Les Gaulois réfractaires demandent des comptes au nouveau monde

La Vendée se prend pour Bibracte. La révolte gronde. Les 2 Villiers sont à la manoeuvre !
De
Philippe de Villiers
Fayard -
162 p. - 15 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Un des hommes politiques les plus médiatisés et à la fois un des plus caricaturés du PAF fait de la résistance et sort les griffes : « Il va falloir vivre avec le virus » reconnaissait Edouard Philippe, il y a peu de temps. Et en  effet nous le vivons de plus en plus mal.  Notre Philippe ne souhaitait sans doute pas avoir encore raison six mois après l’écriture de ses Gaulois Réfractaires ; les mots prémonitoires des deux Philippe constituent le fil rouge du livre pamphlet de Philippe de Villiers, pourfendeur des mensonges, omissions, erreurs d’appréciation, mauvaises décisions qui accompagnent depuis le début la gestion de la crise sanitaire qui nous éreinte. Philippe de Villiers se défend d’avoir voulu produire un réquisitoire mais cela lui ressemble. L’auteur affirme user simplement d’un « droit de suite » en proposant « un trousseau de clés » pour rechercher les causalités. Doux euphémisme.

Points forts

-Un certain talent de conteur, une expression vivante non dénuée d’humour.

 Par exemple, le compte rendu du fameux dîner au Puy du Fou de l’auteur avec notre Président et la première dame, réunion de vieux complices, qui parait-il a ouvert les yeux d’Emmanuel Macron : moins d’Europe s’il vous plait, redonner son lustre à la France, plus de considération pour la France d’en bas. Ah, si Philippe avait été aux manettes (avec son frère Pierre, pourquoi pas ?), on n’aurait pas vu déferler les gilets jaunes. Brigitte acquiesce sobrement : « Il a raison, ça peut péter de partout » !… Du coup, notre Philippe a vu sa cote remonter auprès du chef de l’Etat, sinon la sienne propre, du moins celle du Puy, récompensé soudainement par une autorisation d’ouverture sans limites donnée par un sms présidentiel ! Au grand dam des autres festivaliers du pays.

-De la suite dans les idées mais…                                                                                                                  Le discours est clair : le diable c’est l’Europe, le monstre c’est la globalisation, l’enfer c’est… les autres, disait déjà le père de l’existentialisme. C’est un peu court, déjà vu, déjà entendu, car une fois que l’on a trouvé le coupable idéal, qu’est-ce qu’on fait, à part revenir en arrière ou virer à droite toute ?

-Le procès sans complaisance et très documenté de la gestion de la crise sanitaire. Philippe de Villiers a su remettre les compteurs à zéro, cash. L’avenir lui a donné raison, hélas.

Quelques réserves

-Philippe de Villiers prêche trop pour sa paroisse pour être entendu au-delà du cercle malgré tout restreint des purs souverainistes et de ses compagnons vendéens. D’ailleurs le titre de son essai qui nous ramène à nos ancêtres réfractaires (comme les prêtres ?) risque de ringardiser le Vicomte si sympathique par ailleurs et d’enlever du crédit à la démonstration. On peut être « résistant » sans remonter à l’âge de pierre.                      

-Le pourfendeur des progressistes fait preuve d’angélisme lorsqu’il conclut en prescrivant l’Amour comme remède au déclin et comme antidote à l’abandon des gloires anciennes « Une nation c’est un lien amoureux, la France est mon roman d’amour » conclut notre chrétien vendéen, sérieux comme un pape. Alors vive l’Amour courtois et les chansons de geste. Taïaut !

Encore un mot...

Un pamphlet vif et mordant, mené tambour battant et  facile à lire. On peut être d’accord sur le bilan assez catastrophique de la gestion de la première pandémie et apprécier le ton alarmiste qui annonce la seconde, on peut hurler avec les loups pour dénoncer l’incurie post Bachelot de nos gouvernants depuis plusieurs mandatures.

On le sera sans doute moins quant à la dénonciation de l’éternel bouc émissaire du fondateur du parti des souverainistes : L’Europe sans frontières... ou même, osons le dire, sans barrières. Quand le Vicomte enfourche ventre à terre le  cheval de l’ancien monde il se met lui-même des œillères. 

Une phrase

« Cours camarade, le nouveau monde est derrière toi. Le nouveau monde est en train de mourir du coronavirus. Les cliniciens de la parousie post historique feront mine quelque temps encore de ne pas le voir, de ne pas le croire. Ils demandent le retour du soldat Schengen qui aimait tant son espace sans frontières. Hélas pour eux, et pour leurs disciples du «no border», l’histoire est passée. On a changé de monde. L’ancien monde est de retour… le confinement a réveillé des tendresses enfouies. On cherche à retrouver l’imaginaire collectif, c’est un principe vital. Les Gaulois Réfractaires n’ont pas tout à fait perdu leurs défenses identitaires. Il y a encore, dans le tissu conjonctif, des anticorps…Nous avons besoin de nous réchauffer au feu des gloires anciennes. Nous avons besoin du Légendaire Français! »

L'auteur

Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon est un homme politique et écrivain français de 70 ans, doublement ancré dans son terroir vendéen : par son parcours politique local (Président du Conseil Général pendant 22 ans (1988-2010) et avec la création (1ère Cinéscènie à 28 ans) et la direction du Puy du Fou, réussite exceptionnelle et pérenne qui sert de modèle de spectacle vivant et patrimonial jusqu’en Russie et en Chine. Ancien élève de l’ENA, il commence une carrière de sous-préfet puis d’élu, simultanément comme député à l’Assemblée Nationale, puis comme député européen. Très engagé à droite, il s’alliera avec Charles Pasqua puis soutiendra Jacques Chirac dont il deviendra Secrétaire d’Etat à la culture Il écrit beaucoup, notamment pour défendre une certaine idée souverainiste de la France, au travers de biographies historiques : Roman de Jeanne d’Arc, Roman de Charrette, Roman de Saint Louis, le Mystère Clovis, et par des essais engagés de politique étrangère : Pour l’Europe, contre Maastricht, La machination d’Amsterdam, Pour une autre Europe. Les Gaulois réfractaires… est son trentième ouvrage. Vibrion infatigable montant sans cesse au créneau (deux fois candidat à la Présidentielle), on le surnomme  « le chouan de la culture » ou -  plus impertinent - «l’agité du bocage ».

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