Naples à Paris. Le Louvre invite le Musée de Capodimonte

Naples à Paris. Une somptueuse exposition en partenariat exceptionnel avec le musée de Capodimonte
Sébastien Allard : directeur du département des Peintures
Sylvain Bellenger : directeur général du Museo e Real Bosco di Capodimonte
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Musée du Louvre
75001
Paris
Jusqu’au 25 septembre 2023 : Aile Sully, Salle de la Chapelle. Jusqu’au 8 janvier 2024 : Aile Denon, Salon Carré et Grande Galerie. Ouvert tous les jours sauf mardi de 9H à 18H. Nocturne le vendredi jusqu’à 21h45
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Une trentaine de chefs d’œuvres de la peinture italienne du XVe au XVIIe siècle (Quattrocento jusqu’au Seicento) de la Collection prestigieuse du Musée napolitain de Capodimonte se mêlent harmonieusement à celles du Louvre. Elles sont dispersées dans différentes salles entre l’aîle Denon et Sully, dont une consacrée au « cartons » (dessins, estampes) à la Salle de la Chapelle. 

Cette somptueuse collection fut rassemblée dans les différents palais des Farnèse à Rome, Piacenza et Parme dont Elisabeth Farnèse fut la principale inspiratrice. Des Farnèse aux Bourbons, le dossier pédagogique de l’exposition nous éclaire sur l’historique de cette importante succession.

« Capodimonte a la particularité d’avoir été construit comme résidence et pour abriter des collections, celles de la famille Farnèse. C’est Elisabeth Farnèse (1692-1766), reine consort d’Espagne par son mariage avec Philippe V, petit-fils de Louis XIV, qui en fait don à son cinquième fils, Charles de Bourbon (1716-1788).  Ce dernier, duc de Parme, devient roi de Naples en 1734.

Au 18e siècle, le royaume de Naples, antique possession espagnole puis autrichienne, est l’enjeu de toutes les convoitises des grandes puissances européennes. L’Espagne, l’Autriche et la France se le disputent pendant les guerres de succession d’Espagne (1701-1714). Il devient, grâce à l’habileté diplomatique d’Elisabeth Farnèse un royaume indépendant gouverné jusqu’à l’Unité de l’Italie par les Bourbons de Naples, une branche cadette des Bourbons d’Espagne. » 

C’est en 1758 que l’héritier de ces successions dynastiques, Charles de Bourbon, installe toute la pinacothèque dans son palais de Capodimonte construit sur une colline dominant la baie de Naples. Outre les prodigieuses peintures italiennes, il y intègre également une collection de livres et de monnaies anciens, de précieux objets d’art, d’orfèvrerie – voir la fameuse Cassette Farnèse - et la manufacture royale de porcelaine.  

Naples acquiert le rang des capitales de l’Europe des Lumières, au même titre que Paris, Londres, Florence.

Points forts

Particulièrement remarquable, le Cabinet des Dessins et des Estampes de Capodimonte que l’on doit au bibliothécaire des Farnèse, Fulvio Orsini (1529-1600). Cette salle de dessins d’étude et de dessins préparatoires recèle des trésors de plusieurs « cartons » des deux « monstres » de la Renaissance, Raphaël (1488-1576) et Michel-Ange (1475-1564). De Raphaël, Sainte Catherine, L’Annonciation, Moïse, Dieu le Père. De Michel-Ange un fusain Groupe de soldats, destiné pour la Chapelle Pauline au Vatican et reconnu comme une de rares œuvres autographes de l’artiste. 

Attention : Cette salle fermera le 25 septembre 2023, les dessins et estampes étant plus fragiles ont une durée limitée d’exposition. 

Dans la Grande Galerie se nichent, parmi les italiens du Louvre, quelques chefs-d'œuvre de la collection de Naples : Titien (1488- 1576), Danaé, une commande du  cardinal Alexandre Farnèse, pour ses appartements. (Il existe un autre nu féminin de Titien la célèbre Vénus d’Urbino). L’artiste s'est appuyé sur toutes les nuances de la chair dorée pour modeler le corps à l’érotisme délicat. Également de Titien, le Portrait du Cardinal Alexandre Farnèse, petit-fils du pape Paul III, l’un des plus grands collectionneurs de la Renaissance posant ici en ecclésiastique.

