implosion du système monétaire international…

Le salut passe donc par une prise de  conscience de l’exigence d’une coopération nouvelle entre les Etats  et une  solidarité dont on parle souvent mais qu’on ne voit jamais.

Points forts

Les auteurs mettent la barre  très haute : une simple politique réformiste ne suffira pas, le temps des  « ruptures »  si longtemps différées, est venu.
C’ est  dans  cette perspective, à l’issue d’un diagnostic de contexte et d’historique, qu’ils avancent  huit pistes d’actions :

Revenu universel de base  pour les plus  faibles ; transition énergétique ;  décentralisation, avec quelques lignes rouges  pour les  syndicats qu’ il convient (urgemment)  de rénover de fond  en comble. Réformer les  retraites pour donner de la compétitivité aux entreprises  et le  système de formation professionnelle ; redéfinir la  réglementation financière et les normes prudentielles (on oublie facilement que le système bancaire  d’un pays  est l’un des  grands instruments de sa souveraineté) ; élaborer  un partenariat  Etat – entreprise  sur 

Quelques réserves

On aurait aimé avoir plus de visibilité sur la théorie de  “l’effacement des dettes publiques” mais ce  sera sans doute pour un prochain essai que l’on   attend déjà. !

Encore un mot...

 Cet essai synthétique très riche rappelle que si tout est différent dans cette crise, les  solutions restent éternelles :  du courage, du courage et encore du courage…et de la  détermination. On l’espère pour nous et nos  enfants.

Une phrase

«Le modèle économique et  social est  remis en cause de manière bien plus profonde et large qu’en 2008-2009… »

« Attention aux  faux  débats comme  ceux  sur les  dividendes : il  est prouvé que leur hausse ne se fait jamais au détriment des salaires  ou comme celui sur la nécessité d’une hausse du Smic qui aurait un double effet :  dissuader les entreprises d’embaucher et s’appliquer de manière indifférenciée… »

L'auteur

Patrick ARTUS, chef économiste de Natixis, chroniqueur au magazine Le Point, prix Turgot 2007 pour son ouvrage les Incendiaires paru chez Perrin. Professeur à l'École polytechnique et professeur associé à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne. Il a publié avec Marie-Paul Virard (rédacteur en chef des Enjeux-Les Echos) plusieurs ouvrages sur le capitalisme, la globalisation, les revenus… disponibles aux éditions La Découverte Poche.

 Olivier PASTRE co-Lauréat en 2008 du prix Turgot avec Jean-Marc Sylvestre pour leur livre Le  roman  vrai de la  crise paru chez Perrin.

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