Suite Armoricaine

La Bretagne racontée, chantée, de père en fils de 1910 à nos jours
De
Yann et Henri Queffélec
Le Cherche Midi
Parution le 1er juin 2023
500 pages
21 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

La Bretagne, la Bretagne, la Bretagne… racontée, chantée, de 1910 à nos jours par deux écrivains, le père et le fils, l’un né à Brest bien sûr, l’autre bêtement à Paris près de quarante ans plus tard alors qu’il aurait dû naître lui aussi au bord de la rade un soir de pluie, de vent d’ouest et de ciel turbulent. Henri, le père, raconte ses enfances bretonnes (mémoires d’enfance), Yann, le fils expatrié, ne peut parler que de ses étés bretons (miroirs d’enfance) mais leurs deux textes réunis retracent l’évolution de cette province tout au long du XXe siècle, depuis les fêtes carillonnées et les paysannes en coiffe jusqu’aux touristes envahissants et leurs villas sans âme.

Points forts

 L’intérêt de deux visions, deux styles, deux époques : 

  • Henri, dont le père, officier d'artillerie de marine né en 1860 à Brest, est mort pour la France lors de la bataille de Verdun, est élevé par des femmes, sa mère et sa grand-mère maternelle, P’tit Gwède qui a grandi elle-même dans le presbytère de son oncle curé. Il est de ce fait un peu le centre du monde, extrêmement religieux et n’a pas connu autre chose que la Bretagne bretonnante jusqu’à la fin de ses études. Il décrit donc le Pont-Aven de Botrel et de Gauguin alors qu’il est cerné par un « consortium de veuves de guerre » (incidemment, on touche du doigt le nombre de veuves qu’a fait la Guerre de 14-18)
  • La nostalgie de Yann se cantonne aux maisons de famille où l’on retrouve chaque année cousins et cousines au cours des étés des années cinquante ou soixante et il faut avoir vécu ces enfances-là pour apprécier à leur juste valeur les évocations de l’auteur.

Quelques réserves

 Le style d’Henri, assez daté, manque de fluidité et l’accumulation des termes et des lieux bretons peut dérouter. D’autre part, son texte assez égocentré présente parfois un intérêt mitigé pour un lecteur qui n’a pas les mêmes raisons que son fils de se passionner pour le Grand écrivain en gestation.

Encore un mot...

Il ne faut pas oublier la façon assez détestable dont Henri Queffélec a encaissé le roman de son fils Les noces barbares qui venait de recevoir le Goncourt en 1985. Yann n’en a que plus de mérite à avoir écrit L’homme de ma vie (voir lien ci-dessous) en hommage à ce père insolite et à persister en publiant cette Suite armoricaine dont les trois quart sont de la plume d’Henri. Un amour filial de cette qualité mérite d’être souligné.

Une phrase

 (de Yann Queffélec)
“ La Bretagne habite à la maison, prend ses repas avec nous, parle du temps présent, du temps passé. Quand elle a planté ses menhirs sous les étoiles, quand la ville d’Ys a coulé devant la pointe du Raz, quand elle s’est battue sur la mer avec les Romains et que tout son or est parti au fond de l’eau. Quand la duchesse Anne était sa reine et que tous les rois d’Europe venaient se prosterner à Nantes.” P.375

L'auteur

Ou plutôt les auteurs

Henri Queffélec, né en 1910 à Brest et mort en 1992, est un écrivain et scénariste français fort de plus de 80 livres, dont beaucoup ont été inspirés par sa Bretagne natale et par la mer, comme Un recteur de l'Île de Sein (1945) qui a été porté à l’écran par Jean Delannoy sous le titre Dieu a besoin des hommes (1950).

Son fils, Yann Queffélec, de son vrai prénom Jean-Marie, né à Paris en 1949, est également un romancier de la mer et de la Bretagne, doublé d’un biographe (Béla Bartok, Tabarly) et d’un scénariste (Florence Arthaud). Il a reçu le Goncourt en 1985 pour Les noces barbares.
Culture-Tops a chroniqué L'homme de ma vie.

 

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