Une Pietà lumineuse et profondément émouvante d’Annibal  Carrache (1560-1600), où l’inspiration de la Pietà de Michel-Ange à la basilique Saint-Pierre à Rome est frappante. Le Louvre a conservé une autre Pietà de Carrache postérieure à celle de Naples. Représentant de l’école bolonaise, Guido Reni (1575-1642), l’élégant et raffiné Atalante et Hippomène. Jusepe De Ribera (1591-1652) , Saint-Jérôme et l’ange du Jugement, dont on appréciera la puissance dramatique du saint. Et l’œuvre peut-être la plus remarquable de toutes, La  Flagellation de Michelangelo Merisi, dit Caravage (1571-1610) rejoint les toiles du Louvre.

Quelques réserves

Le parcours de l’exposition est quelque peu compliqué. Habituellement, on réserve un espace particulier à une exposition. Mais ici il faut trouver sa salle et ses œuvres dans différents espaces, sur plusieurs étages… On peut le trouver irritant (bien qu’il y ait un personnel charmant pour vous renseigner). Ou le considérer comme un défi et jouer au petit poucet !

Encore un mot...

Une visite s’impose ! Un condensé de chefs-d'œuvre de la Renaissance italienne que nous offre le Louvre encore pour quelques semaines, cela ne se refuse pas. Comme dit Sébastien Allard, co-commissaire de l’exposition, Il faut savourer l'instant, prendre encore son temps…

Mais pas trop, car à 17h30 les portes d’accès à la grande Galerie ferment !

Une phrase

(Extrait du FIGARO CULTURE du 18 août 2023)

«Notre idée était non seulement d'offrir aux visiteurs un moment exceptionnel marqué par l'alliance de deux des plus prestigieuses collections du monde, indique Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du Musée et co-commissaire général, mais aussi de nous conduire à porter un regard critique sur la façon dont on présente, ici, la peinture italienne, d'interroger le discours que nous portons sur elle, de mieux mettre en évidence les forces et les limites de notre collection.» Les forces, elles existent évidemment en nombre. En témoigne le fascinant lot de toiles vénitiennes du XVIe siècle appartenant au Louvre, avec Véronèse ou Le Titien en tête d'affiche. Les faiblesses ? Par exemple, la sous-représentation du XVe siècle comme Giovanni Bellini, dont cette fascinante Transfiguration dans l'espace nouvellement créé comble un indéniable vide.

L'auteur

Outre ces grands noms de la Renaissance italienne mentionnés plus haut, venant de Capodimonte, on peut souligner quelques figures emblématiques du XVe siècle (Quattrocento) peu représentées au Louvre. Citons un fameux artiste de Florence, Tommaso di Giovanni Cassai, dit Masaccio (1401-1428) qui élabore un langage novateur, l’introduction de la perspective et l’expression des émotions. En atteste sa Crucifixion sur panneau, peinte l’année de la mort de l’artiste. Sur fond d’or, une infinie émotivité se dégage des personnages entourant le Christ. Michel-Ange y a trouvé une source d’inspiration. 

Autre artiste majeur du XVe siècle italien, Giovanni Bellini (1430-1516). Le prêt exceptionnel de la Transfiguration de Capodimonte peut être considéré comme une des plus ambitieuses œuvres de l’artiste vénitien. 

De Colantonio (actif à Naples vers 1440-1470), deux de ses panneaux les plus importants sont ici, Saint Jérôme dans son cabinet et Saint François remettant la règle à ses disciples. Il est considéré comme peintre napolitain le plus important du début de la Renaissance (Quattrocento). Sa peinture témoigne de la forte l’influence d’artistes flamands à l’époque. 

Francesco Mazzola, dit Parmesan (Parmigiano) (Parme1503-1540), Portrait de jeune femme, dite Antea. Une allégorie de la beauté idéale. Son expression impénétrable, son regard intense, sa haute silhouette droite, font de ce portrait un modèle caractéristique de la Renaissance. D’ailleurs il a été choisi pour l’affiche de l’exposition.

Commentaires

Pierre Four
mar 23/04/2024 - 16:27

Bel univers artistique. Partons à Naples tout de suite…

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