Monsieur Nostalgie

Souvenirs, souvenirs…Le parfum des Trente Glorieuses à déguster absolument !
De
Thomas Morales
Héliopoles,
Publication le 8 juin 203
185 pages
17 €
Notre recommandation
4/5

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Lu
par

Thème

Une invitation au voyage. Et quel voyage ! Un voyage qui vous fera remonter le temps, dans la France des Trente Glorieuses. Quelle époque ! Thomas Morales vous emporte goûter le nectar des années pompidoliennes. Au fil de sa nostalgie, vous sillonnerez la campagne, selon vos moyens, en vespa, « deudeuche », DS ou SL ; vous flânerez dans les rues de Paris en mettant vos pas dans ceux de Léon-Paul Fargue à la recherche d’une enseigne Félix Potin ; chez Gibert, vous achèterez un vieux San-Antonio ou le dernier livre d’Alphonse Boudard, le « résistant taulard » ; passant devant un kiosque bien fourni, vous hésiterez entre un quotidien proposant une chronique d’Alexandre Vialatte ou un magazine illustré par des dessins de Sempé, avant d’acquérir les deux ; à la radio, vous entendrez des chansons de Serge Lama ou du Philosophe balnéaire Philippe Lavil ; à temps perdu, vous feuillèterez le calendrier des postes ; à la télévision, vous ne manquerez sous aucun prétexte les sketches signés Topor réunissant Philippe Khorsand et Eva Darlan dans Merci Bernard, vous retrouverez le dimanche Denise Glaser et son Discorama, en semaine les dramatiques de Claude Barma – Belphégor – Jean Prat – L’Espagnol - ou Marcel Bluwal,  en mai, vous écouterez Jean-Paul Loth commenter Roland-Garros, en juillet, vous  suivrez l’étape du jour du tour de France avec Robert Chapatte et, le lendemain, vous en lirez le compte-rendu écrit par Antoine Blondin dans L’Equipe – Blondin qui faisait figurer sur ses notes de frais « verres de contact » pour justifier, non ses visites chez l’opticien, mais les verres qu’il offrait généreusement à ses « contacts » au bistrot ; vous entrerez enfin dans des salles de cinéma pour y voir les nouveaux films de Lautner, Truffaut, Delville, Sautet ou Broca, « l’aristocrate de la comédie sautillante », avec, en tête d’affiche, Blier, Bourvil, Ventura, Carmet, Bouquet, Denner, Ceccaldi, Noiret, Marielle, Bebel, Delon, Romy, Deneuve ou Ardant.  Quel casting !

Points forts

 Le style ! Moralès est un écrivain, un vrai. Il cultive comme personne l’art du portrait. Ses phrases sont travaillées, ciselées, elles ont le sens du rythme, le son d’une ballade. Sous sa plume, les souvenirs jaillissent à la pelle. Le plus étonnant est sa date de naissance : 1974 ! Morales nous parle d’une époque qu’il a à peine connue, il réussit l’exploit de réunir des souvenirs qui, pour certains, datent de bien avant sa naissance. Là est le miracle de l’écriture, là est le talent, car il sait en extraire tout le parfum. Morales, c’est notre Madeleine de Proust !

Quelques réserves

 Une telle énumération de souvenirs comporte bien entendu le risque d’une certaine inégalité entre eux. Mais, s’agissant de l’évocation des acteurs et des actrices qui ont marqué leur temps, l’impression de tourner un peu les pages d’un catalogue disparaît vite grâce à ceux, particulièrement Ventura, Romy Schneider et Fanny Ardant, pour lesquels l’auteur sait trouver les mots de la passion qui sonnent juste.

Encore un mot...

Dégustez ce livre page à page. Ne le lisez pas d’une traite ! Trop de bonne chère, vous risqueriez l’indigestion. La nostalgie prend son temps …

Une phrase

 “ Ma France à moi avait l’accent de Darrigade, l’œil charbonneux de Maurice Ronet, la mine rabelaisienne de Jean Carmet, la peau satinée de BB, la douleur enfouie de Reggiani, la voix enrouée de Claudia Cardinale, l’angoisse de Charles Denner et les cavalcades de Philippe de Broca, les ballets des DS et des 404 sur la route des vacances, le coq au vin de ma grand-mère, les illustrés de Goscinny, le swing de Nino Ferrer et la profondeur de Michel Delpech, les coteaux enneigés de mon Sancerrois et les éditos de Mauriac, la liberté de Claire Brétécher et les vestes éclatantes de Michou, le saxo de Manu Dibango et la douceur de Claude Jade. Cette France me manque. Je ne guéris pas de cet abandon-là.”(p. 58)

L'auteur

Thomas Morales est écrivain, chroniqueur à Schnock, Causeur et au Figaro. Il a reçu en 2022 le prix Denis Tillinac pour son précédent ouvrage Et maintenant, voici venir un long hiver …

Lire également la chronique sur Ma dernière séanceainsi que la chronique consacrée au coffret Audiard.

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