La Prophétie des abeilles

De
Bernard Werber
Albin Michel
Parution le 29 septembre 2021
581 pages
22,9 €
Notre recommandation
2/5

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Thème

Les mythes antiques associent la naissance et le développement de nos civilisations à la vie et à la survie des abeilles. René Tolédano, hypnotiseur à ses heures, au cours d'une démonstration spectacle, va déclencher une réaction en chaîne. Sa vie va être bouleversée parce qu'il entrouvre les portes de l'avenir - et cet avenir est apocalyptique car les abeilles ont disparu. Comment intervenir sur ce futur annoncé ? Par des séances d'hypnose régressive, il va rechercher ses “anciens lui-même", qui, puisqu'il a lui-même ouvert une porte sur l'avenir, pourront peut-être l'aider à comprendre la chaîne d'événements qui conduiront à cette catastrophe annoncée.

Il se découvre templier sous les murs de Saint Jean d'Acre et de Jérusalem, auteur involontaire de la Prophétie des abeilles, livre secret détenu par les moines soldats et convoité par les puissants car il prédit … l'avenir. Avec ses compagnons du présent (le Président de la Sorbonne, et sa fille, historiens et archéologues), en les entraînant dans ses voyages dans le temps et dans l'espace (de Jérusalem à Chypre pour revenir à la Sorbonne) il va essayer de retrouver la trace de ce  livre sacré et d'en lire le dernier chapitre, qui permettra peut être, de sauver les abeilles et le monde.

Points forts

Ce roman propose un sujet et un mode de voyage dans le temps originaux, sur fond de logique quantique et de paradoxe du chat de Schrödinger- qui énoncent (pour faire simple) que l'observation d'un phénomène, dans certaines conditions, ne permet pas de décider de façon certaine qu'il s'est produit ou non. 

Bien sûr il y est question d'abeilles, et de frelon (asiatiques), de croisades, d'ordres religieux, de rois, de sultans, du destin des templiers et de l'implacable réalisme politique de Philippe IV, dit "le Bel", qui fit dissoudre l'ordre des templiers sous prétexte d'hérésie - et surtout pour ne pas rembourser la dette contractée auprès d'eux. 

Il y est aussi question de tolérance inter-religieuse, de ses riches heures et de ses malheurs au cours du Moyen Age et selon les continents -les musulmans et l'Islam politique ayant été à l'époque un foyer de tolérance et de culture plus stable que l'occident chrétien et ses pogroms.

Il est enfin question, dans le style des apartés cher à Bernard Werber, du destin du peuple d'Israël, d'Akhenaton, inventeur du monothéisme, aux origines de la Kabbale (pas tout à fait étranger au sujet du roman) de la naissance du christianisme et de l'écriture du Nouveau Testament, de la conscience d'une terre "promise", de l'occupation romaine à celle de la Palestine - sujet abordé en courts chapitres et quelques révélations étymologiques dénuées de tout esprit de chapelle !

Quelques réserves

Il y a dans La Prophétie des abeilles un peu de l'esprit du Da Vinci code de Dan Brown. Pour autant, la recherche d'une prophétie qui peut bouleverser ou sauver le monde, par hypnoses régressives et personnages qui s'incarnent précisément dans les protagonistes nécessaires à la poursuite de l'intrigue - cela tient à un miracle - improbable -auquel je n'ai pas adhéré. 

Et il n'est pas non plus très positif de constater que la description d'un mouvement nationaliste Turc (les Loups gris) est la reprise, mot pour mot et dans l'ordre d'une définition de wikipédia. On peut toujours penser que c'est le site internet qui s'est inspiré du roman, mais cela s'additionne aux autres "improbables" de cette histoire.

Il est dommage qu'il y soit assez peu question des abeilles, bien qu'on en apprenne un peu sur leurs qualités assez remarquables. Si ce sujet vous intéresse, lisez L'Abeille (et le) Philosophe, de Pierre Henri et François Tavoilllot, c'est passionnant et même drôle.

Encore un mot...

Bernard Werber est un conteur original et intéressant. Beaucoup se souviennent de sa trilogie sur les fourmis, qui vous font éviter de marcher sur leurs colonnes quand vous en croisez ! Mais La Prophétie des abeilles, positif dans son refus de la fatalité, répétitif par ses voyages rétrogrades dans le passé des personnages, m'a paru plutôt décevante, d'une écriture sans âme et sans flamme. Bien sûr, on a envie d'aller jusqu'à la fin, mais même à ce niveau, le dénouement reste improbable dans la forme et dans le fond. 

Ce roman fait suite à La Boîte de Pandore, qui relate des expériences d'exploration de vies antérieures -roman que je n'ai pas lu. De ce fait, celles et ceux qui seront passés par la case "Pandore", et autres romans de Werber sur ce thème, apprécieront peut être davantage cette aventure et sa philosophie "fictionnelle".

