Tango y tango

Il y a tango et tango
De
Santiago Amigorena et musique de Philippe Cohen Solal
Durée : 1h20
Mise en scène
Marcial di Fonzo Bo
Avec
Mauro Caiazza, Rebecca Marder, Rodolfo de Souza, Julio Zurita, Cristina Vilallonga
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond Point
2bis av. Fr. Delanoe Roosevelt
75008
Paris
01 44 95 98 21
Jusqu’au 27 mai, tous les jours à 20h30

Thème

  • Dans une milonga – sorte de bar à tango – située quelque part dans Buenos Aires, une jeune fille, sans doute venue de France, cherche à comprendre cette danse, et par là cette Argentine d’où vient son père qui jadis a fui la dictature.
  • Au fil de sa fréquentation de l’établissement, elle assiste aux séquences de danse menées par quatre couples de jeunes gens et fait la rencontre de Juan, un mystérieux client, qui fréquente cette milonga, où il « tente de se souvenir pour oublier…»

Points forts

  • Evidemment, les prestations des couples de tango (Sabrina Amuchastegui, Fernando Andrès Rodriguez, Estefania Belen Gomez, Eder Burger et Sabrina Nogueira), qui nous font goûter les différentes variantes du tango. De l’aficionado au plus parfait néophyte, tous trouveront ici à se régaler du festin offert par le chorégraphe Matias Tripodi. Sa troupe, vivante et virtuose, fait parfaitement sentir au public qu’avec le tango, « on ne cesse de danser, jusqu’à l’épuisement des corps » (Marcial di Fonzo Bo).
  • Le cadre de la milonga est bien pensé, qui permet au récit de s’écouler, aux danseurs de s’exprimer, et à la circulation latérale, diagonale et en profondeur de s’opérer harmonieusement.
  • L’accompagnement musical, remarquable, tient à juste titre un rôle essentiel : le “bandeoniste“ Victor Villena et la violoniste Aurélie Gallois oscillent entre les interprétations traditionnelles et des audaces plus modernes, rappelant le Gotan Project. Cela n’a rien d’étonnant, puisque Philippe Cohen-Solal, fondateur de ce groupe de tango électronique, a réalisé la conception musicale du spectacle, et sa chanteuse Cristina Vilallonga assure avec son brio et sa sensibilité coutumières le lien entre les deux époques musicales du tango.

Quelques réserves

  • Il est bien dommage que la mise en scène du spectacle cède aux “péchés mignons“ du théâtre actuel : le recours systématique à la vidéo et au voile. Si certains passages filmés sont essentiels à la compréhension du parcours de Juan, d’autres, qui captent des scènes de la rue sont visuellement quelconques, alors qu’ils tiennent une place disproportionnée dans le dispositif visuel de la pièce. L’artifice du voile, bien présent, tente d’être contourné par un rideau finement lamé pouvant être franchi par les danseurs quand ils viennent prendre le devant de la scène. Il n’en reste pas moins que lorsque les images animées sont projetées sur ce rideau d’avant-scène et qu’elles dissimulent l’évolution des danseurs virtuoses évoluant à l’arrière-plan, le gâchis est considérable et la frustration du public à l’avenant !
  • Rebecca Marder, qui interprète Jeanne, la-jeune-Française-à-la-recherche-du-sens-du-tango-et-donc-de-ses-racines-familiales, n’est pas vraiment à son avantage dans Tango y tango. La comédienne, au pedigree et au parcours pourtant impeccables, se déplace ici de manière peu assurée, alors qu’autour d’elle tout n’est que légèreté et virtuosité. Son texte, qu’elle interprète sans grande conviction, est saturé de poncifs et de ponts-aux-ânes ; le compositeur lui fait chanter des textes passablement niais, et elle souffre en permanence la comparaison avec “la Vilallonga“…
  • L’intrigue relatée est somme toute assez convenue et prévisible, même si elle comporte certainement des éléments biographiques d’Amigorena, de sorte qu’on suit paresseusement la rencontre entre Juan et Jeanne (clin d’œil appuyé), incarnations respectivement des voix du passé et du  présent.

Encore un mot...

  • Tango y tango évoque ce qui fait de cette danse et de sa musique une culture et une spécificité argentines : « pensée triste » liée au déracinement, mixité des influences (les « grands-mères » du tango sont andalouses, siciliennes, juives, africaines), multiplicité des déracinements d’un peuple largement composé d’immigrés européens de toutes provenances, puis rejeu des départs lors de la sanglante dictature militaire, de 1976 à 1982.
  • C’est bien une sorte de « blues blanc », qui chante et danse la faiblesse et la fragilité des hommes, ballotés au fil de leurs échecs amoureux.

Une phrase

« Raconte-moi ton échec, dis-moi ta punition. »
(extrait du premier morceau interprété par Roberto Goyeneche et l’orchestre

L'auteur

  • Santiago Amigorena, natif d’Argentine, a vécu dans ce pays et en Uruguay, avant de se fixer en France en 1973. Il produit depuis de nombreux scenarii, notamment avec Cedric Klapisch (Le péril jeune, Ce qui nous lie, Deux moi, En corps), passe à la réalisation pour quatre films (de Quelques jours en septembre en 2006 qui se situe à la veille des attentats du 11 septembre 2001, au Printemps, en 2017).
  • On lui doit aussi une demi-douzaine de romans, qui s’échelonnent de 2009 (1978) à 2021 (Le Premier exil).

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