Un Été d'espoir et de sang, chronique de cinquante jours, 20 juin - 10 août 1792

Une plongée bouleversante dans les espoirs et les déchirements de 6 mois vertigineux
De
Pierre-Louis ROEDERER
Présentation et notes de Thierry LENTZ. Ed. Perrin, 432 pages, 25 €
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Le dernier été de l'Ancien Régime.

La Chronique de Pierre-Louis Rœderer court de la première invasion des Tuileries, le 20 juin 1792, à la journée du 10 août suivant, celle de l'assaut final du Palais, du massacre des Suisses et de la suspension du roi, bientôt enfermé au Temple.

Proche politiquement de La Fayette et des Girondins, Rœderer est un révolutionnaire modéré, défenseur de la monarchie constitutionnelle.

Etant procureur général syndic du département de Paris à cette époque-là, il contrôle la bonne application des lois constitutionnelles. Il assiste à toutes les réunions de l'assemblée départementale et de son directoire et doit donner son avis consultatif sur tous les dossiers. Il est habilité à communiquer directement avec l'exécutif et le législatif, mais il n'a aucune autorité sur l'utilisation de la force publique pour maintenir l'ordre.

Certes, il est au cœur des évènements mais il n'est rien d'autre qu'un défenseur formel de la légalité.

Pendant la nuit du 9 au 10 août, le tocsin retentit. Les sections parisiennes marchent à l'assaut des Tuileries.

Rœderer va auprès de la famille royale et décide de la mettre à l'abri à l'Assemblée législative.

Le 10 août, le roi est suspendu et une Commune insurrectionnelle prend le pouvoir municipal parisien.

Dans sa Chronique, Rœderer raconte en détail les discussions, les débats de ces cinquante jours qui voient la montée des extrêmes, la manipulation des sections populaires, la division des modérés, la politique du pire menée par la cour et l'effondrement de la monarchie.

Points forts

  • Un récit précis, documenté et vivant, sensible, éloquent.
  • L'immense talent de ces orateurs de la fin du XVIII ième siècle qui, même au débotté et dans le tumulte des séances à l'Assemblée, argumentent et articulent leurs discours avec rigueur et élégance.
  • L'intérêt de connaître plus subtilement les arguments politiques des partisans de la monarchie constitutionnelle. En effet, peu d'études historiques approfondies concernent cette frange révolutionnaire modérée et vaincue le 10 août 1792.
  • La présentation et l'appareil critique de Thierry Lentz.
  • Les annexes : principales institutions citées ; repères chronologiques ; Rœderer après 1792 ; index des noms de personnes.

Quelques réserves

  • Je n'en vois aucun.

 

Encore un mot...

Une plongée bouleversante dans les espoirs et les déchirements de ces jours vertigineux.

Et aussi, un recueil de Catilinaires et de Philippiques...l'éloquence de l'Antiquité !

Une phrase

Ou plutôt deux:

  • - « Mon livre n'apprendra rien aux brouillons, heureusement peu nombreux, qui semblent désirer le renversement de nos institutions ; mais il fera connaître leurs manœuvres aux bons citoyens qui les ignorent, et toutes les conséquences qu'elles entraînent à ceux qui n'en sentent pas la portée. » P. L. Rœderer
  • - «  C'est ce que Rœderer décrit dans sa Chronique. Celle-ci constitue le témoignage le plus précis des évènements. Elle a d'ailleurs souvent servi de point d'entrée aux historiens de l'année 1792. On y observe la guerre des pouvoirs, remportée ici – et comme toujours – par celui qui gagne le monopole de la force organisée. On y apprend comment s'opère concrètement une révolution à la tribune, dans les sections parisiennes, dans la presse et dans la rue, sans oublier les Tuileries, où l'auteur se rendit aux moments les plus chauds. » Thierry Lentz

L'auteur

  • Pierre-Louis RŒDERER (1754-1835) rédigea et publia sa Chronique au début de la monarchie de Juillet, en 1832.
    Rœderer eut une carrière singulière, trop méconnue des amateurs d'Histoire. Avocat, conseiller au Parlement de Metz, penseur, écrivain prolixe, il fut tour à tour député à la Constituante, procureur général syndic du département de Paris, membre de l'Institut, conseiller d'Etat et sénateur sous le Consulat et l'Empire, ministre du royaume de Naples et du grand-duché de Berg et enfin pair de France sous la monarchie de Juillet.
    Témoin et acteur des moments décisifs de notre histoire, dont le 18 brumaire aux côtés de Bonaparte, il écrit dans ses Mémoires :  «  J'ai passé avec Louis XVI la dernière nuit de son règne, avec Bonaparte la première du sien. »
     
  • Thierry LENTZ est directeur de la Fondation Napoléon, historien et auteur de nombreux ouvrages sur le Consulat et l'Empire.
    Son livre « Rœderer, 1754-1835 » aux éditions Serpenoise,1989, confirme l'intérêt qui devrait être plus porté à P. L. Rœderer dans les études historiques sur la Révolution et l'Empire.
    « Rœderer est un des rares hommes qui, de Louis XV à Louis-Philippe, ont été au sommet du pouvoir sans se renier » (Thierry Lentz).

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