Cela dit, il serait bien utile de trouver un moyen de combattre l'expansion des frelons asiatiques, exterminateurs d'abeilles comme leurs homologues européens, mais en pire. C'est peut être une vertu cardinale de ce roman !

Une phrase

- Dites moi, Alexandre, vous qui connaissez tout sur le Moyen Âge, avez-vous entendu parler des prophéties de Salvin de Bienne ? 

Une ride de contrariété barre soudain le front de Langevin.

- Salvin de Bienne dis tu ? Non, jamais entendu parler. Pourquoi ?

J'aurais au moins connu une fois la satisfaction de citer un nom qui ne lui évoque rien.

- Un ami m'a conseillé de m'intéresser à lui. Salvin de Bienne a écrit un texte intitulé La Prophétie des abeilles. Il s'agirait d'un chevalier croisé qui aurait participé à la prise de Jérusalem en 1099 et qui aurait écrit des prédictions au sujet du futur jusqu'à l'an 2101. (p. 75)

(Et un petit clin d'œil pour faire écho à la philosophie de Culture-Tops ! )

- Vous savez, les critiques parisiens sont des moutons de panurge : si l'un dit du bien ou du mal d'un livre, tous les autres le suivent. Vu que la plupart des membres de ce petit monde eux non plus n'ont pas le temps de lire, il suffit que l'un donne un avis pour qu'ils aient tous le même. Cela explique d'ailleurs que les meilleurs comme Edgar Poe, Herman Melville, Franz Kafka, Emily Brontë ou Boris Vian n'aient jamais été détectés par les critiques contemporaines et n'aient connu la gloire qu'après leur décès. (p. 88)

L'auteur

Bernard Werber est un ancien journaliste scientifique et un romancier français très prolixe ! Il a fait du décodage de nos mythes et légendes, de nos représentations stéréotypées, de notre vie psychique, une marque d'identité forte. La Trilogie des fourmis (premier roman publié en 1991) le rend célèbre. Il explore ensuite de nombreux thèmes, dont les frontières de la vie, l'ésotérisme, les expériences "extraordinaires", publie aussi une trilogie des chats. Vendus à plus de 20 millions d'exemplaires et traduits en 35 langues, ses romans marient sciences exactes et occultisme, histoire et mythologie, biologie et animisme. Amateur de science-fiction, il s'intéresse aux mondes futurs, à l'irrationnel, qu'il considère comme des données objectives de notre quotidien.

Depuis 1991, il a écrit plus de 40 livres, nouvelles, bandes dessinées, scénarios etc.

Il est, avec Marc Levy, un des auteurs français contemporains les plus lus dans le monde. 

Sur Culture-Tops, plusieurs chroniques sont consacrées à ses ouvrages : 

L'encyclopédie du savoir relatif et absolu, très représentatif de l'originalité de sa façon de penser le monde.

Le Sixième sommeil.

Nos amis les humains.

Demain les chats.

Commentaires

Karim Bouda
lun 09/01/2023 - 00:14

Je lis son roman qui est facile à lire mais tout de même rempli de lieux communs et de dialogues aberrants tels les questions historiques que se posent ses protagonistes principaux qui sont sensés être des historiens universitaires et qui échangent des connaissances très basiques comme si elles les découvraient.
Les effets de styles sont ainsi enfantins parfois.
La lecture reste tout de même divertissante, un peu du niveau d'une série moyenne " Netflix"...

Henry FLECHER
lun 08/05/2023 - 20:08

Par bonheur je n'ai pas acheté ce livre assommant: on m'en a fait cadeau; et comme on ne jette pas les cadeaux il n'a pas fini à la poubelle, ce qui est pourtant sa place.
Objectivement: Werber avait écrit un bouquin sur les fourmis, difficile à avaler mais instructif finalement. Du coup j'ai cru celui-ci susceptible d'enrichir mes connaissances.
Or tant l'histoire, grotesque et dérisoire, que les personnages, inexistants tant ils sont dénués de personnalité, tout dans ce long plaidoyer bobo parisianiste, écolotyrannique, gorgé de lieux communs bien pensants et bêtes à pleurer, m'a porté sur le nerfs de façon prodigieuses.
C'est un produit - d'après l'aveu de l'auteur - recommencé à douze ou treize reprises, et je pense qu'il aurait fallu l'abandonner.
Mais l'auteur a dû recevoir une avance d'Albin Michel et des encouragements de Claude Lelouch et autres iconoclastes de service et le livre est sorti, sponsorisé au maximum !
Pour moi ce bouquin mal pensé mal écrit devait être interdit aux plus de 7 ans.

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