La nostalgie des blattes

Dérisoire, drôle et désespéré
De
Pierre Notte
Durée : 1h10
Mise en scène
Marylin Pape
Avec
Marylin Pape, Eulalie Delpierre
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

La Manufacture des Abbesses
7 rue Véron
75018
Paris
01 42 33 42 03
Du 23 août au 14 octobre, les mercredis, jeudis, vendredis et samedis à 19h, puis en tournée.

Thème

  • Deux septuagénaires sont assis côte à côte, en petit tenue. Elles sont les ultimes vraies vieilles d’un monde sans tabac ni gluten ni sucre ni sel, car la brigade sanitaire rode …
  • Leurs corps ont subi les effets du temps, sans avoir eu recours aux effets du collagène, du bistouri ou du Botox.
  • Et elles attendent, en sachant bien que personne ne passera plus. Alors elles se battent pour continuer à exister, pour garde leur place, préserver leur pré carré.
  • Elles se déchirent et se détestent, mais finissent par s’unir et peut-être même se lèveront-elles pour quitter ce monde aseptisé où elles en viendraient à avoir la nostalgie des blattes …

Points forts

  • Il en faut du culot et de la confiance en soi, en son personnage et son texte pour s’exhiber en petit tenue, fût-ce sut une scène de théâtre. Les deux comédiennes font vite oublier ce malaise qui s’empare de nous lors des premières minutes du spectacle.
  • Car très vite, nous sommes touchés par leur humanité, leur vérité et leur capacité à se présenter à nous ainsi décomplexées. Assises chacune sur sa petite chaise, elles déroulent les raisons qui les pousseraient à se détester et se rejeter, avant de faire bloc tout naturellement contre une forme de barbarie qui repousse les “vieux“ à l’extérieur de notre monde.
  • Il y a dans ce duo un peu des Vamps (en moins caustiques) ou des Deschiens (en moins barré), mais elles construisent mot à mot un univers bien à elles grâce au texte de Pierre Notte, toujours très inspiré pour dénoncer les maux de notre monde déshumanisé.

Quelques réserves

  • Le contrecoup de ces points forts réside dans cet univers qui vient nous percuter parfois douloureusement. On pourrait s’imaginer dans un EPHAD, où nos deux vieilles seraient livrées à elle-même, mises au ban de la société, condamnées à errer seules dans un univers qui les rejette. Malgré des mots simples, c’est violent !

Encore un mot...

  • Deux personnes âgées au théâtre, c’est assez rare pour être souligné ! C’est que la question du vieillir, sans pudeur, en acceptant la décrépitude des corps et la perte de toute vie sociale, n’est pas forcément très “vendeur“. Mais leur fierté à être ce qu’elles sont nous émeut infiniment.

Une phrase

- « Vous vous grattez, vous faîtes comme ça.
- Ça me démange, je me soulage.
- Mais qu’est-ce qui vous démange ?
- Depuis que vous êtes là, ça me démange.

- J’ai contribué à la représentation du monde par ces représentations poétiques … bordel de chiottes !
- Elle a fait le trottoir toute sa vie sans baisser sa culotte. »

L'auteur

  • Pierre Notte est auteur, compositeur et metteur en scène, mais aussi journaliste, écrivain, pédagogue. Il intervient également dans les collèges et les lycées.
  • Il a mis en scène La Ronde de Schnitzler dès 1990 et, depuis, un grand nombre de pièces, dont ses propres créations.
  • Il a fondé sa compagnie, Les Gens qui tombent en 2013. Chevalier dans l’ordre des arts et des lettres, il a reçu de nombreux prix et distinctions.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche

Théâtre
La peur
De
D’après la nouvelle de Stefan Zweig (librement adaptée)
Théâtre
Come Bach
De
Anne Baquet (voix), Claude Collet (piano), Amandine Devant (contrebasse), Anne Régier ou Ariane Baquet (hautbois et cor anglais)
Théâtre
Majola
De
Caroline Darnay